Après "Le Déjeuner du 15 Août" (2008 - Prix Luigi De Laurentiis du Premier Film à la Mostra de Venise), "Gianni et les Femmes" (2011) et "Bons à Rien" (2014), le réalisateur-scénariste-acteur Gianni Di Gregorio revient avec un projet dont l'idée lui aurait été soufflé par Matteo Garrone avec qui il a collaboré en signant le scénario de l'excellent "Gomorra" (2008) : "C'est lui qui m'a suggéré d'écrire un film sur les italiens à la retraite qui projettent de partir à l'étranger pour vivre un peu mieux, dans un pays où la vie serait meilleur marché. "Tu dois le faire, me disait-il, après tout, les vieux, c'est ta spécialité !" C'est une vrai phénomène, beaucoup de retraités en parlent, beaucoup veulent partir au Portugal, plusieurs milliers d'italiens sont déjà partis". Le cinéaste co-signe le scénario de son film avec Marco Pettenello qui a notamment signé les scripts des films "La Petite Venise" (2011) et "L'Ordre des Choses" (2018) tous deux de Andrea Segre. Précisons que le film a été tourné en 2018, sortit en salles en Italie fin 2019, le reste du monde a suivi dans la cacophonie 2020... Deux amis retraités, le professeur qui a enseigné le latin et la littérature, et Giorgetto qui touche le minimum vieillesse après une vie de farniente, se disent que pour vivre mieux la solution serait peut-être de partir sur une île paradisiaque. Ils sont rejoint par Attilio, antiquaire bohème pas encore à la retraite mais qui semble séduit par le projet. Tout à coup, le projet s'organise soit trouver l'endroit idéal, trouver les finances, prévoir son départ, faire ses adieux... etc...
Le trio d'anciens est mené logiquement par le réalisateur lui-même, Gianni Di Gregorio dans le rôle du professeur, il a écrit sans acteurs en tête avant de choisir deux acteurs lors d'essais malgré le statut de ces deux acteurs pourtant connus : "on est allés dîner plusieurs fois pour parler du film et à chaque fois on se racontait nos vies, on finissait ivres, on avait parlé de tout sauf du film. Ce sont deux acteurs très connus en Italie, des comédiens de théâtre". Donc l'ami dilettante est joué par Giorgio Colangeli vu entre autre dans "Le Dîner" (1998) de Ettore Scola, "Il Divo" (2008) de Paolo Sorrentino et "Fiore Gemello" (2018) de Laura Luchetti, le 3ème est interprété par Ennio Fantastichini vu notamment dans "Ferie D'Agosto" (1996) de Paolo Virzi, "La Cerise sur le Gâteau" (2012) de et avec Laura Morante et "Une Famiglia" (2017) de Sebastiano Riso ; ce dernier aura malheureusement pas le bonheur de voir la sortie du film, l'acteur meurt prématurément fin 2018. Dans les seconds rôles on remarquera surtout l'acteur Roberto Herlizka vu dans des films aussi divers que 'Buongiorno, Notte" (2003) et "La Belle Endormie" (2012) tous deux de Marco Bellocchio, "La Grande Bellezza" (2013) et "Silvio et les Autres" (2018) tous deux de Paolo Sorrentino, mais aussi en France dans "Le Fils Préféré" (1994) de Nicole Garcia ou "Les Démons de Jésus" (1997) de Bernie Bonvoisin. Citons deux belles italiennes, Galatea Ranzi vue dans "Caterina va en Ville" (2003) de Paolo Virzi et "La Grande Bellezza", puis Daphne Scoccia vue dans "Fiore" (2016) de Claudio Giovannesi et "Niente di Serio" (2017) de Laszlo Barbo. N'oublions pas le personnage du migrant joué par le nommé Salih Saadin Khalid, qui est réellement migrant lors du tournage et dont la conclusion du film lui arrive réellement dans la vraie vie à l'issu du tournage...
Pour ceux qui ont vu les films précédents du cinéaste, on retrouve un la même recette soit Di Di Gregorio se mettant en scène en vieux romain plus ou moins philosophe. Si le sujet central semble être les retraités qui veulent partir pour une fin de vie plus confortable le récit en fait vite le tour avec une bonne dose de démago et une grosse dose de film sur l'amitié, simplement. La quête de bonheur, la préparation du voyage sont intéressants et offre quelques séquences savoureuses allant du choix de la destination à la recherche de fond financier en passant par l'apprentissage de la langue. Certains passages ne manquent pas d'émotion comme celle du professeur qui doit vendre ses livres. Mais le voyage devient vite secondaire, en effet, la pauvreté est parfois un mot galvaudé qu'il faut remettre à sa place, d'où le second rôle du migrant loin d'être anodin pour au final savoir accepter (sans doute ?!) son bonheur tel qu'il est. Finalement les trois hommes sont juste en pleine lubbie, un instant de vie qui leur permet de s'occuper et de rêver un temps. Trois hommes touchants, incarnés par trois acteurs fabuleux dont on sent la jolie osmose entre eux. Mais le rythme est quelque peu monotone, sans envolée ni dans les dialogues trop sages, ni dans les rebondissements un peu alimentaires. 1h30 de tergiversations sympathiques avec en prime un beau morceau d'Italie, mais cela manque un peu d'entrain dans ce film un peu trop emphatique. Néanmoins, loin d'être désagréable, les trois bonhommes restent assez intéressants pour nous mener jusqu'à leur ultime apéro.
Note :
