Synopsis :
Vivant à Boston, Martha et Sean Carson s'apprêtent à devenir parents. Mais la vie du couple est bouleversée lorsque la jeune femme accouche chez elle et perd son bébé, malgré l'assistance d'une sage-femme, bientôt poursuivie pour acte de négligence. Martha doit alors apprendre à faire son deuil, tout en subissant une mère intrusive et un mari de plus en plus irritable. Mais il lui faut aussi assister au procès de la sage-femme, dont la réputation est désormais détruite. Pieces of a Woman est une chronique intimiste et déchirante de la vie d'un couple, et le portrait bouleversant d'une femme qui doit apprendre à faire son travail de deuil.
A l'heure où les salles de cinémas ne semblent pas prêtent de rouvrir quand les magasins se bondent de milliers de bactéries en tout genre (à bon entendeur) ; seules les plateformes de SVOD ou VOD, en France, semblent proposer quelques nouvelles œuvres, essentielles à nos esprits ternes. Et c'est ainsi que propose un film de Kornel Mundruczo : Pieces of a Woman.
Première œuvre tournée en anglais pour le réalisateur qui a pu présenter son film en 2020 à la Mostra de Venise, ce qui a d'ailleurs valut la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à Vanessa Kirby (The Crown).
Pieces of a Woman c'est l'histoire d'une jeune femme qui voit sa vie détruite suite à la mort prématuré de son nourrisson. Elle devra gérer ce deuil ainsi que ses relations familiales, notamment avec son mari.
Cette réalisation de Mundruczo est sans rappeler un certains A Marriage Story de Noah Baumbach, sélectionné aux oscars il y a deux ans maintenant. Œuvre similaire à Pieces of a Woman dans son approche sociale et émotionnelle qui elle, dès les premières minutes, prend le temps d'installer ses personnages ainsi que l'action cruciale du film dans un plan séquence aussi long que brillant. Pieces of a Woman est ce genre de film qui ne se précipite pas, qui ne nous brûle pas la rétine de multiples coupures de montages. Tout est fluide, conté dans des scènes qui se rapprochent parfois du théâtre, donnant lui à des faces à face émotionnellement marquant entre des acteurs sublimé par la caméra du cinéaste. Des acteurs, que ce soit Vanessa Kirby ou Shia LaBeouf, dont la performance notables, voir bouleversantes portent à merveille ce film qui souffre parfois de son rythme voulu lent. Ils donnent vie à un film qui aborde parfois avec un coté larmoyant trop prononcé, la mort et surtout le deuil.
On y ressent alors tout le poids du temps avec certaines idées de mise en scène lourdes de sens, longues et accablantes. La dépression ressentie, enfouie et parfois explosive des protagonistes ne peut que toucher et ne laissera personne indifférent.
Au-delà de cet aspect de tristesse infinie, le spectateur se confronte, à l'image des personnages, au regard, au jugement des autres. La caméra ainsi que la mise en scène immersive permet de prendre la pleine mesure du drame. Pieces of a Woman se vit plus qu'il ne se regarde. C'est un film qui transmet les émotions à mesure que le temps passe. Cette sensation de lenteur permet là aussi, de digérer les actions précédentes.
Cependant, si lenteur il y a, surprise il n'y a pas. Le cinéaste offre une œuvre sans réelle surprise, qui se suffit à sa cruauté déjà intense. Néanmoins est-ce bien suffisant ? Car si Pieces of a Woman est de toute évidence un film marquant de part son approche du drame, il n'en reste pas moins une œuvre assez convenue dans le fond. La forme ne suffisant pas toujours à faire d'un long métrage, un grand film.
Car à l'image de beaucoup d'œuvres de la plateforme Netflix, on ne peut pas reprocher la qualité de celles-ci (pas toutes, bien évidement). Toutefois, ce sont des films dont l'impact cinématographique reste minime. Un bon moment sur le court terme ne peut avoir la même portée qu'une grande œuvre qui nous poursuit toute notre vie, ou du moins, une partie. Pieces of Woman est un film fait pour émouvoir. Une œuvre définitivement personnelle, qui tient à cœur à l'auteur. Et ça se ressent dans sa profondeur poétique, dramatique et parfois lyrique, qui nous ronge tout au long. C'est un drame profond, dont la forme est ambitieuse, mais dont la portée reste moindre. Un bon film notable en ce début d'année, qui aura le mérite de toucher et qui sera néanmoins oublié une fois l'année passée.
Un reproche qui n'en est pas un puisque Netflix et surtout Mundruczo nous offre une véritable expérience de cinéma forte et satisfaisante en ces temps sombres pour le 7ème art dont ce film regorge d'amour.
Tous nos avis sont à retrouver sur Vodkaster !