[CRITIQUE] : L’histoire personnelle de David Copperfield

[CRITIQUE] : L’histoire personnelle de David Copperfield

Réalisateur : Armando Iannucci
Avec : Dev Patel, Aneurin Barnard, Jairaj Varsani, Tilda Swinton, Hugh Laurie, Ben Whishaw, Peter Capaldi,...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Britannique, Américain.
Durée : 1h59min.
Synopsis :
Le parcours de David Copperfield, d'une enfance pauvre jusqu'au statut d'auteur à succès, grâce à la perséverance et malgré un manque de discipline personnelle.


Critique :

Clouant son tempo effréné sur les lignes de Dickens, de ses dialogues pointus à une corrélation pertinente entre l'Angleterre victorienne et la société contemporaine,#LhistoirePersonnelledeDavidCopperfield est une comédie chorale entraînante et Gilliam-esque au 2nd degré constant pic.twitter.com/h7yxNnRb2H

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 26, 2021

Sur le papier, force est d'avouer que de voir le mojo vulgaire (dans le bon sens du terme... oui, il y en a un) et profondément satirique d'Armando Iannucci, se lier avec la plume tendre et optimiste de Charles Dickens (car oui, c'est un roman à la base er non un biopic du célèbre prestidigitateur), n'était pas fondamentalement l'un des mariages les plus évidents du monde, ni même l'un des plus rassurants - même si l'on aime sincèrement et sans réserve le cinéma acéré du cinéaste italien.
Mais ses craintes ne résisteront seulement que sur le papier, tant la vinaigrette prend vite entre les deux talentueux artistes, rendant cette adaptation aussi sucrée et passionnante que littéralement hors des sentiers battus, et aux échos contemporains infiniment plus fins qu'ils n'en ont l'air.

[CRITIQUE] : L’histoire personnelle de David Copperfield

Copyright 2020 eOne Germany


On y suit les aléas rocambolesques de David Copperfield donc, de son enfance, alors que sa mère veuve accouche avec la ménagère dévouée Peggotty, grandissant dans un cocon d'amour et d'humour (et notant les nombreux mots d'esprit de Peggotty sur des bouts de papier avant qu'il ne commence à découvrir son propre talent pour les composer lui-même), à son bouleversement lorsque sa mère se trouve un nouveau mari violent, le catapultant dès lors dans une sorte d'odyssée allant d'une situation improbable à l'autre...
Plus un rafraîchissement culotté du mythe Dickensien (beaucoup considérant le roman comme son plus beau chef-d'oeuvre, plus qu'Oliver Twist, lui qui est sans doute son plus autobiographique), qu'une vraie révision, l'adaptation de Iannucci, qui laisse son esprit mordant au placard pour une douceur qu'on ne lui connaissait pas (ce qui est un poil déroutant au départ), emploie des touches de modernité salutaire (des touches stylistiques inattendues à une diversité raciale étonnante pour son casting, rompant avec la retranscription stricto sensu et la véracité historique) sans trop jouer la carte de la radicalité pour autant (malgré une peinture sombre de la condition enfantine de l'époque), au coeur d'un chaos absolument bien maîtrisé jouissant de performances savoureusement décalées à la direction avisée (d'une Tilda Swinton lunaire en tante qui déteste les ânes à un Hugh Laurie fan obsessionnel de cerf-volant, en passant par un très drôle Morfydd Clark, tous gravitent merveilleusement autour d'un Dev Patel parfait).

[CRITIQUE] : L’histoire personnelle de David Copperfield

Copyright 2020 eOne Germany


Clouant son tempo effréné sur les lignes de Dickens, de ses dialogues pointus à une corrélation pertinente entre l'Angleterre victorienne et la société contemporaine (l'éternelle divisions de classe, et le rapport déséquilibré entre les riches prédateurs des moins fortunés), sous couvert d'un joli regard sur la notion de création artistique et d'un penchant spirituel délicat, L'histoire personnelle de David Copperfield est une comédie chorale dynamique (trop sans doute parfois) et enthousiasmante au second degré savoureux, pas si éloignée de la magie fantasmagorique du cinéma de Terry Gilliam.
Une petite bulle pulp généreuse, une lettre d'amour à cœur ouvert envers l'humanité dans toute sa glorieuse étrangeté et diversité, comme on en a bien besoin en ces temps moroses...
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : L’histoire personnelle de David Copperfield