[CRITIQUE] : Slaxx

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Elza Kephart
Avec :  Romane Denis, Brett Donahue, Kenny Wong,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie, Épouvante-horreur.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h17min.
Synopsis :
Une nouvelle paire de jeans, dont la gamme s’appelle Slaxx, s’attaque aux pratiques sans scrupules d’une entreprise de vêtements à la mode. Lorsqu’une caissière idéaliste du magasin phare de la marque est témoin des morts sinistres de ses collègues par la paire de jeans, elle doit tenter de comprendre ce qui anime cet article griffé pour tenter d’arrêter le massacre.


Critique :

Rocambolesque et jouissivement cruel, tournant en dérision une réalité loin d'être aussi drôle, #Slaxx est une comédie horrifique nanardesque qui joue habilement la carte de la satire et qui aurait pu pousser encore + loin le curseur du trip gore au message socio-politique acéré. pic.twitter.com/M1TaxJ02Ss

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 31, 2021

Nul doute que la section Nuit Décalée aura donné le coup de peps nécessaire à la cuvée 2021 de Gérardmer, pour finir en beauté après des séances mi-figue mi-raisin.
Après le savoureusement irrévérencieux et vintage Psycho Goreman de Steven Kostanski, place au tout aussi délirant Slaxx d'Elza Kephart, qui carbure autant au gore expressif et léchée qu'à une esthétique rigoureuse et sans concession, tranchant gentiment avec une narration clairement sacrifiée sous l'autel de ses effets stylistiques et visuels.
D'une énergie étonnante, affichant un ton entre je-m’en-foutisme hallucinant et le bordéliquement pervers, la péloche convoque une vengeance déglinguée du textile dans une charge musclée autant contre les dérives de la surconsommation de masse que contre les ravages de la mode (ou tout va très vite et devient obsolète) ou encore les dérives totalitaristes et hypocrites des géants du prêt-à-porter.

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Louchant sur la loufoquerie de Quentin Dupieux (coucou Rubber et Le Daim) et du brillant In Fabric - en moins macabre - avec son jean tueur doté d'une vraie conscience, qui se nourrit des bas instincts des grosses firmes (qui investissent dans les pays asiatiques pour payer - beaucoup - moins cher sa main d'oeuvre), pour mieux prendre sa revanche sur les humains (des esclaves aveugles et déshumanisés, bon qu'à consommer), Slaxx joue habilement la carte de la satire pour mieux fustiger l'absurdité de la société contemporaine, sans jamais se perdre pour autant dans le film gimmick - ça jongle habilement entre la comédie horrifique ET la comédie sociale.
Rocambolesque, jouissivement démoniaque et cruel, tournant en dérision une réalité loin d'être aussi drôle en s'appuyant sur un script solide (belle caractérisation des personnages) et une mise en scène inventive malgré ses effets méchamment artisanaux; Slaxx est une petite bande un chouïa nanardesque mais géniale, qui aurait même mérité de pousser encore plus loin le curseur du trip sanglant au message socio-politique acéré.
Pas mal pour un film qui ne dépasse pas les quatre-vingts minutes.
Jonathan Chevrier