Dans un récit, le cadre et son contexte vivent dès les premières pages. De tels lieux ou de telles situations données arbitrairement par les auteurs sont non seulement très réels, mais aussi dynamiques. Ils changent. Ils affectent les personnages de l'histoire. Ils deviennent des métaphores, voire des acteurs du drame.
Les lieux représentés semblent avoir parfois une existence propre (les ruines dans les fictions gothiques par exemple), mais comment obtenir cet effet ? Faire de votre décor un personnage est un conseil courant donné aux auteurs de fiction, mais au-delà de l'invocation des cinq sens lors de la description d'un cadre, il ne semble pas que quiconque puisse dire exactement comment s'y prendre, constate Donald Maass.
Récit et Expérience
L'astuce n'est pas de trouver un nouveau décor ou une façon unique de représenter un lieu familier ; il s'agit plutôt de découvrir dans votre environnement réinventé ce qui est unique pour vos personnages, si ce n'est pour vous. Vous devez aller au-delà de la description pour apporter un contexte à l'histoire d'une manière qui l'intègre dans le tissu même de l'expérience de vos personnages.
Vous devriez insuffler l'âme d'un lieu dans le cœur de vos personnages et les faire se débattre avec cette âme aussi sûrement qu'ils se débattent avec leurs problèmes et leurs ennemis.
C'est par le détail et l'émotion que l'on atteint sinon l'esprit du moins le cœur des lecteurs et des lectrices. Le détail, c'est ce qui rend les choses concrètes. Penser à la nature, c'est en avoir une idée générale.
Mais si vous décrivez en mots une forêt en feu, vous invoquez un sentiment particulier sur cette pensée de la nature.
Détails et sentiments personnels sont présents. C'est la combinaison des détails et des émotions qui s'y rattachent qui, ensemble, font d'un lieu un être vivant. Le cadre, le lieu, le contexte, le milieu (la situation ou les circonstances) prennent vie en partie dans ses détails et en partie dans la façon dont les personnages du récit en font l'expérience.
Ces deux éléments peuvent se suffire à eux-mêmes, mais ils donnent ensemble un sentiment de réalité ou de proximité unique. Ainsi, il pourrait être intéressant de jouer avec les souvenirs des personnages. Car quoi qu'ils ne semblent pas universels, ils sont la mémoire particulière d'un personnage et d'un lieu (ou de circonstances). Remémorer un souvenir à voix haute, c'est en partager l'expérience avec ses propres mots.
Ouvrir son récit par un souvenir, par exemple, peut créer une tension dramatique qui incite lecteur et lectrice à vouloir connaître le maintenant d'un personnage dont on vient de nous décrire l' autrefois.
Considérez un paysage. Est-ce générique ? Il le serait, sauf que si l'auteur ou l'autrice le filtre à travers un brouillard matinal, ne nous laissant pas tout à fait voir les habituelles vues de feuilles d'automne, mais seulement un soupçon de leurs couleurs.
Comment résumer l'ambiance d'un lac par un matin brumeux ? On pourrait vouloir laisser suinter l'idée d'un cocon protecteur.
Il suinte alors cette idée que ce cocon est à jamais perdu et on veut savoir ce qu'il a bien pu se passer parce que cette scène établit un sentiment. Mais plus que cela, on construit une métaphore de la précarité émotionnelle du personnage. Les images spécifiques et les puissantes émotions qui y sont liées fonctionnent ensemble. Les éléments forment une unité entre l'homme et la nature, le lac et la solitude, le désir et la paix.
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