Nouveau long métrage de Paco Plaza spécialiste du film d'horreur ayant co-réalisé les premiers et très bons "REC" (2007-2008) avec Jaume Balaguero, puis ayant assumé en solo "REC 3 : Génésis" (2012), laissant le "REC 4 : Apocalypse" (2014) de Jaume Balaguero en solo à son tour, avant de réaliser le sympathique (2017). Cette fois le cinéaste change son fusil d'épaule pour un polar plus classique où il est question de centre EHPAD, de parrain mafieux sénile, d'héritiers stupides et d'une vengeance que personne n'attendait même pas de premier concerné. Le scénario est signé de Juan Galinanes surtout connu dans la péninsule ibérique pour la série TV "Après Toi, le Chaos" (2018-...) puis surtout de Jorge Gerricaechevarria qui est le scénariste attitré de l'excellent Alex de La Iglesia de "Action Mutante" (1992) à "Perfectos Desconocidos" (2017) en passant par "Le Jour de la Bête" (1996), "Le Crime Farpait" (2004) et "Les Sorcières de Zugarramurdi" (2013). Précisons que le titre en V.O. est "Quien a Hierro Mata" soit littéralement "Qui tue le Fer", soit pas grand chose à voir avec le titre en anglais qui lui signifie "oeil pour oeil"...
Un Parrain mafieux, Antonio Padin est autorisé à quitter la prison pour raison de santé, mais il refuse pourtant de retourner chez lui préférant être soigné en EHPAD au grand dam de ses deux fils qui veulent reprendre les affaires en main. Dans le centre infirmier il est pris en charge par Mario, un futur papa, une coïncidence funeste puisque ce dernier y voit un signe du destin en pouvant enfin se venger de ce trafiquant de drogue qu'il rend responsable de la mort de son frère par overdose il y a des années. Tandis que les deux fils désobéissent à leur père pour tenter une affaire, l'infirmier empoisonne discrètement le vieil homme... L'infirmier est incarné par Luis Tosar, un des meilleurs acteurs espagnols qui retrouvent une histoire du scénariste Gerricaechevarria après déjà "Mes Chers Voisins" (2000) de Alex de La Iglesia, "El Nino" (2014) de Daniel Monzon et (2016) de Daniel Calparsoro, mais on peut citer ses meilleurs films avec "Les Lundis au Soleil" (2002) de Fernando Leon de Aranoa, "Ne Dis Rien" (2003) et "Malveillance" (2011) de Jaume Balaguero. Le Parrain est interprété par Xan Cejudo surtout vu dans diverses séries TV, les deux fils sont joués par Ismael Martiez surtout vu à la télévision mais qui retrouve Paco Plaza après "REC 3 : Génésis", puis Enric Auquer également connu pour des apparitions télés à l'exception notable d'un rôle principal dans "Framed" (2017) de Marc Martinez Jordan. Citons encore Daniel Curras qui retrouve Luis Tosar après "Même la Pluie" (2010) de Iciar Bollain, et surtout son épouse enceinte jouée par Mari Vasquez remarquée dans le très bon "Mataharis" (2008) de Iciar Bollain et qui retrouve également Luis Tosar après "18 Comidas" (2010) de Jorge Coira Nieto. On peut constater que plusieurs acteurs du casting son ou ont été à l'affiche des séries TV "Farina Cocaine Coast" (2018-...) et surtout "Après Toi, le Chaos" (2020-...)... Le début agace un peu, l'arrivée du Parrain à l'EHPAD et sa rencontre avec Mario, normal, mais le surjeu à outrance des deux fils est vraiment too much, deux caricatures sur pattes qui font un peu peur pour la suite des événements. Mais finalement le scénario est plutôt bien troussé et se focalise avant tout sur Mario, sorte d'homme idéal qui a tout du mari idéal, futur père rêvé, faisant un travail respectable et surtout attentionné, professionnel et même avenant auprès des femmes en général, bref, le gendre parfait, mature et bien sous tout rapport.
C'est ce décalage entre l'homme et soudain l'instinct primaire et refoulé depuis des lustres qui rend le personnage aussi intéressant qu'attachant, qui sait agir de façon irraisonnée, qui sait ne pas faire le choix idéal (comme quoi !) mais qui se sent irrémédiablement obligé de mettre en place son plan. Tout fonctionne bien jusqu'à ce que les deux fils du mafieux fassent le contraire de ce que leur père voulait, résultat, le père se conforte dans l'idée que ses fils sont indignes de sa succession et ces derniers se retrouvent dans une situation particulièrement inconfortable où ils doivent plus ou moins se passer dorénavant du père. Malheureusement, c'est là que l'intrigue commence à être moins cohérent. En effet, avec un père âgé et vraisemblablement diminué pourquoi les deux fils ne font pas tout pour faire passer leur père comme sénile et dénué de ses facultés mentales ?! Jamais ils y pensent, tandis que l'entrée en scène d'un personnage central arrive bien tard du point de vue médical ce qui rend peu crédible le rebondissement ultime. Dommage... On tiquera sur une scène d'accouchement particulièrement crue, si on n'est pas gêné sur le fond on l'est plus sur la forme tant l'accouchement est secondaire et sans impact sur l'évolution du récit. Une séquence purement gratuite. Mais le film évolue plus efficacement, grâce à un bon climax et surtout à une tension qui grimpe sans discontinuer, avec deux fils qui deviennent plus intéressants car plus faillibles, leur stupidité les rend finalement presque "humains", jusqu'à cet ultime rebondissement qui réunit tout ce petit monde dans un funeste et tragique jeu du destin. Le film est semé de maladresses mais il tient mine de rien la route par d'autres paramètres, ça surnage de façon presque miraculeuse tout en tenant en haleine. Le film est plutôt bien reçu malgré tout, avec trois nominations aux Goyas (équivalent Césars ou Oscars hispaniques) pour le son, meilleur acteur pour Luis Tosar, et meilleur espoir qui est gagné pour Enric Auquer qui joue l'un des deux fils.
Note :