Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’homme de l’Arizona » de Budd Boetticher.
« Tu te doutes de ce qui vous attend ? Tu as peur ? »
Pat Brennan prend la diligence en compagnie des jeunes mariés Willard et Doretta. Lors d’un arrêt, les passagers tombent aux mains de trois hors-la-loi. Lorsque leur chef apprend que Doretta n’est autre que la fille d’un riche propriétaire de mine, il décide de demander une rançon pour sa libération. La tension monte durant les 24 heures qui suivent dans l’attente de la réponse. Dans le même temps, Doretta est loin d’être insensible à Pat.
« Vous ne comprenez pas qu’on vous a rendu service ? Il vous vendait pour sauver sa peau. L’idée de la rançon, c’était de lui ! »
Le cinéma, Budd Boetticher est tombé dedans un peu par hasard. Doté d’un esprit téméraire, ce fils adoptif d’une riche famille, a d’abord vécu une vie d’aventures faite de compétitions sportives, de voyages en Amérique latine et de tauromachie. Mais soucieux de son avenir, ses parents le pousseront à rentrer dans le droit chemin d’une vie plus ordinaire et respectable. Faisant jouer leurs relations, ils lui trouvent une place dans les studios du célèbre Hal Roach. Le point de départ d’une carrière qui le verra passer successivement par la Fox (comme consultant) puis par la Columbia où Harry Cohn finira par lui donner sa chance comme réalisateur de séries B. Mais c’est avec le western qu’il se fait véritablement un nom à compter du début des années 50, dirigeant tour à tour Audie Murphy (« A feu et à sang »), Rock Hudson (« L’expédition de Fort King ») ou encore Glenn Ford (« Le déserteur de Fort Alamo »). En 1957, John Wayne le contacte pour diriger le western « Sept hommes à abattre » pour le compte de sa société de production, la Batjac, sur lequel il fera la rencontre de Randolph Scott. Un véritable coup de foudre artistique : Boetticher dirigera l’acteur dans sept films d’affilé qui compteront parmi les meilleurs du cinéaste, mais aussi parmi les meilleurs westerns de la décennie.
« Toi, je te descendrai de face. J’ai envie de voir la tête qui tu feras à ce moment là. »
Adaptation d’une nouvelle du jeune auteur alors en vogue Elmore Leonard (dont les écrits ont donné lieu la même année au « 3h10 pour Yuma » de Delmer Daves), « L’homme de l’Arizona » (1957) est la deuxième des sept collaborations entre Boetticher et Scott. Un western nerveux qui brille par sa construction narrative. Le film commence ainsi de façon assez badine : un vieux cow-boy solitaire rencontre au relai de poste un vieil ami, promet à au fils de celui-ci de lui ramener des sucres d’orge, avant de perdre ses bottes et son cheval sur une banale partie de rodéo. Et puis, sans crier gare, le film vire dans le cauchemar : le relai de poste a été attaqué, ses occupants massacrés et le héros se retrouve otage malgré lui de trois brigands sans foi ni loi. Tout l’enjeu sera pour lui de réussir à semer la discorde chez ses ravisseurs pour mieux sauver sa peau. Se dessine alors un habile affrontement psychologique, formidablement servis par des personnages très bien écrits et d’une belle densité, qui donnent au récit une belle complexité. Avec en point d’orgue la relation terriblement (sexuellement) ambigüe entre le chef des ravisseurs et le héros. Mais comme à son habitude, Boetticher ne néglige en rien l’action et joue la carte de l’efficacité en optant pour un format très resserré (78 minutes de durée à peine) qui donne à l’ensemble une grande énergie malgré une économie de moyens évidente. Un must du genre.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de présentations respectivement signées par Bertrand Tavernier, Patrick Brion et Martin Scorsese.
Edité par Sidonis Calysta, « L’homme de l’Arizona » est disponible dans la collection Silver en combo blu-ray + DVD depuis le 15 septembre 2020.
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