© 2008 - Columbia/TriStar
Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#23. Le Témoin Amoureux de Paul Weiland et Fred Zinnemann (2008)
Sur le papier, force est d'admettre qu'il n'y a pas fondamentalement grand chose à tirer du Témoin Amoureux, sorte de fusion (volontaire ? C'est Hollywood donc forcément oui...) facile et maladroite entre deux comédies romantiques totems de ces trente dernières années - Le Mariage de mon meilleur ami et Quand Harry rencontre Sally -, ou pile poil l'exact profil de la bande inoffensive et préfabriquée que l'on est - logiquement - censé laisser sur l'autel sans le moindre remords.
Et pourtant, dans ce gloubi-boulga gentiment familier à la prévisibilité plus que certaine, cochant toutes les cases d'une formule best-of du genre jamais réellement frappée par une infime once d'originalité, la magie des flèches de Cupidon transperce la pellicule et rend plus que digeste une pomme d'amour certes trop riche en sucre, mais que l'on ne peut s'empêcher de finir - et encore plus quand on à un vrai coeur d'artichaut.
Inversant la dynamique du triangle amoureux du film de Paul John Hogan (ici, le témoin est celui... de la future mariée, qui est aussi sa meilleure amie et dont il est amoureux), Made of Honor en V.O. suit l'amitié entre Tom et Hannah, né d'une sorte de quiproquo heureux à l'université (avec un running gag impliquant le couple Clinton, un chouïa ironique vu les infidélités connues de Bill et la frivolité sexuelle du personnage de Tom).
© 2008 - Columbia/TriStar
Dix ans plus tard, alors qu'elle ne cache pas vraiment ses sentiments pour son BFF, lui accumule les conquêtes sans lendemains avec insouciance inquiétante.
Sauf que la dynamique de leur relation va changer le jour où, après un séjour professionnel en Écosse, Hannah lui annonce qu'elle s'est subitement fiancée avec Colin, une armoire à glace écossaise et noble pour ne pas gâcher le plaisir.
Réalisant qu'il est finalement fou amoureux d'elle, Tom endosse le rôle pourtant émasculateur de demoiselle d'honneur, et se lance dans une quête de sabotage du marié autant que d'une (re)conquête du coeur de sa bien aimée, jusqu'au coeur des Highlands...
Alignant gentiment les clichés sur à peu près tous les sujets qu'il touche (le mariage et le mythe de la demoiselle d'honneur, les relations amoureuses et amicales, l'Écosse et ses traditions - notamment culinaires), s'échinant malheureusement le moins possible pour rendre son triangle amoureux crédible (on ne croît pas une seule seconde au couple Hannah/Colin, et le happy end nous pend au nez dès la première bobine) tout en sauvant sa carcasse autant grâce à des séquences humoristiques qui font mouche (les sextoys et le troisième âge : toujours banco), qu'au charme incendiaire du couple Dempsey/Monaghan (à l'alchimie naturelle), alliance entre une décontraction sexy - Docteur Mamour quoi - et une sensualité délicate (on n'oublie pas non plus feu Sidney Pollack en papounet tragicomique accro au mariage); Le Témoin Amoureux est un pur film du dimanche, oubliable mais mignon, pas toujours passionné mais toujours divertissant, qui démontre que s'il n'y a vraiment - mais VRAIMENT - rien de neuf sous le soleil, ce n'est pas pour autant qu'il faut bouder son plaisir.
Jonathan Chevrier