En janvier 1976, de nombreux films débarquaient sur les écrans de Docteur Françoise Gailland à Un après-midi de chien en passant par Les vécés étaient fermés de l'intérieur, A nous les petites anglaises, Bug, Les dents de la mer ou encore Les bons et les méchants... On retourne dans le temps pour arpenter nos souvenirs et on revient sur 4 des films à l'affiche ce mois-là, qu'ils aient marqués durablement le public ou notre simple mémoire de spectateur...
Par Erwan Darbellay & Fred Teper
Les Vécés étaient fermés de l'intérieur Un film de Patrice Leconte avec Jean Rochefort, Coluche, Roland Dubillard, Danièle Évenou...
Sortie le 7 janvier 1976
C'est en 1976 que sort le premier film de Patrice Leconte, Les Vécés étaient fermés de l'intérieur. Et si Gotlib et Patrice Leconte ont dû beaucoup rire en écrivant le scénario, le spectateur, lui, s'amuse beaucoup moins devant ce long-métrage pas totalement réussi, sans être complètement raté. Certes quelques scènes absurdes et quelques répliques très drôles nous arrachent un sourire mais on est loin du niveau des premières comédies du réalisateur, des Bronzés 1 et 2 en passant par Viens chez moi j'habite chez une copine ou Ma femme s'appelle reviens. Il manque un vrai rythme à ce scénario brouillon. Lors du tournage, Patrice Leconte et Jean Rochefort se fâchèrent, et cela se ressent. Rochefort fait le minimum, Coluche lui est en mode mineur (mais tire son épingle du jeu) et la réalisation est souvent brouillonne. Reste un premier film qui se veut différent, une tentative de reproduire sur grand écran l'univers absurde de Gotlib, une brouille légendaire et une très belle réconciliation avec Tandem 11 ans plus tard. Non le temps n'a pas redoré le blason de ces Vécés étaient fermés de l'intérieur un peu décevants, mais comme le dit Patrice Leconte sur l'un des bonus du très beau DVD Collector Gaumont des Vécés, son film a " le charme du démodage "... Et puis 2 ans plus tard le réalisateur se rattrapera en faisant rire plus de deux millions de spectateurs avec Les Bronzés. ED
Bug (Les Insectes de feu) Un film de Jeannot Szwarc avec Bradford Dillman, Joanna Miles, Richard Gilliland, Alan Fudge
Sortie le 28 janvier 1976
Bug ( Les insectes de feu) produit par William Castle est le second film du réalisateur français Jeannot Szwarc, qui réalisera 3 ans plus tard une suite forte honorable au chef d'œuvre de Steven Spielberg, Les Dents de la mer, puis en 1980, son meilleur film à qui cette rubrique rend hommage, Quelque part dans le temps, avant de connaître un très gros échec avec Supergirl, de revenir en France tourner quelques comédies oubliables, ( Hercule et Sherlock, Les Sœurs soleil...), sans jamais arrêter de réaliser d'innombrables épisodes de séries, de Kojak en passant par Night Gallery, JAG, Ally McBeal, FBI : Porté disparus, Cold Case, Bones, Heroes, Smallville, Fringe, Supernaturel, Castle, Grey's Anatomy et tant d'autres. Et c'est donc en 1975 qu'il réalise Bug, une série B un peu étrange qui commence comme un film classique d'animaux tueurs... ici des insectes mutants, de gros cafards capables de mettre le feu à tout ce qu'ils touchent. C'est souvent un peu kitsch et parfois raté, mais la seconde partie est plutôt surprenante. L'action se resserre dans un laboratoire (faute de budget sans doute) ou un chercheur à la santé mentale chancelante tente une expérience sur les insectes puis observe leur évolution. Durant cette seconde partie plus expérimentale on se rapproche clairement du curieux Phase IV récemment sorti chez Carlotta, et c'est là, que le métrage devient franchement plus intéressant. À l'arrivée une série B un peu oubliée dans le parcours étonnant d'un réalisateur touche à tout qui nous offre ici le pire mais aussi le meilleur. ED
Un après-midi de chien Un film de Sidney Lumet avec Al Pacino, John Cazale, Lance Henrikssen...
Sortie le 30 janvier 1976
Un braquage qui tourne mal pour une véritable leçon de cinéma, de scénario et de mise en scène signée Sidney Lumet dont la carrière était déjà parsemée d'oeuvres inoubliables ( Douze hommes en colère, Point Limite, Serpico...) quand il réalise Un après-midi de chien, son second opus avec Al Pacino en vedette et le fantastique John Cazale en complice et partenaire. Comme souvent après avoir arpenté les arcanes du système judiciaire, mis le doigt sur ses travers, placé des hommes devant leurs responsabilités, dépeint l'effritement de leurs rêves lorsque les obstacles à franchir semblaient trop hauts, trop grands, Lumet reste à l'os de ses obsessions pour un film qui ne renonce jamais aux prérogatives du cinéaste exigeant qui pointait du doigt les failles béantes qui pourrissaient le système mais conservait toujours ce sens du rythme, du découpage, cet œil perçant pour impulser à ses cadres une dynamique perpétuelle. Regarder un de ses films est la promesse d'en découvrir encore et encore les ressorts, les multiples niveaux de lecture... et avec Un après-midi de chien, il délivre un shoot d'adrénaline inoubliable. FT
Les Dents de la mer Un film de Steven Spielberg avec Roy Scheider, Richard Dreyfuss, Robert Shaw...
Sortie le 28 janvier 1976
Difficile d'imaginer en revoyant Les dents de la mer aujourd'hui, tous les écueils rencontrés pour parvenir au résultat proposé, un mélange de thriller et de film d'horreur à la mécanique implacable qui a non seulement saisi les spectateurs d'effroi mais qui les a également fascinés par son rythme, son intelligence et le sens de la mise en scène proprement hallucinant dont ce jeune réalisateur de 30 ans faisait déjà preuve. Que ce soit par la force de ses images, la percussion de ses dialogues, son suspense viscéral, la force intrinsèque du cinéma de Spielberg est déjà là, ce mélange de brio technique et cette faculté à brasser l'émotion et l'aventure dans des récits exempts de fioritures ainsi que cette capacité à passer par tous les genres avec la même facilité. Des personnages forts incarnés par un trio proprement génial ( Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss) qui s'inscrivent dans le récit avec une fluidité exceptionnelle. Un chef-d'œuvre sur lequel les années n'ont aucune prise et qui mettra Spielberg sur le chemin qui lui était destiné: Une voie royale.