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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !Copyright Metropolitan FilmExport Copyright Metropolitan FilmExport
#55. Phantasm de Don Coscarelli (1979)
Que vous soyez un aficionado des sagas de films d’horreur américaines made in 80’s ou pas, il y a des noms, des visages de boogeyman qui vous parleront dans tous les cas tant ils ont su s’ancrer dans un paysage pop-culturel global. Ainsi, si je vous dis Michael Myers, Jason Voorhees, Chucky, Freddy Kruger, Leatherface, ou même Pinhead même si ce dernier touche peut être moins le grand publique, il y a fort à parier que vous mettiez immédiatement un visuel, un sentiment, une texture sur ce personnage. C’est une des grandes forces de ces films, avoir su créer des figures horrifiques qui en quelques caractéristiques simples traversent les générations, jusqu’à s’inscrire en quelques sortes comme un pendant moderne des monstres classiques d’Universal. Aujourd’hui j’aimerais mettre en lumière un boogeyman d’une saga culte mais pourtant assez peu connue, à savoir le Tall Man de la merveilleuse saga cauchemardesque Phantasm.
Ne comptant que sur assez peu d’artifice en dehors de ce que lui apporte son génial interprète Angus Scrimm, c’est un des personnages d’antagonistes horrifiques qui imprime le plus de son aura le film qu’il soutient, qui lui doit une grande partie de son succès. Un costume de croque mort, le teint pâle, une démarche inimitable, un visage semblant provenir d’une autre dimension et tout le talent de son possesseur pour l’animé de mimiques très grand-guignolesques et pourtant parfaitement effroyables. Sans aucun doute, malgré les nombreuses raisons qui me font aimer ce film très fort, ce boogeyman en est le cœur démoniaque. Au-delà de l’interprétation, le mystère épais duquel Don Coscarelli entoure son personnage n’est pas en reste. Phantasm fait partie de ces films dont la construction et le ressenti appartiennent à celui du rêve, du cauchemar pour être plus exact. L’œuvre a quelque chose de terriblement onirique, et nous posera d’ailleurs la question à la fin de la nature de ce que l’on vient de voir : était-ce la réalité ? Un rêve ? En vérité, peut être bien les deux. Aucun intérêt à chercher des explications vraisemblables dans ce film, dont toute l’expérience nécessite de simplement se laisser porter par le flot d’idées disparates de son auteur. Résoudre un mystère ne fera qu’en soumettre trois de plus, et on finira le film avec un univers béant de possibilités, d’interprétation possibles, un arbre de potentialité que Don Coscarelli ne manquera pas d’explorer dans les quatre suites auquel Phantasm donnera lieu, presque toutes réalisés par ses soins et chacune assez géniales dans leur genre. On y reviendra prochainement.
Phantasm est le genre de petite production horrifique blindés de cœur bien plus que de thunes dont on se réjouit terriblement d’un succès qui avait toutes les chances de ne pas arriver. Tourné sur une durée extrêmement étendue pour coller à l’emploi du temps de l’acteur principal encore au collège, financé par le paternel du réalisateur, ayant subi des projections test désastreuses sur son premier montage qui n’ont bien heureusement pas fait flancher son auteur qui se remettra à charbonner sur sa table de montage jusqu’à obtenir un cut qui trouvera rapidement un acquéreur, qui permettra à Don Coscarelli de déjà rembourser la somme avancée par son papounet. Le film sera ensuite un succès commercial, critique, remportant entre autre le prix spécial du Festival d’Avoriaz, ancêtre de Gérardmer. Aujourd’hui Phantasm fait partie des saga cultes malheureusement un peu mise aux oubliettes, trop bizarre, décalée sans être survoltée, moins adaptées aux attentes du publique actuel qui se laissera plus volontier emporter par un body count généreux dans un épisode de slasher même mauvais que par une œuvre peut être un poil plus exigeante et compliquée à appréhender. Néanmoins c’est une saga qui gagne énormément à être connue, c’est encore disponible sur Shadowz jusqu’au 9 mars et j’essaierai donc de vous toucher un mot sur chaque épisode d’ici là. Et si ce premier film donne l’impression que ça pourrait partir dans tous les sens… ça tombe bien car c’est exactement ce qu’il va se passer.
Kevin