Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Benny & Joon » de Jeremiah Chechik.
« Avoir besoin de quelqu’un, ça veut dire quoi ? »
Depuis la mort accidentelle de leurs parents, Benny s'occupe de sa sœur Joon, fragile et asociale, sujette à des accès de rage et de violence qui font fuir leur entourage. L'arrivée de Sam, jeune illettré presque muet qui a adopté les manières et le costume de Buster Keaton, va bouleverser la vie du frère et de la sœur.
« Vous jouez tous avec moi »
Musicien à la carrière contrariée, Johnny Depp trouve finalement son salut et son épanouissement dans le métier de comédien. S’il apparait dans « Les griffes de la nuit » (Craven, 1984) ou « Platoon » (Stone, 1986), c’est à la télévision avec la série « 21 jump street » (1987-1990) qu’il accède à la notoriété. Mais soucieux de ne pas se laisser enfermer dans son statut d'icône pour adolescentes en fleurs, il quitte brutalement la série au début des années 90 pour suivre les sirènes du cinéma. Se cherchant encore, il décide de casser son image de bad boy en multipliant alors les rôles de gentils marginaux naïfs et excentriques, se forgeant un personnage à la fois romantique et bizarre. A l’image de ceux qu’il interprète chez Tim Burton (« Edward aux mains d’argent »), Lasse Hallström (« Gilbert Grape ») ou encore Kusturica (« Arizona Dream »). Un cycle qui prend fin avec « Benny & Joon » (1993) de Jeremiah S. Chechik, réalisateur alors prometteur dont la carrière sera définitivement plombée suite aux retentissants échecs de ces deux films suivants (« Diabolique » et « Chapeau melon et bottes de cuir »).
« Je n’arrive déjà pas à garder un poisson rouge en vie. Alors comment faire avec Joon ? »
« Benny & Joon », c’est donc l’histoire d’un frère et d’une sœur, orphelins depuis l’enfance, qui se retrouvent attachés l’un à l’autre du fait de la maladie psychique de Joon. Une union fusionnelle, exclusive, mais nocive et contre-nature en ce qu’elle empêche chacun des deux personnages de s’épanouir et de vivre pleinement sa vie d’adulte. Jusqu’à l’arrivée inattendue de l’étrange et fantasque Sam, qu’ils recueillent malgré eux sous leur toit et qui, de par son approche innocente, finira par faire bouger les lignes et les équilibres. Avec son atmosphère poétique et volontiers décalée, Chechik transforme le postulat mélodramatique de « Benny & Joon » en un feel-good movie colorée et sensible, prônant l’amour et l’acceptation de l’autre comme remède à tous les maux. Et de fait, sur la forme, il n’y a pas grand chose à dire, si ce n’est que le film est mignon tout plein. Sur le fond, en revanche, les enjeux dramatiques s’évaporent assez vite et, en dépit des facéties burlesques du fantasque Johnny Depp (qui mime merveilleusement Buster Keaton), « Benny & Joon » pèche par moments par excès de mièvrerie. Reste un casting de jeunes comédiens impeccables (Mary Stuart Masterson, Aidan Quinn, Oliver Platt) dont certains deviendront par la suite des poids-lourds hollywoodiens (Depp, Julianne Moore). Un film attachant, mais qui laisse tout de même une petite frustration, comme une légère sensation d’inachevé.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un Commentaire audio du réalisateur Jeremiah S. Chechik et de scènes coupées.
Edité par Rimini Editions, « Benny & Joon » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 18 novembre 2020.
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