[CRITIQUE] : Un Prince à New York 2

[CRITIQUE] : Un Prince à New York 2

Réalisateur : Craig Brewer
Avec :  Eddie Murphy, Arsenio Hall, Jermaine Fowler, Kiki Layne, Vanessa Bell Calloway, Leslie Jones, Tracy Morgan, Wesley Snipes, John Amos, James Earl Jones,...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Comédie
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Dans le luxuriant et pays royal du Zamunda, le nouveau roi Akeem et son fidèle confident Semmi se lancent dans une toute nouvelle aventure comique à travers le monde, en partant de leur grande nation africaine jusqu’au quartier du Queens, à New York - où tout a commencé.


Critique :

Conçu dans le même moule que celui du 1er film mais avec un poil plus de retenue,#UnPrinceANewYork2 rejoue la carte du choc des cultures en inversant les rôles et incarne une très sympathique suite, drôle et nostalgique. Un digne et (presque) inespéré retour au royaume de Zamunda pic.twitter.com/fv9T8B67t4

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 5, 2021

Même si cela fait mal de l'admettre, la quasi-intégralité des suites de films cultes qui débarquent plusieurs années après leur prédécesseur bien-aimé, incarnent généralement un désastre sans nom (Dumb and Dumber, Zoolander,...); une vérité qui faisait de Coming 2 America, avant même son développement, d'un potentiel naufrage qui flatterait sans doute plus notre nostalgie qu'il n'invoquerait une quelconque pertinence, et ce malgré la bonne volonté évidente d'un Eddie Murphy tentant de se refaire la cerise à Hollywood (voir comment il tente désespérément de concrétiser un Flic de Beverly Hills 4 depuis plus de dix ans).
Mais contre toute attente, même s'il n'atteint jamais vraiment l'aura géniale du film original de John Landis, qui même avec trente-trois ans au compteur n'a (humoristiquement parlant) pas vieillit d'un poil, cette suite signée Craig " Dolemite is my name " Brewer incarne un digne et inespéré retour à Zamunda.
Lorsque nous avions laissé le prince Akeem aux portes de son conte de fées, lui et Lisa venaient tout juste de se marier dans le pays natal fictif du premier, Zamunda, après avoir traversé un certain nombre d'obstacles à leur union, dont le consentement du roi Jaffe Joffer.

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Copyright Amazon Studios


Trente ans plus tard, Akeem et Lisa sont les heureux parents de trois filles belles et talentueuses, mais la loi ancestrale du pays dicte qu'un homme doit s'asseoir sur le trône, plaçant Akeem dans un sacré dilemme alors que sa fille aînée, Meeka, est tout à fait capable de diriger.
À côté de tout ça, il doit également affronter un général sauvage et sadique d'un pays voisin, Izzi, qui veut que son fils demeuré épouse Meeka sous peine d'envahir son pays.
Mais l'espoir renaît lorsque le roi Jaffe Joffer sur son lit de mort, annonce à Akeem qu'il aurait un fils caché en Amérique, né lors d'une nuit ou il aurait été drogué (flashbacks sous fond de mauvais rajeunissement CGI en prime).
Ni une ni deux, il retourne à New York avec le fidèle bras droit Semmi où il rencontre finalement Lavelle et, obligé de faire tout ce qui est nécessaire pour maintenir la paix et le contrôle de son royaume, emmène son fils et sa mère Mary à Zamunda, où il doit passer une série de tests pour pouvoir assumer le trône...
Conçu dans le même moule que celui du premier film mais avec un poil plus de retenue (cette suite est PG-13 alors que l'original portait son classement R-rated presque comme un insigne d'honneur... une autre époque), tout en ayant totalement conscience de l'époque dans laquelle il est (ça taille mignon Wakanda, mais il donne aussi un regard sincère sur l'autonomisation de la femme, étranger au premier opus), le film joue à nouveau la carte du choc des cultures mais en inversant le rapport de force : même s'il est intitulé Coming 2 America, l'intrigue se déroule en grande partie à Zamunda et fait se heurter la culture afro-américaine aux moeurs royales africaines, tirant le meilleur parti de cet apprentissage forcé et - majoritairement - cocasse, malgré quelques aspects tocs.

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Si catapulter un héritier au trône choyé mais rebelle face à la tradition, dans un rôle de col bleu avait quelque chose de drôle mais aussi de furieusement évocateur (un concept de poisson hors de l'eau pour mieux dénoncer les petits travers de la société, qui avait déjà nourrit la première collaboration de Landis et Murphy, Un Fauteuil pour Deux), la situation inverse ne fonctionne pas totalement avec un Lavelle et sa famille passé de la débrouille à un monde inondé de richesses, alors qu'ils se méprennent sur l’honneur et la tradition de la nation africaine qui les leur offre.
Pur chaos familial et enthousiaste (cette suite rameute même toute la galerie de personnages loufoques du premier - des barbiers du Queens au groupe Sexy Chocolat -, tout en se payant des caméos de luxe), certes un poil prévisible et imparfait mais qui a du coeur, que ce soit dans l'évolution du personnage d'Akeem, plus intéressante a suivre que celle de sa progéniture (qui doit renouer avec sa optimisme perdu, et le film aurait sans doute mérité à ne se focaliser que sur lui, entre sa paternité compliquée et ses obligations de roi), ou son déchiquetage en bon et dû forme de l'aspect patriarcal du film de 1988 - notamment via les personnages de Lisa de Meeka, campée par l'excellente Kiki Layne.
La vraie tragédie au fond étant de se dire que l'on a tristement dû attendre trois décennies pour qu'un formidable duo tel que celui qu'incarne Arsenio Hall et Eddie Murphy, à l'alchimie folle (le plaisir qu'ils ont de se retrouver et de refaire fonctionner la magie qui les unit, transpire chaudement à l'écran), puisse se réunir à nouveau à leur meilleur (ils assument toujours plusieurs rôles et ne se soucient savoureusement pas de la logique lorsqu'ils le font).

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Rien que pour cela et la nostalgie incroyable que charrie le film (et qui touchera encore plus ceux qui lui sont pleinement dévoué), Un Prince à New York 2, porté par un Eddie Murphy qui s'amuse sincèrement et qui désirait vraiment partagé ce plaisir avec son public, vaut entièrement son pesant de pop-corn, et même un peu plus encore...
Jonathan Chevrier
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