Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 7 Mars au 13 Mars
Dimanche 7 Mars. Angel de Francois Ozon sur Arte.
Angleterre, 1905. Angel Deverell, jeune écrivain prodige, connait une ascension fulgurante et réalise ainsi le rêve de toute jeune fille : succès, gloire et amour. Mais n’est-ce pas trop pour une seule femme ?
Le succès, la gloire et l’amour ont de quoi faire rêver, mais que se passe-t-il après ? C’est bien ce vertigineux point d’interrogation qui intéresse Ozon dans Angel. Il en fait le pivot de son récit, le tout emballer dans la splendeur sans égale du mélodrame en costume. Si tout cela aurait pu donner une œuvre rance et surannée, le cinéaste vient l’aborder avec une sorte de provocation que certains pourraient nommer kitch ou vulgaire, mais qui en est l’inverse. Oui, Angel est un film qui s’éloigne des évidences, qui renie les oppositions les plus simplistes. Ce qui fascine autant l’auteur que le spectateur c’est la bizarrerie avec laquelle tous les antonymes parviennent a se lier; s’enlacer, s’accoupler pour donner lieu à une œuvre singulière qui se voit hantée tout du long par cette question et ce point d’interrogation : que se passe-t-il après ?
Mardi 9 Mars. Logan de James Mangold sur C8.
En 2029, les mutants sont en voie d’extinction. Logan, désormais voiturier, boit plus que de raison pour oublier son passé. Mais, celui-ci le rattrape en peu de temps : Gabriela, accompagnée d’une mystérieuse petite fille, l’aborde dans un cimetière. Peu de temps après, Donald Pierce fait de même…
Ce fut long. Il y eut cet infâme Wolverine et l’imparfait Le Combat de l’Immortel, puis Logan. Le petit miracle. Le film qu’on n’attendait plus ni dans le genre du superhéros ni pour ce personnage. Car, oui Logan est un splendide requiem où Mangold extirpe tout ce qui manquait jusqu’à présent. La violence bien sûr, qui est ici abyssale, brutale, furieuse. Lais surtout l’humain, qui devient vibrant, bouleversant, mélancolique. Le tout sur un récit se rattachant autant aux grands westerns à la John Ford qu’aux Mad Max de Miller ; où Mangold trouve enfin la formule gagnante pouvant y déployer son esthétique à l’ancienne donnant à ce volet une aura étrange, poussiéreuse presque intemporelle — qui prend encore plus d’ampleur dans la version noir et blanc. Quant à Hugh Jackman, il est plus que jamais Wolverine pour aujourd’hui et pour toujours.
Mais aussi... W9 programme le meilleur film Indiana Jones, La Derniere Croisade de Steven Spielberg. Qu’est-ce qu’apporte la figure du père au sein de la saga de l’archéologue ? De l’émotion, tout simplement. En ne prenant nul autre que Sean Connery, le film s’offre un acteur capable de dessiner en un rien de temps un personnage humain, avec ses défauts, son émotion et son humour. L’alchimie, palpable entre Connery et Ford permet d’avoir des séquences au timing comique impeccable, mais également quelques échanges plus intimes mettant en avant une facette inédite du personnage. Et c’est encore une fois un sequel qui ne s’évertue pas à faire plus que le précédent ; mais bel et bien faire autrement, si La Derniere Croisade renoue avec l’esprit du premier opus, il s’en dégage part la charge intime et émotionnelle de son récit.
La soirée continue... W9 programme à la suite de La Derniere Croisade, Le Temple Maudit toujours mis en scène par Steven Spielberg. Plutôt que de chercher à refaire Les Aventuriers de l’Arche Perdue ou à rentrer dans un jeu de surenchère, cette suite tient à faire les choses différemment. Ainsi, les nazis sont remplacés par des fanatiques religieux terrifiants et Indiana lui-même se fait plus friable que jamais en basculant du côté de l’obscur et instaurant une terreur en nous. Afin de contrebalancer le glauque de l’intrigue, le scénario ne cesse de nous propulser dans des séquences radicalement cartoonesque. À cela, s’ajoute un spectaculaire saisissant ; que cela soit la scène en avion en début de film ou bien la séquence culte du charriot au fin fond de la mine, ce second opus joue la carte des sensations fortes et ça marche diablement bien.
Jeudi 11 Mars. Panic Room de David Fincher sur Cherie25.
Meg Altman, après son divorce, angoisse à l'idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie, Meg achète une splendide maison située dans un quartier huppé à l'ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure. Cependant, Meg n'aurait jamais pensé s'en servir dès le premier soir. En effet, trois cambrioleurs ont pénétré dans la maison avec la ferme intention de dérober une somme de quatorze millions de dollars cachée par l'ancien maître des lieux...
Panic Room n’est pas vraiment le David Fincher qui vient en premier lorsqu’on aborde le cinéaste. Certains pourraient même dire que ce film n’est au minimum pas son meilleur et au maximum son pire. Alors, oui, Panic Room n’est pas à la hauteur de certains chefs d’œuvres de son auteur, mais il est un film, qui au travers du pur exercice de style fait apparaitre toute la quintessence d’un genre : celui du thriller. Ici, Fincher étire la notion même du huis clos et s’offre avec cette caméra qui ne connait aucune frontière, et qui ne cesse de passer et repasser dans les moindres trous, une épaisseur dont le film aurait pu manquer. Car, toute la force de l’œuvre est de parvenir a faire d’un pitch tenant sur un post-it un film de pure mise en scène, qui vient titiller un style très Hitchcockien; visant à harponner le spectateur afin de mieux le secouer dans tous les sens. Panic Room est ainsi moins porté sur un scénario profond où se développeraient des thématiques puissantes, il est un film qui au travers de son minimalisme tient à faire ressentir une peur pour ses personnages.
Thibaut Ciavarella