Un personnage fascinant

Trouver un personnage fascinant est facile parce que c'est notre nature d'être attiré par ce qui est différent, par ce qui nous apparaît comme unique (c'est un jugement). Tout ce qui éveille notre curiosité et rend un personnage fascinant est un moyen efficace de maintenir l'intérêt du lecteur. Il existe plusieurs façons d'y parvenir par l'écriture.

Un caractère unique

Comme nous sommes fascinés par ce qui est différent - par l'inhabituel, par l'unique -, nous nous demandons toujours : Comment faire pour que ce personnage se distingue des autres, de ceux que nous connaissons déjà au cinéma, dans la presse et la littérature ?

Cela va bien au-delà d'une combinaison unique de traits de caractère. Si vous vous fondez sur un archétype, comment le différencier ?
Concentrez-vous également sur ses valeurs, qui sont ce que le personnage considère comme important dans sa vie, comme la liberté, la sécurité, la famille, une vie d'aventure pour lutter contre l'ennui... ; ses attitudes, qui sont ses opinions et son point de vue sur le monde qui l'entoure souvent façonnés par le vécu du personnage dont les attitudes et les comportements actuels sont comme un vestige de ce passé ; puis une passion qui le domine, qui est parfois un problème, une obsession ou un dévouement intense qui anime votre personnage.

En ajoutant constamment de nouvelles touches à un personnage, vous maintiendrez la curiosité, la surprise et l'intérêt du lecteur.

Une autre technique pour créer des personnages complexes et fascinants consiste à créer des paradoxes - des contradictions en eux. Pour ce faire, vous donnez à votre personnage des traits contradictoires - plusieurs visages dans un même corps - de préférence opposés.
Cela crée des nuances de gris. Comme dans la vie réelle, ce que nous apercevons des autres, c'est ce qui est en surface. Mais les profondeurs d'un être, ce qu'on pourrait appeler sa vérité, se constituent de plusieurs couches. Ces strates se rapportent essentiellement aux expériences mais tout n'est probablement pas façonné. Il y a de l'inné en chacun de nous et un personnage de fiction doit posséder cette innéité, ces dispositions naturelles qui participent à son unicité en tant qu'être, fictif certes, mais réel depuis qu'un auteur ou une autrice l'ont imaginé et élaboré.

Ce travail de réflexion préalable à l'élaboration d'un personnage permet de créer sa complexité. Ce qui fascine chez un tel personnage, c'est que sa personnalité est constituée de plusieurs facettes. Elles n'ont pas besoin d'être nombreuses pour rendre fascinant un être de fiction. Il suffit que, dans cet être, il y ait quelques contradictions.

Mettez en contraste des éléments au sein d'un même personnage, comme un personnage maléfique qui aime les oiseaux, ou une association caritative corrompue. Votre tâche consiste à dépasser les clichés, c'est-à-dire à contrer les attentes des lecteurs et à créer des contrastes uniques.
Ne vous limitez pas à des traits de caractère ou à des valeurs. L'exemple de l'association caritative crée des attentes de bonté, de sacrifice et de générosité. Contrez ces attentes. Vous pouvez opposer les besoins aux désirs, comme dans Pour le pire et pour le meilleur, où Melvin a besoin d'aimer et d'être aimé mais déteste le contact humain ; ou opposez des ambitions tel que par exemple, pour un jeune homme, aimer une jeune femme ou une femme d'un âge plus mûr.

Plus il y a de contrastes dans un personnage, plus il y a de paradoxes, plus il y a de doutes et d'indécisions, plus le personnage sera fascinant. Le conflit au sein de vos personnages augmentera également la puissance émotionnelle d'un scénario et impliquera davantage le lecteur et la lectrice dans l'histoire.

Les failles

Les personnages ne doivent pas être parfaits, et ces défauts renforcent leur crédibilité et l'intérêt du lecteur. En fait, les défauts d'un personnage sont toujours plus intéressants que ses points forts en raison des conflits qu'ils génèrent.

Les peurs sont l'un des défauts les plus convaincants que l'on puisse donner à un personnage, surtout les peurs émotionnelles, comme la peur de l'engagement, la peur du succès, la peur de ne pas être à la hauteur ou que personne ne nous aime (tout cela est souvent des illusions).

Ces craintes sont souvent liées à la transformation du personnage. Par exemple, pour être heureux, il pourrait apprendre de ses tribulations et pérégrinations au cours de l'intrigue a posé sur lui-même un autre regard. Mais cet acte l'horrifie. Puis, quant à nous, lecteurs et lectrices, nous suivons son parcours jusqu'à ce qu'il change ou qu'il échoue dans cette entreprise.

UN PERSONNAGE FASCINANTUN PERSONNAGE FASCINANT

La question la plus importante que l'auteur ou l'autrice devraient se poser à propos d'un personnage est de savoir de quoi il a vraiment peur. C'est probablement la meilleure façon de connaître ce personnage. Certes, lorsqu'on commence à réfléchir à un récit, on aligne des événements ou des scènes. Mais le véritable récit, c'est avec un personnage réel qu'il se fait.

Jack Gittes, dans Chinatown, par exemple, avait peur d'être un imbécile... et il réagissait de manière excessive. Cette réaction s'est retournée contre lui. Il s'est donc retrouvé à l'endroit même où il ne voulait pas être. Il avait tellement peur d'être un imbécile qu'il est tombé dans son propre piège. Personne d'autre que lui-même allait le prendre pour un imbécile.

Les défauts de caractère d'un personnage, surtout ses peurs émotionnelles qui retiennent un personnage et lui rendent difficile la réalisation de son objectif, sont un autre moyen de rendre ce personnage fascinant.

Enfin, un autre élément qui peut fasciner le lecteur et ajouter de la texture et de la substance émotionnelle à votre scénario, à condition bien sûr qu'il ne fasse pas l'objet de clichés, est le passé du personnage. Il s'agit de son vécu jusqu'au point de départ de l'histoire. Ce vécu peut comprendre ses origines, la façon dont il a grandi et la façon dont ce passé affecte sa personnalité actuelle.

Le passé

Le passé n'inclut pas le trauma que peut avoir connu un personnage. Si une rupture amoureuse l'a blessé à un point tel que tout son comportement actuel en est affecté, que son point de vue sur le monde est biaisé, c'est tout à fait autre chose que le passé.

Cet incident le hante et c'est un obstacle personnel qu'il doit vaincre. Certes, cet incident appartient au passé mais contrairement au passé, cet incident le hante encore dans le présent du récit. Un personnage issu d'un milieu social défavorisé peut agir pour ne pas y retourner. On peut alors comprendre à la lumière de ses origines sociales qu'il ait un comportement dur envers les autres ou lui-même.

Une blessure émotionnelle est toujours vivace. Parvenir à l'intégrer contribue au besoin intime du personnage à devenir autre et participe ainsi à son arc dramatique. Le plus souvent, ce fantôme du passé implique des traumatismes tels que l'abandon, la trahison, ou un accident tragique qui laisse le personnage définitivement blessé ou défiguré (au sens propre ou figuré d'ailleurs), ou provoque un sentiment de culpabilité si le personnage se sent responsable de la mort de quelqu'un comme dans Vertigo.
Il peut s'agir de la mort d'un être cher. Tout incident traumatique qui crée un sentiment de perte, ou une blessure psychologique et émotionnelle, sera souvent au cœur du personnage et bien que le passé peut expliquer ce personnage, ce trauma est ce qui le définit dans son essence.

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