Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La maison aux sept pignons » de Joe May.
« Quel dommage que d’hériter de l’ignorance de ses ancêtres plutôt que de leur sagesse »
1828. La famille Pyncheon est ruinée. L’un des héritiers, Clifford, songe à vendre la superbe demeure familiale, sur laquelle semble peser une vieille malédiction, et à partir s’installer avec sa cousine Hepzibah. Mais son frère Jaffrey s’y oppose : profitant de la mort brutale de leur père, il parvient à faire accuser Clifford de meurtre et à le faire jeter en prison.
« De tous les crimes perpétrés dans cette maison, le vôtre est le plus infâme »
En cette fin des années 30, le cinéma américain se prend d’un éphémère engouement pour les contes d’inspiration gothique. Un genre marqué par des éléments scénaristiques très caractéristiques (le plus souvent une jeune femme frêle et naïve, prisonnière d’une grande demeure sinistre et inquiétante, et à la merci de l’hôte des lieux, personnage généralement trouble, mystérieux et souvent manipulateur) et qui trouve pour l’essentiel sa source dans la littérature anglo-américaine du milieu du dix-neuvième siècle. A l’écran, cela a donné lieu à des films comme « Rebecca » (Hitchcock, 1940), « Jane Eyre » (Stevenson, 1944), « Le château du dragon » et « L’aventure de Mme Muir » (Mankiewicz, 1946 et 1947) ou encore plus tard « Le château de la terreur » (Pevney, 1951). Une liste de films à laquelle on peut également ajouter l’excellent « La maison aux sept pignons » (1940) de Joe May, adaptation assez libre du roman éponyme de Nathaniel Hawthorne.
« La mort ne fait qu’ajouter un fardeau aux vivants ! »
Grande et fastueuse demeure victorienne, « La maison aux sept pignons » trône au milieu d’une petite ville de province. Pour la famille Pyncheon, cette demeure est bien plus qu’un héritage : c’est le symbole même de leur importance sociale et du pouvoir de leur famille. Mais cette maison est aussi la marque de leur infamie puisque leurs ancêtres l’ont acquise de façon injuste et brutale, au prix de la spoliation de ses précédents propriétaires. Mais bien mal acquis ne profite jamais dit l’adage. Et à l’heure où le prestige et la fortune des Pyncheon se sont effrités, la maison semble être plus que jamais le centre de toutes les crispations. Pionnier du cinéma allemand et grande figure du cinéma muet ayant rallié Hollywood dès l’arrivée au pouvoir des nazis, Joe May signe avec « La maison aux sept pignons » un excellent drame familial mâtiné de fantastique. Centré sur l’affrontement de deux frères antagonistes qui se déchirent sur le devenir de ladite maison, le récit donne ainsi lieu à une guerre larvée psychologique doublé d’un thriller noir et délicieusement machiavélique dans lequel tous les coups bas semblent permis. Fort d’une intrigue qui ménage à la fois de la tension et une belle émotion (notamment à travers le personnage de la cousine Hepzibah qui passe en un rien de temps de la jeune femme amoureuse et lumineuse à la vieille fille aigrie, changement merveilleusement résumé en un plan final) et d’une interprétation de haut vol (Georges Sanders, Vincent Price et surtout Margaret Lindsay), « La maison aux sept pignons » se révèle être une belle réussite formelle autant qu’un film envoûtant.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation du roman de Nathaniel Hawthorne par Pascal Françaix (37 min.). Un livret de 28 pages, « Naissance d’une diva nommée Sanders », écrit par Nicole Cloarec, vient avantageusement compléter cette édition.
Édité par Rimini Editions, « La maison aux sept pignons » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 20 octobre 2020.
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