Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La grande pagaille » de Luigi Comencini.
« Il arrive quelque chose d’invraisemblable : les allemands se sont alliés au américains ! Ils nous tirent dessus ! »
8 septembre 1943. Mussolini est destitué et l’Italie signe l’armistice avec les alliés. Le sous-lieutenant Innocenzi, qui n’a pas été informé de cette nouvelle, se retrouve avec ses hommes la cible de l’armée allemande. En pleine débâcle, il tente avec deux de ses hommes de rentrer chez eux. Le voyage sera long et mouvementé, cocasse et bouleversant.
« Je ne comprends pas : pendant la guerre vous ne marchiez pas et maintenant que c’est fini vous en redemandez ! »
« La grande pagaille ». Tel est le qualificatif qui sied le mieux pour évoquer la situation chaotique qui frappa soudainement l’Italie le 8 septembre 1943 suite à l’effondrement du régime mussolinien et à l’armistice inattendu de Cassibile, signé par le Maréchal Badoglio avec les alliés. En quelques heures seulement, et sans qu’elle n’en soit prévenue, l’armée italienne changea pour ainsi de camp, se retrouvant brutalement considérée comme ennemie par son ancien allié allemand. S’en suivra une situation de confusion générale et de flottement qui précipita le délitement de l’armée régulière italienne, laissant par endroits place à des situations de totale anarchie. Comme à Naples où, suite à ses évènements, les habitants se soulèveront héroïquement pendant quatre jours pour libérer seuls leur ville du joug et de la barbarie de l’occupant allemand.
« On ne peut pas toujours ne rien faire »
Des évènements à la fois majeurs et en même temps - dans l’ensemble - peu glorieux de l'Histoire de l'Italie que Luigi Comencini souhaite nous raconter à sa façon, c'est a dire de manière satirique, avec une dose d'humour et d'ironie cruelle, dans « La grande pagaille ». En la matière, la comédie italienne, on le sait, est capable de rire de tout, y compris (et surtout) de sujets graves comme la mort, la misère (« Affreux, sales et méchants » de Scola, « L’argent de la vieille » de Comencini) et même la guerre (« La grande guerre » de Mario Monicelli). Ici, le cinéaste nous raconte à sa façon la débâcle de l'Italie fasciste défaite en jouant du vieux cliché selon lequel l'Italie a la fâcheuse habitude de retourner sa veste (et ses alliances) selon les circonstances. On y suit ainsi l’épopée et les déboires de quatre soldats (Alberto Sordi, Serge Reggiani, Nino Castelnuovo et l’américain Martin Balsam, tous formidables) tentant de traverser les lignes en habits civils pour rentrer chez eux. Mais derrière la cocasserie de nombreuses situations, le cinéaste nous donne a voir en creux une réalité souvent horrifique et monstrueuse, à l'image de ce train plombé déportant des prisonniers de guerre italiens vers une mort certaine. De même que la traque cruelle d'une jeune fille juive par les soldats allemands en rase campagne, ou encore cette expédition punitive de villageois fidèles au Duce contre la ferme d'un ancien soldat. Mais plus encore, à travers le portrait de ces quelques braves soldats aussi idiots que dépourvus de toutes convictions, Comencini dénonce avec une magnifique ironie l'absurdité même de la guerre. Comme si au fond les troufions, les hommes du peuple, ne mourraient pas par convictions (idéologiques ni patriotiques) mais au nom de forces qui les dépassent totalement. Brillant.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale italienne (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de du documentaire « Drôles, tendres et méchants » (52 min.) dédié à la comédie italienne ainsi que d’une Interview de René Marx, rédacteur en chef adjoint de L’Avant-Scène cinéma.
Edité par Rimini Editions, « La grande pagaille » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 6 octobre 2020.
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