Très haut dans le cinéma français ; ce film est une perle de justesse, de rythme et d’écriture qui fût reconnu par les américains qui le nommèrent aux Oscar.
Comme à leur habitude Bacri/Jaoui sondent en profondeur la nature et les relations humaines dans un scénario d’une finesse absolue ; aucune dissonance à noter et aucun gras ; tout est pesé et nourri à merveille ce récit chorale. Au centre du jeu, 7 personnages très dissemblables vont être amenés à se croiser, se rencontrer, faire connaissance, se côtoyer voire s’aimer. 7 personnages en circulation permanente, çà laisse beaucoup de possibilité de mise en scène, mais la mécanique est bien huilée et toutes ces interactions même improbables coulent de source. Agnès Jaoui dont c’était la première derrière la caméra excelle dans l’exercice et çà crève les yeux dès la première scène dans le restaurant où en quelques minutes et répliques elle nous présente 4 personnages majeurs. Le tour est joué, le film est lancé.
Mettre en opposition des personnages que tout sépare est leur fonds de commerce, Bacri/Jaoui manient ici avec aisance un comique de situation acide marqué par les clivages financiers, culturels voire politiques. Là où par le passé, ils étaient concentrés sur les relations familiales ; dans celui-ci ils mettent en contact un industriel fortement doté en capital économique mais au niveau culturel faible avec des artistes érudits ayant du mal à vivre bien de leur art. Les seconds méprisent le premier, le premier se révèle aimer l’art ; et le personnage le plus lamentable n’est jamais celui que l’on croit. Le message est limpide : échange tes lunettes avec ton voisin afin de le regarder autrement ; une thématique exploitée aussi par « Le diner de cons ». Contrairement à ce dernier, une pure comédie, celle-ci est vacharde et profonde ; on rit jaune parfois.
C’est une merveille car arriver à décrire les relations humaines dans toutes leurs complexités avec autant de simplicité relève du grand art. A voir ou comme moi, revoir
Sorti en 2000
Ma note: 20/20