[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #142. Police Academy III : Back in Training

Par Fuckcinephiles

© 1986 - Warner Bros. All rights reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !

#142. Police Academy 3 : Instructeurs de Choc de Jerry Paris (1986)

À une heure ou l'on a fait, à juste titre, de la satire policière Brooklyn 99, l'une des meilleures séries comiques de la télévision US, il est de bon ton de se rappeler un brin de son ancêtre, la géniale quoique gentiment bancale saga Police Academy, chez qui le show est venue picoré - plus ou moins discrètement - deux, trois traits de personnages essentielles (Peralta est un Mahoney en puissance).
Pur fruit de sa génération frivole ne sachant jamais sur quel pied vraiment danser, avec un humour jouant la carte du burlesque, de l'énergie visuelle souvent imaginative, mais aussi d'une potacherie régressive un tantinet cul (le succès - entre autres - de Porky's n'a pas toujours aidé la comédie US) banalisant lourdement des clichés que l'on ne pourrait plus accepter dans une comédie contemporaine (l'homosexualité et le racisme facile, raillés sans être banalisés, avec quelques punchlines/scènes qu'il ne faut pas ôter du contexte de son époque), la péloche de Hugh Wilson, moins inventive et lunaire qu'une référence made in ZAZ, a réussi pourtant là ou de nombreuses comédies ont échoués lamentablement - et encore plus aujourd'hui - : faire rire de tout à un rythme infernal, en provoquant une empathie immédiate pour sa (très) nombreuse galerie de personnages.

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Car c'est bien là sa plus grande force, avoir su créer, en partant d'une intrigue facile et au fond totalement prétexte (pénurie de wannabe flics à l'académie de police, la maire de NY ouvre la porte à TOUS les citoyens de la ville pour s'inscrire, sans examen de passage), un mélange d'identification et de familiarité folle avec ses bras cassés divers et variés, un gang de losers magnifiques appelés à devenir des héros mais surtout des flics compétents, alors que tout laissait à penser qu'ils en seraient incapables.
Stéréotypes ambulants, on se prend d'affection et même de passion à suivre chacun d'eux, entre galères vachardes et vraies morceaux de bravoure improbable.
Que ce soit Carey Mahoney, leader né so cool qui fait tout pour se faire virer (génial Steve Guttenberg, visage important des 80's qui n'a jamais vraiment eu la carrière qu'il méritait par la suite) à Moses Hightower, véritable nounours au coeur d'or (feu le charismatique Bubba Smith), en passant par le génie du bruitage Larvell Jones (le talentueux Michael Winslow), la douce mais volcanique Laverne Hooks (Marion Ramsey), la tête brûlée accro aux armes Eugene Tackleberry (David Graf) ou encore le lunaire commandant Éric Lassart (George Gaynes, inspiré par Jacques Tati himself) et l'imbuvable lieutenant Thaddeus Harris (immense G.W. Bailey, remplacé pendant deux opus par le tout aussi génial Art Metrano/Commandant Mauser); tous arrivent à nous toucher, nous faire rire et même nous émouvoir dans des séquences uniques et même parfois légendaires (le running gag du Blue Crystal Bar en tête).

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Devenue très vite une lucrative franchise (presque un film par an) avec son lot d'épisodes plus ou moins fragiles - la saga ne s'est jamais remise du départ de Guttenberg -, la saga nous a pourtant jamais autant fait rire qu'avec son troisième film, optimisation parfaite des talents impliqués qui opère un retournement des rôles assez cocasse.
Désormais flics confirmés - mais pas modèles -, Mahoney et sa bande doivent aider leur cher commandant Lassart et sauver l'académie de police, le maire ayant décidé de cesser le financement d'une des deux écoles de police de la ville - coupe budgétaire oblige.
Et la seconde est dirigée par une vieille connaissance de la bande et de la famille Lassart, le lèche-cul Moser et son toutou Proctor...
Obligés de jouer les instructeurs, ils n'ont qu'une poignée de semaines pour former les meilleures recrues possibles et convaincre les juges de ne pas fermer leur école.
Soit le terrain propice à une pluie de gags délirants, tant les recrues sont encore plus incompétents qu'eux, que ce soit le beau-frère de Tack, la femme de Tackler - aussi maladroite que lui -, le timide Sweetchuck - qui possédait une horlogerie dans le second opus - mais surtout Zed, ex-punk voulant rentrer dans le droit chemin (l'hilarant Bobcat Goldthwait), et qui n'a rien perdu de sa folie en cours de route.

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Dans la droite lignée de ses deux aînés, pur film à sketchs à l'intrigue simpliste (jamais aidé par la mise en scène de réalisateurs/yes men interchangeables, ni même par une quelconque recherche inventivité), mais boosté par un surplus d'action salutaire, profitant encore pleinement de la nostalgie qu'il procure pour faire mouche, incarné par des comédiens totalement conscients pour la plupart, d'avoir trouvé le rôle d'une vie; Police Academy 3 est un pur plaisir potacho-cartoonesque à l'enthousiasme communicatif, fruit d'une époque surranée qui vieillit un peu mal pour ses détracteurs, tout en survivant étonnamment bien aux affres du temps et des multiples visions pour les initiés.
Comme on le dit souvent, c'est peut-être très con, mais qu'est-ce que c'est bon...

Jonathan Chevrier