[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #122 : Delta Force 2 : The Colombian Connection

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #122 : Delta Force 2 : The Colombian Connection

© 1990 PARAMOUNT PICTURES (Starz)


Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #122 : Delta Force 2 : The Colombian Connection#122. Delta Force 2 d'Aaron Norris (1990)

Si le public lambda se bidonne - à raison - sur les Chuck Norris Facts plus encore que sur les envolées philosophiques du plus célèbre des tataneurs belges, ce qui ne sont que des mots aujourd'hui, furent pleinement des actes à l'écran au coeur des merveilleuses 80's, ou l'ancien membre de l'US Air Force appelé à être le plus connu des " Texas Rangers ", faisait briller les rangées action des vidéos clubs du monde entier, et les caisses d'une Cannon qui n'aurait sans doute pas été aussi (fugacement) imposante sans lui et le vieux briscard Charles Bronson.
Véritable star à part entière du cinoche burné, n'ayant pas peur de frotter sa barbe rousse dans des nanars aux dialogues aussi ahurissants de décontraction (pensez " Tupperware " ou encore " Rouleaux "), qu'aux propos se complaisant dans un doux relan réactionnaire qui ferait même pâlir le magnum 44 de Dirty Harry (coucou Invasion U.S.A.), le Chuck n'a pourtant pas tourné que du bousin fleurant bon la poudre pour la firme des deux cousins (même si ses meilleurs films seront du côté de la MGM : Sale Temps pour un Flic et Hero), bien au contraire.

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© 1990 PARAMOUNT PICTURES (Starz)


Il trouvera même chez eux son personnage le plus populaire sur grand écran, le so badass Colonel James Braddock (il a accepté le rôle en souvenir de son frère, qui a disparu au Vietnam), cousin éloigné et énervé de John Rambo, dans la jouissive trilogie Portés Disparus, dont le premier opus est certes le moins jouissif (le second, tourné en même temps, est un pur spectacle musclé et régressif qui déboite là ou le troisième lui, est un téléfilm foireux), mais sans doute le plus solide, avec l'honnête faiseur Joseph Zito à sa barre.
Moins connu mais tout aussi badass, son rôle de Scott McCoy dans le diptyque - devenu une saga sans sa présence par la suite - Delta Force, lui aura lui aussi permis de faire briller son penchant pour la castagne tout en cassant des os au nom du pays de l'Oncle Sam.
Passé un premier opus tendrement réac ou il sauvait des gentils otages ricains des griffes de méchants terroristes avec un feu Lee Majors déjà au creupuscule du crepuscule de sa carrière, Delta Force 2 : The Colombian Connection joue encore plus la carte du nanar décomplexé ou Norris se lâche devant la caméra de son frangin Aaron - en lieu et place de Michael Winner.
Exit le terrorisme, bonjour le second fléau de l'Amérique Reaganienne/Bushienne : le trafic de drogue venu d'Amérique du Sud, ici personnifié par le terrifiant - mais génial - narcotrafiquant Ramon Cota (campé par feu le fou furieux Billy Drago, littéralement on fire).
Sur décision du gouvernement US, McCoy et son BFF Bobby Chavez, sont missionnés pour aller l'arrêter mais aussi sauver des otages/agents du gouvernement sauf que, problème juridique oblige (il est libéré sur caution, moyennant un petit million de dollars), Cota est libéré suite à son arrestation, s'en prend à Bobby et à sa famille, et oblige ainsi McCoy à se venger en jouant des muscles...

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© 1990 PARAMOUNT PICTURES (Starz)


Si la Cannon nous a appris quelque chose essentiel sur ses suites, c'est qu'elles n'ont qu'à être nominalement connectés à leurs prédécesseurs pour être vraiment considérés comme des suites, pas besoin de jouer d'un quelconque artifice scénaristique.
Si le premier Delta Force a commencé comme un thriller d'otage déchirant - basé sur l'exploitation terroriste réelle du vol TWA 847 - avant de se transformer en un film d'action savamment exagéré, celui-ci joue la carte du B movie over-the-top dès le départ (ah la fameuse nation fictive du San Carlos... qui ici contredit stupidement le titre original, qui parle de la Colombie), en grande partie grâce à la plume de Norris, qui booste le film avec plusieurs scènes de bastons - ou il écrase constamment ses adversaires -, et d'explosions en tout genre - notamment dans un dernier tiers en roue libre -; iconisées par les sonorités du frenchy Frédéric " Fortress Forever " Talgorn.
Caricatural et simpliste as hell (Billy Drago oblige, même si John P. Ryan lui offre un répondant particulièrement enthousiaste), bourré de dialogues géniaux et allant constamment à l'essentiel (même s'il aurait mérité qu'on lui taille un petit bout de gras d'un quart d'heure), même s'il est shooté comme un téléfilm de luxe sans réelle valeur ajoutée (malgré une photo aérienne de Joao Fernandes); Delta Force 2 est l'un des derniers millésimes nanardesques d'une Cannon ayant déjà les deux pieds dans son cercueil en colza, et sa vision est toujours aussi jouissive, même trente ans après...

Jonathan Chevrier
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