[CRITIQUE] : Concrete Cowboy

[CRITIQUE] : Concrete Cowboy

Réalisateur : Ricky Staub
Acteurs : Caleb McLaughlin, Idris Elba, Lorraine Toussaint,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
Forcé de vivre seul avec son père, Cole, un adolescent âgé de 15 ans, découvre les valeurs rédemptrices de l'équitation dans un milieu marqué par la pauvreté et la violence.



Critique :

Imparfait comme tout premier film peut l'être, un poil trop conventionnel mais sublimé par une vraie sincérité et un savoir-faire indéniable, #ConcreteCowboy est un beau drame humain et old school, juste dans sa fictionnalisation passionnante d'une sous-culture bien réelle. pic.twitter.com/oEfiVSIfmU

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 2, 2021

Il y a une scène aussi importante que profondément révélatrice de l'histoire américaine et de sa représentation autant dans la culture populaire que sur grand écran, au coeur du premier long-métrage de Ricky Staub, Concrete Cowboy; celle ou un groupe d'hommes et de femmes afro-américaines se réunissent au coin du feu, discutant de la manière dont ils ont été pour la plupart, ostensiblement blanchis et/ou oubliés dans les westerns Hollywoodiens.
S'échinant autant à être une adaptation fidèle du roman Young Adult Ghetto Cowboy de G. Neri, qu'à rétablir une vérité bien réelle et toujours actuelle, le film pose sa caméra dans l'intimité de l'histoire peu connue des Fletcher Street Riders, une véritable institution centenaire du quartier Strawberry Mansion au centre-ville de Philadelphie dont la majorité de ses cavaliers sont noirs - et apparaissent réellement dans le film.
Avec sincérité, Staub offre un regard passionné sur une communauté d'hommes et de femmes, des cavaliers urbains qui usent des pratiques et attitudes des cow-boys et se les transmettent de générations, que Staub encadre au travers du prisme d'une histoire de relation père-fils empathique et touchante.

[CRITIQUE] : Concrete Cowboy

Copyright Netflix


Ne s'écartant jamais totalement du sentier balisé du drame conventionnel - même si rugueux et réaliste -, la péloche s'attache au destin de l'adolescent troublé et un poil capricieux de Detroit Cole, qui est envoyé par sa mère Amahle, lassé de ses frasques scolaires et extra-scolaire, auprès de son père Harp, dans le nord de Philadelphie.
Cole est alors pris entre deux cultures aux valeurs bien différentes : l'univers ils school des cow-boys des temps modernes de son père, et celle plus urbaine et contemporaine badinée de crime, avec son cousin Smush.
Sans forcément péter dans la soie de l'originalité mais en donnant du coeur et des tripes à ces thématiques (le récit initiatique d'un ado perturbé lié à celui d'un animal brisé qui doit reprendre confiance en l'homme, d'un jeune homme pris entre une vie criminelle et au grand air, mais aussi celle d'un père absent essayant aujourd'hui d'empêcher son fils de faire les mêmes erreurs que lui), Concrete Cowboy, qui renoue avec le concept d'un cinéma américain rétro épousant la beauté de dame nature - comme Nomadland et les autres bijoux de Chloé Zhao -, fait mouche tant il a le bon goût de donner de la profondeur et de l'espace à ses personnages pour qu'il puisse respirer au travers de leurs interprétations.
Si Caleb " Stranger Things " McLaughlin en impose en môme nerveux et en crise qui arpente le long chemin du passage à la vie d'adulte, c'est surtout le fantastique Idris Elba et sa virilité tranquille qui vole le show, le bonhomme, dans un rôle enfin posé et simple, s'amuse des clichés occidentaux tout en rendant férocement crédible son père en quête de rachat.

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Imparfait comme un premier film peut l'être, un poil trop conventionnel mais sublimé par une vraie sincérité (notamment dans la gentrification de la société contemporaine, et notre tendance instinctive à démolir les vieux monuments bien-aimés sur lesquels tant de gens comptent pour leur communauté) et un savoir-faire indéniable (de la mise en scène assurée de Ricky Staub à la photographie alliant dynamisme et lyrisme de Minka Farthing-Kohl, sans oublier la partition singulière de Kevin Matley, entre expérimentations et saveurs fleurent bon le Far West); Concrete Cowboy est un beau drame humain, âpre et à la masculinité " à l'ancienne ", incroyablement juste dans sa fictionnalisation passionnante d'une sous-culture bien réelle, et qui ne renie pourtant jamais sa poésie ni même la douceur qui émane de ses personnages.
Jonathan Chevrier
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