[CRITIQUE] : Le Dernier Vermeer

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Dan Friedkin
Acteurs : Guy Pearce, Claes Bang, Vicky Krieps,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Biopic, Historique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min.
Synopsis : 

D'après l'ouvrage The Man Who Made Vermeers de Jonathan Lopez.
L'histoire vraie du peintre et faussaire en art, Han van Meegeren, qui a extorqué les Nazis de millions de dollars en leur vendant des contrefaçons de célèbres peintures.



Critique :

#LeDernierVermeer a tout de l'effort académique séduisant et soigné - et dans lequel Hollywood aime se complaire souvent - même si vraiment brouillon et maladroitement construit, un drame procédural à la véracité historique un poil discutable, porté par un solide duo Bang/Pearce. pic.twitter.com/ijPEdqYshF

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 3, 2021


C'est dans un contexte difficile que le plutôt bien charpenté The Last Vermeer de Dan Friedkin, drame procédural à l'ancienne, pose sa caméra, soit une Europe d'après-guerre (et plus directement la Hollande) qui illustre - en partie - le destin horrible de ceux qui, ayant collaboré avec les Allemands à l'apogée du pouvoir nazi, ont perdu leur pouvoir, leur réputation et - dans certains cas - leur vie une fois les Alliés arrivés.
On y suit les aléas de Joseph Diller, juif ayant rejoint la Résistance néerlandaise tout en rentrant dans la clandestinité, pendant que sa femme continuait fraterniser avec l'ennemi pour fournir des renseignements exploitables.
Maintenant que la guerre est finie, il est un officier du corps de reconstruction allié, son nouveau travail lui demandant d'étudier les liens possibles entre les ventes d'art à prix élevé et l'effort d'espionnage.
Cela le conduit à défendre un prisonnier de guerre, Han van Meegeren, un artiste flamboyant devenu marchand d'art (un homme qui prétend que sa chance de devenir célèbre lui a été volée parce qu'il a refusé de demander l'approbation dds critiques d'art et autres experts du milieu, tout en trouvant du réconfort dans le fait d'être capable de les berner avec ses copies quasi-parfaites), qui lui avoue volontiers avoir vendu un Vermeer à Hermann Göring (dirigeant de premier plan du parti nazi et du gouvernement du Troisième Reich).

Photo: Sony Pictures


Seulement il y a un problème : selon Van Meegeren, le chef-d'œuvre était un faux, peint par lui-même, prouvant donc qu'il ne collaborait pad totalement avec les nazis, mais qu'il les arnaquait...
Vraie étude de contraste entre deux êtres profondément opposés (Diller est un homme de convictions, audacieux et théâtral là où Van Meegeren est une âme amorale et bien plus manipulatrice, tout en étant incroyablement charismatique), à défaut d'être d'une véracité historique irréprochable (bien que basé sur des événements et personnes réelles, les arcanes du procès sont principalement fictives, et le fait que les scénaristes ne se soient pas appuyés sur une vraie transcription judiciaire pour écrire, est peut-être plus étrange encore que la vérité...), The Last Vermeer a tout de l'effort académique séduisant et soigné - et dans lequel Hollywood aime se complaire souvent - même si profondément brouillon et maladroitement construit, qui vaut avant tout et surtout pour ses compositions inspirées, jamais plombées par une écriture trop explicite.
Que ce soit Claes Bang qui incarne Joseph Diller avec un aplomb irréprochable, ou Guy Pearce, habité en Han Van Meegeren (dommage que Vicky Krieps, engoncée dans le rôle ingrat de l'ex-épouse de Van Meegeren/potentielle collaboratrice/vrai-faux love interest de Diller, n'a pas la chance de laisser exploser son talent à l'écran), ils sont le sel et la petite valeur ajoutée d'un drame historique et procédural divertissant (mise en scène sobre et élegante à la clé) mais inégal, flanqué au coeur d'une époque trouble, ou les premières heures de liberté de l'après-guerre faisaient aussi écho à celle de la vengeance féroce - mais légitime.

Jonathan Chevrier