Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 4 Avril au 10 Avril.
Lundi 5 Avril. Niagara de Henry Hathaway sur Arte.
Un jeune couple effectue son voyage de noces dans le site somptueux des chutes du Niagara. Dès leur arrivée, les jeunes mariés font la connaissance d’un couple mystérieux : un homme visiblement très tourmenté ainsi que son épouse à la beauté sublime et provocante. Celle-ci prépare secrètement un plan machiavélique pour se débarrasser de son mari.
Véritable tournant dans la carrière de Marilyn Monroe, Niagara demeure, encore aujourd’hui une œuvre thrillesque à la dimension quasi hitchcockienne avec cette frustration sexuelle nœud de tous les drames. On pourrait dire beaucoup de chose sur ce long-métrage de Hathaway; de la façon dont le cinéaste, dans un genre codifié, parvient a imprimer une tonalité visuelle unique à cette gentille satire de l’Amérique puritaine, mais ici tout s’éclipse sous la chevelure peroxydée de Monroe. Si l’actrice n’est pas le lead, elle s’accapare la pellicule au point qu’on ne retient qu’elle. Plus que sa sensualité enivrante, c’est bel et bien son jeu ambigu qui vient sublimer un personnage plus nuancé. Car oui, souvent admiré pour sa plastique, Niagara vient surtout rappeler que Marilyn fut une actrice, abimée par le milieu, mais une incroyable actrice quand on lui donnait de quoi jouer.
Mais aussi... Cstar programme Billy Elliot de Stephen Daldry. D’une belle fluidité et une éternelle fraicheur, Billy Elliot possède un scénario assez classique dans son déroulement et dénouement, mais la force du long-métrage est ailleurs. Si le film marque, c’est parce qu’il est une ode à la tolérance, l’acceptation de la différence et la porosité de ce qui « fait » fille et ce qui « fait » garçon. L’œuvre prône l’évolution des mentalités et soulignant la beauté de l’art dans toutes ses formes —ici la danse — avec émotion et sensibilité.
Mercredi 7 Avril. True Lies de James Cameron sur TFX.
Harry Tasker a une double vie : il est un agent secret travaillant pour la Omega Section — The Last Line of Defense du gouvernement des États-Unis ; mais pour sa famille, il est un banal représentant en informatique, constamment en déplacements professionnels. Sa femme Helen, secrétaire juridique, lasse de ses absences répétées et de sa vie morne, se laisse embobiner par un petit escroc et imposteur…
Entre deux mastodontes du cinéma, Terminator 2 et Titanic, James Cameron se fait un petit plaisir avec True Lies. Ce remake d’un film français de Claude Zidi (La Totale !) est un étonnement sans nom. Le seul véritable problème de ce long-métrage c’est James Cameron, non pas qu’il soit mauvais ; mais le bonhomme a tellement marqué les esprits avec des œuvres à l’audace folle que True Lies apparait comme un vilain petit canard dans sa filmographie — avec Piranha 2 hein. Pourtant True Lies est juste une tuerie d’action. Un vrai shoote d’adrénaline, du spectaculaire à outrance, un Arnold Schwarzenegger au sommet de son art (peut-être même son dernier très grand film). Au milieu de tout cela, un humour dévastateur bombardé par des punchlines délicieuses, bref un pur moment de divertissement comme on n’en fait plus.
Jeudi 8 Avril. Jeux de Pouvoir de Kevin McDonald sur Cherie25.
Stephen Collins est membre du Congrès américain et préside le comité qui supervise les dépenses de la Défense. Ambitieux, il incarne l’avenir de son parti et pourrait bien devenir un des leaders du pays. Lorsque sa jeune assistante est tuée dans des circonstances mystérieuses, certains secrets font surface. Cal McAffrey, journaliste chevronné et ami de longue date de Collins, est chargé par sa rédactrice en chef d’enquêter sur l’affaire.
Dés les premières minutes, Jeux de Pouvoir semble vouloir réanimer ce cinéma des 70’s. Comme une sorte de branchement entre Les Hommes du président et Les Trois Jours du Condor, McDonald signe une œuvre captivante et haletante aux croisements des genres. En effet, le récit ne cesse de pianoter entre le film de journalisme et la fiction politique, à la fois thriller et drame social, aussi proche du cinéma de Pakula que des œuvres de Ford. Tout cela donne une épaisseur au film, qui, derrière la machine hollywoodienne, à l’efficacité térrasante parvient à donner corps à de véritable incarnation. Jeux de Pouvoir ne néglige jamais ses personnages, qui plus que des pions, sont des êtres complexes et brillamment incarnés par un casting au diapason.
Thibaut Ciavarella