[CRITIQUE] : Amours irlandaises

[CRITIQUE] : Amours irlandaises

Réalisateur : John Patrick Shanley
Acteurs : Emily Blunt, Jamie Dornan, Jon Hamm, Christopher Walken, ...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Romance, Drame
Nationalité : Américain
Durée : 1h42min
Synopsis :
Depuis sa plus tendre enfance, Rosemary est amoureuse en secret de son voisin Anthony, un rêveur timide qui vit avec son excentrique père dans la campagne irlandaise. Malgré toutes les attentions, rien à faire, Anthony reste inconscient des sentiments que lui porte sa belle admiratrice. Mais alors que Rosemary se décide à faire enfin le premier pas, arrive Adam, un riche neveu newyorkais…

Critique :

Mélange improbable entre #OrgueilEtPréjugé, #TamaraDrewe et un téléfilm de l’après-midi, #AmoursIrlandaises est une romcom singulière se servant des codes du conte pour raconter le poids de la solitude et l’envie de se créer une bulle de bonheur hors du temps. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/609oo7wjy1

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 14, 2021

Le dramaturge John Patrick Shanley nous offre une comédie romantique sous la mythique pluie irlandaise dans Amours irlandaises, son nouveau film sorti directement en VOD le 7 avril et en DVD le 15 du même mois. Il dirige Jamie Dornan et Emily Blunt et les transforme tous deux en fermiers. L’une est très éprise de l’autre, depuis leur plus tendre enfance. Pourtant, leur relation est restée purement platonique, s’adressant à peine la parole. Serait-ce parce qu’il ne s’intéresse pas à elle ? Ou cache-t-il un secret qui l’empêche de nouer une relation ? Il faut le voir pour le savoir !

[CRITIQUE] : Amours irlandaises

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Il existe de ces films à qui on ne laisse pas de chance. Il est vrai, à la vision de l’affiche, du synopsis et surtout de son titre français, Amours irlandaises n’a pas de quoi convaincre. Peut-être son réalisateur, oscarisé en 1988 pour Éclair de lune et détenteur du prix Pulitzer pour sa pièce de théâtre Doute. Ou peut-être son casting. Le film réunit Emily Blunt, Jamie Dornan, Jon Hamm et Christopher Walken. Un maigre avantage au vu de sa bande-annonce, dégoulinante de niaiserie et de pluie. Une banale histoire d’amour, où l'héroïne principale essaie par tous les moyens de conquérir l’élu de son cœur, inaccessible car portant une part sombre en lui. On ajoute quelques éléments comme des accents irlandais à se tordre de rire et des scènes fantaisistes par leur premier degré, avec un soupçon de costumes sorti tout droit de la nouvelle collection cottagecore chic et on obtient le film de John Patrick Shanley. Cependant, il serait dommage de considérer le long métrage comme un ratage complet.

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Amours irlandaises commence avec la formule du conte, “il était une fois”, énoncé par Christopher Walken. Il interprète Tony Reilly, le père d' Anthony (Jamie Dornan), qui nous raconte l’histoire de son fils et de Rosemary (Emily Blunt) , alors qu’il vient de mourir. Accompagnée par les magnifiques paysages irlandais, cette voix fantôme ouvre les portes d’un univers enchanteur. La prairie est verdoyante, le calme règne dans ce petit village, où deux fermes cohabitent dans la joie et la bonne humeur. Hélas, la mort guette les personnages et parsème le récit de son inéluctabilité. Le patriarche de la famille Reilly et la matriarche de la famille Muldoon parlent de leur mort prochaine comme d’un événement banal. Le récit commence même par la mort du père de Rosemary. Un père aimant, quoique porté par son besoin de tuer les corbeaux autour de leur ferme. Anthony et Rosemary se connaissent depuis toujours, mais s’adressent peu la parole. Rosemary est sarcastique, d’une sincérité confondante, tandis qu’Anthony peine à lui présenter ses condoléances. Rosemary aime Anthony, d’un amour tendre qu’elle porte depuis l’enfance. Elle croit véritablement qu’il est fait pour elle et que leur histoire ne peut se terminer que par un mariage, comme dans un conte de fée. Malgré cet univers merveilleux, le cinéaste place ses personnages dans un monde réaliste. Des histoires d’héritages, de mal-être, de solitude et même de dépression ponctuent ce conte et les ramènent dans une réalité bien désolante. Si l’on regarde Amours irlandaises par ce biais, le côté ridicule s’explique par leur incapacité à s’ancrer dans le réel. Portés par la solitude qu'instaurent les fermes, placées très loin de la ville, nous avons l’impression que les personnages se sont réinventés, trompant ainsi l’ennui et une atmosphère déprimante. Ils et elles deviennent des caricatures de ces récits enchanteurs, mais sont bien incapables de sortir de cette bulle. Le bref voyage de Rosemary à New York lui prouve cette incapacité à se fondre dans la masse. Sa candeur devant le ballet Le lac des cygnes, son côté premier degré, sa réaction face à un baiser. Toutes ses réactions sont poussées à l’extrême et la persuade de passer à l’action auprès d’Anthony. Le climax tant attendu des comédies romantiques se transforment en prise de conscience pour les deux personnages. Une prise de conscience hilarante pour des yeux extérieurs, devant la révélation d’Anthony (on vous laisse la surprise intacte), mais importante pour eux deux. Leur union symbolise alors la décision de rester dans une bulle et de combler leur solitude.

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Dans un mélange improbable entre Orgueil et préjugé, Tamara Drewe et un téléfilm de l’après-midi, Amours irlandaises est une comédie romantique singulière, se servant des codes du conte pour raconter le poids de la solitude et l’envie de se créer une bulle de bonheur, hors du temps.
Laura Enjolvy[CRITIQUE] : Amours irlandaises