Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’homme de Bornéo » de Robert Mulligan.
« La dynamite c’est magique. Et il y a des moments ici où on a besoin de magie. Mais il ne faut l’utiliser que lorsque cela est indispensable »
En 1936, à Bornéo, Anton Drager débarque pour soigner la lèpre chez les locaux. Il devient l’assistant du spécialiste de la lèpre, le docteur Brits Jansen. Rapidement, il est rejoint par sa fiancée Els. Mais la jungle n’a pas encore livré tous ses mystères et le couple va être confronté à des forces difficiles à combattre…
« Dans le monde civilisé, vous pouvez ignorer Dieu impunément. Mais ici, dans la jungle, il faut sentir sa présence. Il vous pousse avec son doigt pour vous faire trembler un peu »
A l’instar de ses collègues John Frankenheimer, Sidney Lumet ou encore Arthur Penn, Robert Mulligan fait partie de cette jeune génération de réalisateurs formés à la télévision qui émerge à Hollywoodà la fin des années 50. S’il n’obtiendra pas la même reconnaissance que ses camarades – on lui reprochera de ne pas être un auteur, du fait notamment de son trop grand éclectisme – il mènera néanmoins une jolie carrière ponctuée de vingt films pour le cinéma. Avec comme thématique récurrente l’éveil à la réalité des adultes, par le biais de la confrontation entre l’innocence du monde de l’enfance et la violence du monde des adultes. A l’image de ses deux plus grands succès public et critique que sont « Du silence et des ombres » (1962) et « Un été 42 » (1971). Tourné quelques mois à peine avant « Du silence et des ombres », « L’homme de Bornéo » est l’adaptation du roman de l’auteur néerlandais Jan de Hartog.
« Un homme dans la brousse ne doit avoir qu’une pensée. Son travail doit occuper tout son esprit. Il doit être libre de toute attache »
« L’homme de Bornéo » nous plonge ainsi dans une aventure exotique prenant pour décor les luxuriantes forêts équatoriales des Indes néerlandaises (actuelle Indonésie), alors en proie à diverses épidémies et notamment la lèpre. Là, le récit suivra les tribulations d’un jeune médecin hollandais brillant mais arriviste, venu dans les colonies dans l’espoir de devenir une sommité en matière de maladies tropicales. Ce qui le conduira à mener un apprentissage sur le terrain des plus éprouvants durant lequel il sera confronté à de nombreuses situations dramatiques (la nécessité de bruler un village, la rencontre avec le directeur d’une léproserie dont la femme a été contaminée). Mais à mi-chemin de son film, Mulligan délaisse la dimension médicale du récit qui ne l’intéresse que moyennement pour mieux se consacrer à sa dimension humaine. « L’homme de Bornéo » se mue ainsi progressivement en un récit « conradien » : la quête du héros n’est alors plus tant scientifique que métaphysique. Comme si au fond, les différentes rencontres et expériences du héros n’avaient pour but que de lui permettre de se découvrir lui-même. Fort d’un scénario intelligent, Mulligan signe là une belle leçon d’humanité mais, aussi, d’humilité. Dommage cependant que le récit soit aussi étiré (2h20), parfois un peu inutilement, sacrifiant au passage certains personnages (notamment l’épouse du héros). Côté casting, si on apprécie la sobriété de Rock Hudson, on retiendra surtout les belles performances de Burl Yves et de la jolie Gena Rowlands, alors quasi débutante.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, outre les traditionnelles bandes-annonces, le film est accompagné d’un Portrait de Robert Mulligan (23 min.) et d’une présentation du film (8 min.) tous deux assurés par Jean-Pierre Dionnet ainsi que d’une analyse du film par Nachiketas Wignesan (22 min.).
Édité par Elephant Films, « L’homme de Bornéo » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 23 février 2021.
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