[CRITIQUE] : Le Dernier Voyage

[CRITIQUE] : Le Dernier Voyage

Réalisateur : Romain Quirot
Acteurs : Hugo Becker, Lya Oussadit-Lessert, Paul Hamy, Jean Reno,...
Distributeur : Tandem Films
Budget : -
Genre : Science-fiction.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Dans un futur proche, une mystérieuse lune rouge est exploitée à outrance pour son énergie. Alors qu’elle change brusquement de trajectoire et fonce droit sur la Terre, Paul W.R, le seul astronaute capable de la détruire, refuse d’accomplir cette mission et disparaît. Traqué sans relâche, Paul croise la route d’Elma, une adolescente au tempérament explosif qui va l'accompagner dans sa fuite.



Critique :

Odyssée dystopique à l'approche joliment westernienne et post-apo, #LeDernierVoyage, pas exempt de vrais défauts (mise en scène scolaire, rythme décousu, intrigue convenue,...), n'en reste pas moins une belle et radicale déclaration d'amour à tout un pan du cinéma SF des 80s/90s. pic.twitter.com/s1x5tKZnBU

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 19, 2021

Force est d'admettre que si le cinéma de genre peine sensiblement à se trouver une place dans l'hexagone, dû en grande partie à la frilosité (compréhensible mais frustrante) des firmes locales, la SF n'a pas forcément non plus l'opportunité d'exister un minimum, même si ce n'est pas faute de voir de-ci, de-là, quelques tentatives on ne peut plus ambitieuses émerger pour faire perdurer la flamme de l'espoir.
Mais quelques fois, seulement quelques fois, d'irréductibles gaulois vont à contre-courant de la distribution générale, et dégaine ce qui peut être - oui - un événement dans des salles obscures qui, justement, ne demande que cela.

[CRITIQUE] : Le Dernier Voyage

Copyright Tandem Films


Appeler à incarner non pas une oeuvre de réconciliation (difficile d'imaginer qu'il cartonnera suffisament pour faire des petits), mais au minimum, un rappel essentiel et une manière d'apprivoiser un auditoire qui peine à voir SF et FR dans la même phrase sans être méprisant (comprendre : stupide), Le Dernier Voyage de Romain Quirot - tout est dans le titre ou presque -, à la campagne promotionnelle expéditive (réouverture des salles oblige), est de ces petits bouts de cinéma ambitieux qui même pétri de maladresses, ne peut qu'emporter l'adhésion par son souci enthousiaste de bien faire et de ne pas prendre son spectateur pour une poire.
Adaptation du court-métrage éponyme du même cinéaste, flanqué dans un futur plus ou moins proche ou une mystérieuse lune rouge exploitée par l'homme pour sa source d'énergie, s'en vient à lui faire payer son arrogance en fonçant droit sur la Terre (et ou notre seul espoir de survie, un astronaute, s'est fait la tangente); la péloche ne tarde jamais vraiment à dévoiler les limites de son concept (de grosses longueurs collant à un rythme décousu, quelques facilités et surtout une intrigue convenue qui peine à démontrer son intérêt final), comme si Quiron, dont la sincérité d'exécution est indiscutable, ne cherchait pas à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, mais à convoquer un vrai esprit d'expérience à part, visant plus le vertige des sens qu'un éblouissement narratif.
Un choix payant car si son intrigue, au demeurant honorable, ne casse pas trois pattes à un canard unijambiste et sent de nombreuses références plus ou moins bien digérés, son décorum lui, pue la science-fiction de tous ses pores - malgré un budget que l'on sait pertinemment riquiqui.

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Odyssée dystopique et intime à l'approche savoureusement westernienne et post-apocalyptique (coucou tonton Miller), bien incarné (même si notre Jean Reno national est toujours aussi monolithique) prenant le pas bricolo-ambitieux et parfois maladroit des films de Neil Blomkamp, qui n'ont jamais peur de dévoiler la crasse de l'âme humaine - même si le propos politique est ici mesuré -; Le Dernier Voyage imprime la rétine même si une mise en scène moins scolaire et une histoire plus approfondis (rappelons-le, c'est un premier long-métrage), lui aurait sans doute permis d'aller encore plus loin qu'une belle déclaration d'amour à tout un pan du cinéma SF des 80s/90s.
Des plus ou moins grosses épines donc sur une rose nostalgique et radicale dont on ne décrira jamais assez l'importance et la fraicheur, dans un septième art hexagonal qui en a cruellement besoin.
Jonathan Chevrier
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