[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #147. Il Gatto Nero

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #147. Il Gatto Nero

Copyright Selenia Cinematografica


Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #147. Il Gatto Nero
#147. Le Chat Noir de Lucio Fulci (1982)
Au début des années 80, feu l'orfèvre Lucio Fulci est littéralement à l'apogée de sa carrière, en digne héritier gothique de Mario Bava qu'il est, le seul avec un Dario Argento encore en forme, à donner du coeur et de la chair à un cinéma bis - voire même à un cinéma tout court - italien qui allait vite ressentir la gueule de bois carabinée, d'une ivresse de trois décennies sur le toit du septième art mondial (oui, le cinoche italien était sans doute le meilleur cinéma du monde des 50s jusqu'au début des 80s).
Le bonhomme sort de trois bijoux majeurs - L'enfer des Zombies, Frayeurs et L'au-delà -, et par loyauté pour un ami producteur, il s'offre un petit retour en arrière dans son oeuvre avec Il Gatto Nero, petit bout de frayeur qui adapte une nouvelle phare d'Edgar Allan Poe; enfin, qui trahit plus qu'il n'adapte, souci de cohérence oblige comme Roger Corman en son temps avec Le Masque de la Mort Rouge, Le Corbeau et L'Enterré Vivant.

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Exit donc le récit d'une véritable descente aux enfers à la première personne (celle d'un homme hanté par le souvenir du chat qu'il ampute d'un oeil avant de le pendre à un arbre... ambiance), bonjour le récit fleuve au coeur d'un petit village d'outre-Manche loin d'être tranquille, ou un chat noir exerce un vrai pouvoir surnaturel macabre sur tous les habitants : dès qu'il apparaît, une personne disparaît et vient encombrer les pompes funèbres locales.
Occasion rêvée pour le cinéaste de se laisser aller à une folie macabre grand guignolesque, dont l'intrigue est subtilement cousue pour aligner les meurtres les plus graphiques qui soit dans une valse macabre savoureuse (empalement, griffures monstrueuses, torches humaines, tête à travers le pare-brise,...), le tout sublimé par la photographie de Sergio Salvati (derrière tous les grands Fulci).
Hommage sincère à Poe (même s'il ne garde que des bribes du récit original) et Corman (affirmé de la bouche même du Lucio), Le Chat Noir est autant la preuve du savoir-faire réel de Fulci que sa science unique du gothique; une oeuvre modeste mais essentielle.
Jonathan Chevrier
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