Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’union sacrée » d’Alexandre Arcady.
« Je suis arabe et français. Vous n’avez rien contre j’espère ! »
Simon Atlan, un inspecteur de la brigade des stupéfiants juif et pied-noir doit faire temporairement équipe avec Karim Hamida, un policier arabe. Les deux hommes doivent démanteler un réseau de trafiquants de drogue et d'armes mis en place par des musulmans extrémistes. Pour mener cette mission à bien, Karim et Simon devront mettre leurs différends de côté.
« Dans ce monde là, quand on se contente de faire les choses à moitié on est mort complètement »
Né en 1947 au sein d’une famille juive d’Algérie alors sous domination française, Alexandre Arcady porte au plus profond de lui-même le traumatisme de l’exil et du déracinement. Devenu cinéaste à la fin des années 70, après avoir bourlingué quelques années entre comédie et théâtre, son cinéma sera ainsi fortement marqué par la nostalgie de ces jeunes années douces et heureuses en Afrique du nord et la question de l’identité juive dans une société occidentale encore largement marquée par le racisme et par les horreurs de la Seconde guerre mondiale. Ces premiers films auront ainsi tous en commun de traiter de la vie des « Pieds-noirs » en Algérie, que ce soit sous l’angle de la chronique nostalgique (« Le coup de Sirocco », « Le grand carnaval ») ou du film de gangsters (« Le grand pardon », « Dernier été à Tanger »). En 1989, il tourne son sixième film, « L’union sacrée », film policier sur fond de racisme et de péril intégriste qu’il envisageait d’abord sous la forme d’une série dont le projet fut à l’époque proposé à Canal+.
« Toi et moi on est de la même famille, on a un même combat à mener ensemble »
En pleine vogue américaine du buddy movie (« L’arme fatale », « 48 heures », « Midnight run »), Alexandre Arcady reprend le concept à son compte en proposant un polar basé sur un tandem de flics dont l’antagonisme est avant tout religieux (un personnage est juif, l’autre musulman), faisant ainsi écho à sa propre histoire (et sa relation complexe avec son pays natal) et au climat social de la France d’alors (naissance de SOS racisme, affaire Malik Oussekine...). Partant d’une banale affaire de trafic de drogue, les deux hommes seront forcés de dépasser leurs préjugés pour affronter ensemble un groupuscule terroriste qui menace la France. Mais plus encore que la seule relation entre les deux hommes, parfois assez caricaturale, c’est surtout l’intrigue politico-policière qui se révèle d’autant plus intéressante qu’elle s’inspire de façon à peine voilée de nombreux évènements qui ont émaillé la décennie (attentat antisémite de la Rue des rosiers, affaire Wahid Gordgi, et de façons plus large des relations complexes avec l’Iran des mollahs et avec les pays arabo-musulmans) et qui donne lieu à un film rythmé et plutôt musclé. Et même si tout n’est pas réussi, loin s’en faut (tendance fâcheuse du cinéaste à une certaine emphase inutile, comme le choix maladroit de faire mourir la femme du héros à l’hôpital dans une expression de souffrance un peu too much plutôt que durant l’attentat, ou encore une scène de ménage gênante dans un restaurant), son discours de dénonciation des extrémismes religieux de tout poil est d’autant plus pertinent qu’il reste - hélas - plus que jamais d’actualité.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master 2k restauré, en version originale française (5.1). Des sous-titres anglais sont également disponibles.
Côté bonus, cette très riche édition propose un commentaire audio du cinéaste et de son scénariste, cinq interviews (Alexandre Arcady, Richard Berry, Patrick Bruel, Daniel Saint-Hamont), un making-of (36 min.), une galerie de photos et des bandes-annonces.
Édité par ESC Editions, « L’union sacrée » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 21 avril 2021.
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