[CRITIQUE] : La Sabiduría

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Eduardo Pinto
Acteurs : Sofía Gala Castiglione, Daniel Fanego, Analía Couceyro, Paloma Contreras, Lautaro Delgado,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Argentin.
Durée : 1h29min.
Synopsis :
Trois femmes, Mara, Tini et Luz, décident de passer un week-end en pleine campagne, mais ce qui semble être un séjour heureux se transforme en un sombre cauchemar lorsqu'elles prennent part à un rituel nocturne avec les habitants du coin. Ainsi commence un voyage dans la dimension insondable des plaines argentines, un voyage dans le temps, où les femmes étaient méprisées et les Indiens persécutés.

Critique :

Autant miroir des nombreux abus/humiliations (physiques comme psychologiques) auxquelles les femmes sont soumises au quotidien, qu'un regard juste sur l'idéalisation faussée de la nature et de la vie à la campagne, #LaSabiduria est une expérience un poil manichéenne mais prenante pic.twitter.com/Y0OYYDVBpX

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 22, 2021

La Sabiduría d'Eduardo Pinto aurait très bien pu débarquer dans les salles obscures au coeur d'un Étrange Festival, non pas que son usage du surnaturel soit plus poussé que le commun des péloches fantastiques, mais sa présence dans une salle aurait sans doute réellement pu accentuer son impact sur son auditoire, plus que sa très restrictive présentation en ligne.
Non pas que le nouveau long-métrage du réalisateur de Corralón en est besoin pour laisser pointer la pertinence de son propos, bien au contraire, tant son errance au coeur de la campagne argentine, est suffisamment explicite dans ce quelle désire montrer et démontrer.
De son titre, qui fait directement référence à l'estancia mais aussi au savoir et aux traditions des peuples latins, à l'histoire qui est en son coeur (les aléas de trois jeunes femmes qui quittent la capitale argentine pour se rendre dans un ranch éloigné de tout), tout le film n'est qu'une question de survie face à la férocité et à l'hostilité de l'homme.

Courtesy of Ravenna Nightmare Film Fest


Dans une terre ou les traditions des peuples indigènes ont fusionné avec celles des paysans dans une culture diverse pleine de ressentiment (et marquée par un regard masculin aussi sauvage qu'il est pervers), trompant la nature paisible de son cadre - au final tout aussi hostile que ceux qui l'habite -; le film se veut comme le miroir des nombreux abus et humiliations - physiques comme psychologiques - auxquelles les femmes sont soumises au quotidien (que ce soit sur leur lieu de travail, dans leur vie de couple ou plus directement, quand elles cherchent de l'aide auprès des autorités), multiples et probants exemple d'une société machiste à la remise en question difficile - voire parfois impossible.
Mieux, il se concentre également sur l'idéalisation faussée de la nature et de la vie à la campagne, en la mettant intelligemment en contraste (que ce soit les traditions macabres et la folie ancestrale, des problématiques déjà utilisées ad nauseam dans le cinéma de genre) avec la barbarie qui vit dans le cœur de l'homme, quel que soit le contexte ou le cadre dans lequel il vit.
Dommage que son écriture ne répond dès lors pas toujours à ses belles ambitions, la faute à une caractérisation assez caricaturale des personnages masculins, des partitions d'acteurs/actrices en demi-teinte mais surtout un symbolisme trop lourd même si compréhensible dans son envie d'exagérer les défauts de la société pour les opposer aux changements nécessaires à l'autonomisation des femmes.

Courtesy of Ravenna Nightmare Film Fest


Un poil manichéen donc mais réellement pétri de qualité, comme dans son atmosphère calme au suspens grimpant crescendo, et conscience de la nécessité à ne pas forcer son action et à laisser son histoire glisser lentement dans les voies de l'aliénation.

Jonathan Chevrier