[CRITIQUE] : Sons of Philadelphia

[CRITIQUE] : Sons of Philadelphia
Réalisateur : Jérémie Guez
Acteurs :  Matthias Schoenaerts, Joel Kinnaman, Maika Monroe, Ryan Phillippe,...
Distributeur : The Jokers/Les Bookmakers
Budget : -
Genre : Drame, Thriller, Action.
Nationalité : Américain, Français, Belge.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Philadelphie. Il y a trente ans, la famille de Michael a recueilli Peter à la mort de son père, dans des circonstances opaques. Aujourd’hui, Peter et Michael sont deux petits malfrats aux tempéraments opposés. L’un est aussi violent et exubérant que l’autre est taciturne. Quand Michael est désigné comme « gênant » par la mafia italienne », le passé trouble de la famille ressurgit…

Critique :

Plombé par une narration lente et gentiment ankylosée par ses flashbacks, pêchant aussi bien par son manque cruel de tension que d'originalité et de dramaturgie,#SonsofPhiladelphia ressort la même tambouille du polar US lambda entre loyautés testées, trahisons et violence extrême pic.twitter.com/5QPmLUrzsr

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 26, 2021


Force est d'avouer que pour son premier passage derrière la caméra, Jérémie Guez avait gentiment su nous piquer au vif avec Bluebird, un thriller qui, sans réinventer le genre - mais en l'épousant d'une fougue et d'une passion sincère -, incarnait un petit bout de cinéma faisant joliment parler les muscles et le coeur avec puissance; privilégieant des séquences vraies percutantes et une atmosphère psychologique intense, à la mise en images fine et originale d'une renaissance mélancolique à forte tendance revenge movie.
Tellement conquis que l'on attendait même de pied ferme sa péloche de " confirmation ", Sons of Philadelphia, adaptation du roman Brotherly Love de Pete Dexter et adoubé par la cuvée 2020 (miraculeusement épargnée par le Covid) du festival du film ricain de Deauville.
Moins un examen nuancé du comportement de la petite pègre de Philadelphie aux figures glaciales, qu'un objet certes appliqué mais dénué d'originalité, s'inscrivant dans la plus pure tradition du polar à l'américaine comme on les dénombre à la pelle - ou presque - chaque année, ce second long laisse planer la vérité que même armé du plus bel arsenal possible et des meilleures intentions, il est parfois impossible de pleinement viser juste.

[CRITIQUE] : Sons of Philadelphia

Copyright Nelson Gedalof


Si l'on ne pourra jamais reprocher au cinéaste de peindre son conte " gangsterien " avec un enthousiasme et des couleurs assez authentiques (jouissant du cadre grisâtre et désenchanté parfait qu'incarne Philadelphie), difficile de ne pas lui imputer un minimum les ravages d'une histoire terne, manichéenne et déconnectée, qui ne donne jamais réellement l'envie à son auditoire de se soucier du sort de ses personnages.
Tant bien même que les partitions plutôt impliqués du tandem Kinnaman/Schoenaerts (habitués du genre), arrivent à donner de la vie à ces deux âmes coincées dans un vortex de la violence incarnant la " norme " pour leur famille, et dont ni l'un ni l'autre ne semblent pouvoir se détacher.
Plombé par une narration lente et prévisible gentiment ankylosée par ses flashbacks, pêchant aussi bien par son manque cruel de tension que de dramaturgie, Sons of Philadelphia ressort la même tambouille de loyautés testées, de trahison et de violence extrême, sans chercher à y apporter son propre ingrédient secret ni même reproduire la recette avec rigueur.
Pas de quoi créer une indigestion pour autant - malgré une frustration bien réelle -, mais pour des palais un tant soit peu habitué à ce genre de plat radical, le tout aura un sacré goût de flotte.

Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Sons of Philadelphia