MÉANDRE (Critique)

MÉANDRE (Critique)MÉANDRE (Critique)SYNOPSIS: Une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer...

La réouverture des salles de cinéma, accompagnée de sa grande quantité de courageux films qui ont le malheur - ou la chance - d'être envoyés au front dans les premiers rangs, connaît curieusement et bénéfiquement une mise en lumière bien venue de productions qui seraient potentiellement passées sous le radar du grand public dans un circuit de sortie classique. En raison des décalages abondants des plus imposantes sorties populaires sous la tutelle des mastodontes absolus du divertissement cinématographique contemporain, les semaines qui suivent ce mercredi 19 mai 2021, jour de libération, possèdent à leurs côtés des propositions rares qui profitent alors de la place laissée par les absences remarquées de Black Widow, The French Dispatch, Dune ou encore Kaamelott Premier Volet. Et parmi ces récentes mises en lumière figurent des tentatives françaises de films de genre qui se retrouvent alors en tête d'affiche et au centre de l'attention. Le Dernier Voyage, bientôt La Nuée et Teddy, ou même les apparitions sur les plateformes de SVOD de Oxygène ou de Comment je suis devenu Super-Héros... La période compliquée pour le cinéma de façon globale semble alors être paradoxalement une aubaine assez étonnante pour l'horreur et le fantastique français, brutalement passé d'un statut d'outsider rare et à la qualité variable dans l'inconscient collectif à celui d'œuvres accompagnant avec leurs propositions artistiques et techniques singulières une réouverture des salles totalement inédite. C'est donc dans ce climat que débarque le tortueux Méandre sur nos écrans.

MÉANDRE (Critique)
Dans Méandre, nous suivons les aventures de Lisa, jeune femme en proie à un douloureux deuil, qui se retrouve mystérieusement prisonnière d'un réseau de tunnels ponctués de pièges mortels qu'elle doit surmonter pour pouvoir espérer trouver une éventuelle sortie à son cauchemar. Second long-métrage de Mathieu Turi après avoir construit Hostile en 2018, mix entre un récit postapocalyptique madmaxien, une romance américaine et une huis-clos zombiesque qui possédait de très bonnes idées parfois pesée par une dynamique de flash-backs un peu confuse, Méandre reste à l'instar de son premier film une œuvre d'horreur à concept, qui vient même faire écho par un curieux hasard de timing à celui du Oxygène d' Alexandre Aja, qui présente également une femme prisonnière d'un espace clos cherchant continuellement à en percer les secrets pour pouvoir espérer sortir. Mais Turi, à la différence notable d' Aja, met sa protagoniste en mouvement constant dans son espace clos. Méandre se présente alors comme un survival fantastique à l'esthétique futuriste (via cette combinaison tout droit sortie d'un opus de Tron ou ses couloirs métalliques à l'apparence de vaisseau alien), explorant son méandre en même temps que le passé de son héroïne et les mystères cachés dans le concept de l'intrigue. Mais bien que la mise en scène intelligente et les remarquables trouvailles visuelles permettent au film de rapidement et efficacement construire une véritable atmosphère angoissante et pesante, le scénario trop creux et pas assez déterminant et significatif dans l'avancée du récit pèse l'ensemble par sa légèreté, parvenant difficilement à surprendre et à émouvoir dans ses twists finaux. De même, la protagoniste, interprétée avec justesse et puissance par Gaia Weiss, a finalement du mal à tirer son épingle du jeu dans cette histoire qui ne parvient jamais trop à la positionner dans l'intrigue, pour finalement la centrer dans le déroulé du scénario sans de vraies justifications narratives.

MÉANDRE (Critique)
Mais Méandre réussit quand même à proposer un spectacle tendu, sinueux et mystérieux à travers cet intelligent croisement de Saw et de Cube qui - même si son univers n'atteint jamais la portée de ces deux œuvres - porte sur ses épaules un héritage précis de huis-clos oppressif et en constant mouvement, où Turi peut faire circuler sa caméra volubile et voyeuse là où bon lui semble à travers ces gigantesques tunnels comme à travers les parois de ses pièges. La dynamique de son récit s'en retrouve alors plus forte, bien qu'elle délaisse alors l'émotion pure et détourne maladroitement le regard des véritables développements que les personnages auraient pu avoir.

MÉANDRE (Critique)

MÉANDRE (Critique)
Proposition concept piégeuse et tortueuse qui enferme autant sa protagoniste que son potentiel inexploré, Méandre se dote d'une technique admirablement bien exécutée et d'un très bon casting, mais manque par ses enjeux et par ses variations de tons d'un réel équilibre et d'ampleur dans son propos, qui semble alors trop survolé pour ne pas paraître superficiel. Mathieu Turi signe malgré tout un deuxième long-métrage à la mise en scène inspirée dont l'amour du genre suinte par toutes les parois de ces interminables tunnels, dont on aurait aimé trouver une véritable issue dans sa finalité.

Titre Original: MÉANDRE

Réalisé par: Mathieu Turi

Casting : Gaia Weiss, Peter Franzen, Romane Libert ...

Genre: Thriller, Science fiction, Epouvante-horreur

Sortie le: 26 mai 2021

Distribué par: Alba Films

MÉANDRE (Critique) BIEN