[CRITIQUE] : Boîte Noire

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Yann Gozlan
Avec :  Pierre Niney, Lou de Laâge, André Dussollier,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Thriller, Drame
Nationalité : Français.
Durée : 2h09min
Synopsis :
Que s’est-il passé à bord du vol Dubaï-Paris avant son crash dans le massif alpin ? Technicien au BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile, Mathieu Vasseur est propulsé enquêteur en chef sur une catastrophe aérienne sans précédent. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? L’analyse minutieuse des boîtes noires va pousser Mathieu à mener en secret sa propre investigation. Il ignore encore jusqu’où va le mener sa quête de vérité.

Critique :

Tutoyant du bout de la pellicule les thrillers paranoïaques/conspirationnistes des 70's, #BoiteNoire est une jolie expérience tendue et sensorielle, un petit bout de suspense précis et anxiogène n'usant d'aucun artifice autre que la densité de sa narration et son casting 4 ☆. pic.twitter.com/c5YMHXEiK4

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 27, 2021

On avait laissé le tandem Yann Gozlan/Pierre Niney avec une brillante première collaboration, le thriller Un Homme Idéal, ou la descente aux enfers éprouvante d'un arriviste tourmenté et fragile mais pourtant attachant, en total perte de repère et qui s'échinait coûte que coûte à constamment préserver les apparences pour ne pas perdre tout ce qu'il a honteusement conquis (notamment le cœur de sa bien-aimée dont l'amour s'est construit sur des boniments).
Un vrai petit bout de cinéma comme on les aime, riche et subtil, offrant une réflexion intéressante sur l'esprit de création aussi épanouissant que douloureux mais également sur une certaine image de la bourgeoisie et du milieu littéraire, Gozlan maîtrisant à merveille sa tension et son suspense, usant avec intelligence de ses références multiples (les cinémas de Chabrol, Allen et Hitchcock mais surtout le chef d'oeuvre Plein Soleil de René Clément), autant que de la performance habité d'un Pierre Niney merveilleusement troublant et inspiré.

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Un duo gagnant, qui confirme cette vérité devenue générale avec Boîte Noire, plongée fascinante et passionnante au coeur justement, du monde de l'analyse de boîte noire, un thriller aérospatial croqué tel un mystérieux puzzle ou la quête de vérité est éprouvé par les mensonges, les dénonciations, la corruption et autres complots d'entreprises.
Lorsqu'un avion flambant neuf faisant la liaison entre Dubaï et Paris s'écrase, Mathieu (Niney, qui portait déjà le même prénom pour Un Homme Idéal), l'un des meilleurs analystes de boîtes noires et technicien au BEA, se voit confier la tâche de découvrir ce qui s'est réellement passé.
Mais quelque chose - ou quelqu'un - repousse cette vérité, ce qui ne fait que rendre Mathieu, pas de nature conciliante, encore plus méfiant mais surtout déterminé à en savoir plus.
Contre les ordres de ses supérieurs et risquant sa carrière aussi bien que sa vie de couple (sa femme travaille elle aussi dans le monde de l'aviation, et justement dans la compagnie qui vient de perdre un avion), il s'enfonce de plus en plus dans les méandres d'un réseau de mensonges et de dissimulations, alors que sa santé mentale est férocement mise à l'épreuve au fur et à mesure que son enquête va plus loin qu'il n'aurait jamais pu l'imaginer...
Flamboyant de bout en bout, pur moment de cinéma atmosphérique et sensorielle rappelant instinctivement le fantastique Le Chant du Loup d'Antonin Baudry, aussi bien dans son rapport intime avec le son et l'analyse sonore, que dans les doutes et les vertiges légitimes de son héros à l'ouïe surhumaine - ou presque -; le film tutoie du bout de la pellicule, les merveilleux thrillers paranoïaques et conspirationnistes des 70's (comme pouvait le faire le solide Une Affaire d'État d'Éric Valette), épousant avec habileté les tropes du genre tout en ne sapant jamais l'intelligence de son auditoire pour autant.

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Psychologiquement dense et tendu comme la ficelle d'un (petit) string, n'usant d'aucun artifice autre que la densité de sa narration et la crédibilité de la caractérisation de ses personnages, tous brillamment incarnés (d'un excellent Pierre Niney, à la performance tout en intériorité et tranquillement nuancée, à une Lou de Lâage captivante, sans oublier un André Dussolier impérial), Boîte Noire peut se voir comme un thriller de première classe riche en rebondissements, un roller coster précis et anxiogène qui prend son temps (trop peut-être, selon les goûts) pour installer tous ses enjeux et son vertige.
On appelle ça une réussite, tout simplement, et l'un des gros rendez-vous immanquable dans les salles obscures hexagonales, au retour d'un été des blockbusters qui n'en sera finalement pas totalement un...

Jonathan Chevrier