[CRITIQUE] : The Slaughterhouse

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Abbas Amini
Avec : Amir Hossein Fathi, Mani Haghighi, Hassan Pourshirazi, Baran Kosari,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Policier.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Amir vient d’être expulsé de France et retourne vivre chez son père en Iran. Par solidarité familiale, il se retrouve impliqué dans un crime atroce qui va l’amener à fréquenter le milieu peu fréquentable de l’échange de devises étrangères au marché noir. Mais la culpabilité le ronge…

Critique :

Entre le thriller et le drame social, #TheSlaughterhouse est un pur film noir à la mise en scène clinique comme l'Iran sait si bien les faire, qui pointe habilement du bout de la caméra les fractures sombres et béantes d'un système de classe dont les écarts ne cessent de grandir. pic.twitter.com/1EbydyWSom

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 28, 2021


Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques, censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare.
S'inscrivant pleinement dans ses deux vérités, tout en s'amusant à creuser les limites de l'humanité sous la pression intense d'une communauté et du sceau de la culpabilité voire de la tentation; The Slaugtherhouse d'Abbas Amini est la seconde bande iranienne à trouver son chemin au sein de la compétition du Reims Polar, avec le magistral La Loi de Téhéran de Saeed Roustayi - qui lui répond d'ailleurs sur de nombreux points -, mais aussi et surtout un vrai film noir à la mise en scène clinique comme l'Iran sait si bien les produire.

Copyright Droits réservés


Entre le thriller intime et le drame social, avec son pitch gentiment tortueux (un gardien d'un abattoir iranien, découvrent trois corps gelés au milieu d'une zone de froid, et se voit obligé par son patron - tout comme le fils de celui-ci -, de régler le problème en enterrant les corps chez ce dernier), Amini se sert habilement du cadre mystérieux et glauque d'un abattoir, comme du miroir symbolique et pertinent d'une société contemporaine froide et à la violence inhérente, ou chaque âme est littéralement tenu en crochet par les restrictions.
Plus intéressé par l'immoralité qui gangrène un système qui, justement, les favorises, plus que sur la culpabilité autour des trois disparitions au coeur de l'intrigue, The Slaughterhouse pointe du bout de la caméra les fractures béantes d'un système de classe dont les écarts ne cessent de grandir, et combien les plus forts use de celui-ci pour manipuler les plus faibles - par nécessité et surtout un souci survie -, des hommes et des femmes qui ne valent guère mieux que le bétail d'un abattoir.
Une logique cruelle (la morale n'appartient finalement qu'à ceux qui ne peuvent rien se permettre d'autre) au sein d'un film qui l'est tout autant, un drame lancinant qui s'il ne répond jamais vraiment aux questions/pistes qu'il développe (ni n'offre une caractérisation de ses personnages suffisamment puissante), incarne une oeuvre honnêtement emballée et porté par un casting impliqué (Amir Hossein Fathi en tête).

Jonathan Chevrier