[CRITIQUE] : Negra

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Medhin Twolde Serrano
Acteurs : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Mexicain.
Durée : 1h12min.
Synopsis :
Qu’est-ce qu’être une femme noire au Mexique ? C’est la quête menée par la réalisatrice à travers les portraits de cinq femmes afrodescendantes, dont les voix s’élèvent face aux stéréotypes. Negra éclaire la diversité des luttes pour transcender les violences racistes et sexistes subies au quotidien.



Critique :

Pointant justement du bout de la caméra le racisme bien réel qui existe au Mexique envers la communauté afro-descendante,#Negra est autant un vibrant questionnement identitaire pour 5 femmes aux personnalités bien distinctes, qu'un important devoir de mémoire puissant et touchant pic.twitter.com/xJZnhErg07

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 29, 2021


Passé bien trop sous les radars cinéphiles en cette période un poil bénie, ou les salles obscures peuvent de nouveau laisser leur magie s'exprimer, l'édition 2021 de l'Ojoloco nous aura pourtant réservé de belles séances en ligne, aussi bien dans sa section fiction que dans celle des documentaires, le puissant Negra de la réalisatrice afro-mexicaine Medhin Twolde Serrano, pouvant même clairement prétendre à en être l'un des plus hauts faits.
Reposant sur cinq témoignages - dont celui de la cinéaste même - de femmes afro-mexicaines d'Oaxaca, et pointant du bout de la caméra le racisme bien réel qui existe au Mexique envers la communauté afro-descendante, le documentaire se fait une cartographie essentielle de cette micro-communauté et expose le déni abject de tout un pays face à leur existence (entre insultes banalisés, rejets systémiques,...).

Terra Nostra Films / Ambulante


Questionnement identitaire vibrant sur ses âmes aux personnalités bien distinctes, privées de leur héritage culturel depuis des siècles, chargées de réconcilier un passé douloureux d'esclavage tout en maintenant une identité vivante pour les générations à venir, le film fait preuve d'un vrai travail de recherche aussi bien pluriel qu'intime (la réalisatrice fouille dans ses propres cicatrices avant de se connecté à celles d'autres femmes de sa communauté, et comment l'art les a aidé dans le processus d'acceptation et d'identification), entre un affrontement douloureux des stigmates du quotidien - intériorisés parce que banalisés -, et la réouverture des blessures - encore béantes - du passé; pour mieux démontrer la triple peine du racisme et de la discrimination raciale : celle de faire face à la honte/douleur du passé, celle de résister et la nécessité de faire face à la haine dans le présent, et l'espoir rageur de faire changer les choses pour les générations futures.
Negra est un grand examen de conscience autant qu'un important devoir de mémoire puissant et touchant, dont la catharsis vient de la reconnaissance et du partage d'une expérience féminine universelle faites entre femmes, pour le monde.

Jonathan Chevrier