[AVIS] Falling, une oeuvre pleine d’émotions !

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Synopsis :

John vit en Californie avec son compagnon Eric et leur fille adoptive Mónica, loin de la vie rurale conservatrice qu'il a quittée voilà des années. Son père, Willis, un homme obstiné issu d'une époque révolue, vit désormais seul dans la ferme isolée où a grandi John. L'esprit de Willis déclinant, John l'emmène avec lui dans l'Ouest, dans l'espoir que sa soeur Sarah et lui pourront trouver au vieil homme un foyer plus proche de chez eux. Mais leurs bonnes intentions se heurtent au refus absolu de Willis, qui ne veut rien changer à son mode de vie...

C'est la première belle surprise de cette réouverture des salles qui fait tant de bien : , le premier film en tant que réalisateur du bien aimé Viggo Mortensen interprète d'Aragorn dans Le Seigneur des Anneaux mais aussi acteur dans A History of Violence, Les Promesses de l'ombre, Captain Fantastic ou plus récemment Green Book Oscar du meilleur film en 2019.

Passer derrière la caméra est toujours une étape difficile, et bien que les exemples de réussites ne manquent pas (Clint Eastwood, , , John Cassavetes...), être un bon acteur ne garanti d'être un bon réalisateur. Et pourtant, Viggo Mortensen réussi ce petit tour de force plein de maîtrise et d'élégance avec Falling.
Un film, qui après avoir affronté quelques difficultés de financements et une pandémie mondiale s'est enfin offert une sortie ciné, qui plus est le jour de la grande reprise tant attendue. Le film labellisé Cannes 2020 offre une heure quarante d'émotions où l'acteur/ réalisateur explore une relation chaotique entre un père et son rejeton, portrait d'une rupture de deux Amériques distinctes. Sa sortie initiale proche des élections illustre ainsi parfaitement cette scission de l'Amérique.

Viggo Mortensen est John Peterson

L'on retrouve notamment une belle manière de mettre en avant le jeu de chaque acteur à travers le cadre. Le nouveau réalisateur laisse en effet le temps à ses comédiens de s'exprimer notamment à travers un geste, un regard, un silence bienvenue. Car si le Falling est quelque peu bavard à travers le personnage haut en couleur de Willis ( Lance Henriksen), la véritable force de Mortensen est cette maîtrise dans la mise en scène du non dit. A l'image de son personnage, pas besoin d'expliciter de par le dialogue des évidences qui alourdiraient le récit. Et ceci donne une puissance particulière à ces divers face à face entre père et fils car l'on ressent cette tension, cette émotion rare que la caméra de l'acteur/réalisateur parvient à capter.


Plus qu'un réalisateur, l'acteur du Seigneur des Anneaux s'avère être un bon metteur en scène au service de l'émotion. L'on y observe un véritable soucis du cadre, des lumières naturelles ainsi que du montage. Tout est parfaitement rythmé au même titre que le jeu de ses acteurs. Un point qu'il faut d'ailleurs souligner tant Mortensen brille de milles éclats sans toutefois éclipser les autres, et surtout pas Lance Henriksen (Saga Alien, Mort ou vif, Terminator...) particulièrement délicieux dans son rôle.

Mortensen parvient avec un personnage détestable à nous attendrir. La confrontation père/fils, force brute/ force calme fonctionne merveilleusement bien. Le récit étant construit de telle manière que l'on apprend à connaître et comprendre au fur et à mesure la complexité de la situation actuelle. Car Willis, bien qu'hilarant au début, en devient de plus en plus gerbant selon les situations avec son fils, toujours plus ou moins impassible, fatigué. Là est d'ailleurs peut-être le principal défaut du film : une morale sans doute pas assez nuancée autour du personnage de Willis.

Lance Henriksen est Willis


Nous avons le point de vue du fils, un point de vue apaisé avec le temps, avec ce fils qui semble avoir pardonné à son père d'être ce qu'il est. Loin du mépris, il s'agit ici plutôt d'amour. Un amour remarquable, admirable qui rend le personnage profondément noble et grand. Au contraire, Willis est montré comme un être détestable, remplis de vices et seul l'une des dernières scènes nous montre ce qu'il se cache sous toutes ces insultes, ce mépris et cette haine générale envers tout ce qui existe.


Une scène qui résume le talent de Mortensen dans sa mise en scène, son cadrage ainsi que sa direction d'acteur. Une scène qui résume toute la beauté de Falling qui pourrait bien être la petite perle de l'année. Une belle réussite qui fonctionne à tout moment, de part sa forme maîtrisée malgré un propos vu et revu. Il ne s'agit pas d'une belle copie bien scolaire mais bien d'une œuvre où l'acteur/réalisateur y a mis toute son âme et tout son cœur. On le sent et l'on a hâte de découvrir ses prochaines œuvres , toujours sur le grand écran.

Alors qu'on retrouvera Viggo Mortensen prochainement à l'écran dans Crimes of the Future de David Cronenberg, les deux amis acteurs et réalisateurs ont échangés leurs rôles dans Falling le temps de quelques plans. David Cronenberg incarne ainsi le Dr. Klausner pour notre plus grand plaisir. On espère que leur collaboration va durer et nous offrir quelques magnifiques oeuvres dans le futur !

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