Réalisateur : Burhan Qurbani
Acteurs : Welket Bungué, Jella Haase, Albrecht Schuch,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Allemand, Néerlandais.
Durée : 3h03min.
Synopsis :
Une nouvelle adaptation du roman culte de Alfred Döblin de 1929.
Berlin, aujourd'hui. Francis, 30 ans, est un réfugié de Guinée-Bissau qui se retrouve dans la capitale allemande après avoir traversé illégalement la Méditerranée sur un bateau. Seul survivant du voyage, il se rend vite compte que gagner sa vie honnêtement en tant que réfugié apatride sans papiers est pratiquement impossible. Francis s'efforce d'abord de rester sur la bonne voie, même après avoir rencontré le trafiquant de drogue allemand Reinhold, et Francis se retrouve ainsi aspiré dans le monde souterrain de Berlin.
Critique :
Nouvelle adaptation du monument littéraire allemand éponyme signé Alfred Döblin,#BerlinAlexanderplatz est une descente aux enfers stylisée et exhaustive, une fable moderne fleuve ou son cinéaste dégaine tous les artifices possibles pour la rendre la + dense et empathique possible pic.twitter.com/fMie7BOrKH
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 30, 2021
Pour tous les amoureux du regretté Fassbinder, son adaptation fleuve - une mini-série de 15 heures -, du Berlin Alexanderplatz d'Alfred Döblin, toujours considéré comme l'une des plus grandes œuvres de la littérature allemande du XXe siècle, pouvait se considérer comme l'une de ses expériences de décathlon culturel sur lesquelles nous pouvions aussi bien mesurer notre dévouement que notre amour de l'art (son coffret Criterion est toujours disponible en ligne).
Certes moins imposant (ne serait-ce que par sa durée - trois heures - évitant toute concurrence), mais tout aussi habité par une fascination passionnée pour le portrait de la pègre de Weimar, l'adaptation condensée et modernisée de Burhan Qurbani n'en est pas moins follement opératique et divertissante - comme un certain versant du renouveau du cinéma allemand, finalement.
Embrassant les affres de l'exagération et de l'exubérance, le film évite le cadre original des 20's pour celui de l'Allemagne moderne, et mieux étayer son commentaire sur le traitement et la gestion des dernières vagues d'immigrations outre-Rhin.
Franz Biperkopf devient donc Francis (Welket Bungué, exceptionnel), un réfugié de Guinée-Bissau, qui, en s'échouant sur les rives de l'Europe, jure de toujours être quelqu'un de bien et de tout faire pour rester du bon côté de la loi.
Incapable d'obtenir légalement un travail car il n'a pas de titre de séjour, Francis travaille donc illégalement sur un chantier de construction, mais lorsqu'il est blâmé pour un accident qui entraîne un collègue à l'hôpital, son rêve d'une vie normale plonge gentiment dans les limbes.
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Et c'est là qu'apparaît Rienhold, qui lui propose de travailler sur son entreprise de trafic de drogue, une offre qui, vu sa condition, est difficile à refuser pour Francis...
Ne taisant pas des vérités bien réelles (la précarité, pas uniquement des immigrés, qui pousse à tomber dans l'enfer du trafic de drogues, la carotte des papiers d'identités qui les pousse à arpenter l'illégalité ou encore la gangrène du racisme ordinaire, et la difficulté des allemands de couleurs à s'intégrer puisque justement uniquement jugés sur leur couleur de peau,...), tout en donnant la parole à des minorités qui ne l'ont jamais eu ou presque, au sein d'un Berlin dont les excès sont volontairement exacerbés (une toile de fond complexe pour mieux explorer les aternoiements intérieur de son héros); Berlin Alexanderplatz est une véritable descente aux enfers stylisée et exhaustive ou son cinéaste dégaine tous (trop?) les artifices possibles (prises de vues inversés, voix-off surprésente, élans philosophiques, flashbacks/flash-forwards,...) pour la rendre la plus dense et empathique possible.
Si le procédé peut parfois user, d'autant plus sur un recit aussi fleuve, l'énergie et la générosité déployées par Qurbani font de cette simbre et tragique quête de rédemption à l'écriture ciselée et aux personnages finement caractérisés (même si les interprétations elles, sont un poil plus discutables), une vraie proposition de cinéma galavanisante.
Indiscutablement, l'une des belles découvertes de cette cuvée 2021 du Reims Polar.
Jonathan Chevrier