[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #137. Semaine du 30 mai au 5 juin

Par Fuckcinephiles

Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.

Semaine du 30 Mai au 5 Juin.


Dimanche 30 Mai. La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro sur France 2.
Elisa Esposito est muette. Elle travaille dans un laboratoire gouvernemental ultrasecret comme concierge. Elle mène une existence routinière et sans histoire mais sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres : elle découvre l’existence d’une créature amphibie cachée dans l’un des bassins de l’établissement.
Film de la consécration pour Guillermo Del Toro qui ira chiper le Lion d’Or à Venise afin de se faire couronner roi de la cérémonie des Oscars 2018 avec 4 statuettes. Alors forcément, La Forme de l’eau, à une réputation et entraine une question : est-il si bon que cela ? La réponse est oui. Non seulement l’œuvre se savoure comme une sorte de synthése du cinéma de Del Toro, mais aussi comme une mue de ses propres obsessions. Ici le metteur en scéne troque la noirceur du Le Labyrinthe de Pan pour amener son récit vers la fable précieusement candide. Sorte d’idéal inatégniable, La Forme de l’Eau vient braquer les projecteurs sur des personnalités souvent restées dans l’ombre. Afro-américaine, muette et homosexuel sont pour Guillermo Del Toro des sortes de monstres pour l’époque, des personnes en dehors de la société à qui il offre toute la puissance de son cinéma. En ressort un film à la poésie enivrante, aux émotions puissantes et laissant sur nos lèvres un doux sourire.

Mercredi 2 Juin. Ben-Hur de William Wyler sur C8.
Judas Ben-Hur, prince de Judée, retrouve son ami d’enfance Messala, venu prendre la tête de la garnison de Jérusalem. Mais leur amitié ne peut résister à leurs caractères différents. Alors qu’une pierre tombe du balcon de la maison familiale de Ben-Hur, manquant de tuer le gouverneur qui paradait plus bas, Messala trahit son ami qu’il sait innocent en l’envoyant aux galères et en jetant en prison sa mère et sa sœur. Ben-Hur jure alors de reconquérir sa liberté et prépare sa vengeance.
Quand on dit péplum, l’un des premiers films, si ce n’est le premier, qui vient en tête est Ben-Hur. Il faut dire que le long-métrage avec ses quelques 3 h 30 de pellicule et ses 11 Oscars a de quoi laisser une petite empreinte dans nos petits cerveaux. Véritable œuvre de studio, Ben-Hur dégage un académisme certain, mais il bénéficie également d’une véritable âme inssufler par son réalisateur, William Wyler. Le cinéaste a su faire de ce projet de commande un film avec une âme. Cela passe par quelques idées de mise en scène absolument géniale dont, forcément, la gargantuesque course de chars, sans musique, et dont le montage parvient encore aujourd’hui a décoiffer son spectateur. Mais ce qui saisit, c’est comment au milieu de cette fresque étourdissante, Wyler ne cesse de faire revenir au centre du récit ce qui le fait vibrer : le drame intime. C’est peut-être là, du coup, que se niche cette âme.


Jeudi 3 Juin. Il Faut Sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg sur France 3.

Alors que les forces alliées débarquent à Omaha Beach. Miller doit conduire son escouade derrière les lignes ennemies pour une mission particulièrement dangereuse, trouver et ramener sain et sauf le simple soldat James Ryan, dont les trois frères sont morts au combat en l’espace de trois jours.
Il Faut sauver le soldat Ryan pourrait se regarder que pour une unique scène. Son introduction. Une leçon de cinéma a elle toute seule. Immersive, elle arrache les tripes dés les premiers instants, le silence, le vomi dont on peut presque sentir l’odeur, puis le vacarme, la caméra esseulée comme ces soldats, l’anarchie dans toute sa laideur et splendeur. En une scène, Spielberg s’envole, parvenant a donné a celui n’ayant pas vécu ces instants la même peur de ces balles qui sifflent ; de ces vies périssant sur cette plage, rien n’est glorieux dans ce débarquement historique, tout n’est que boue, sang, mort. Quasi immédiatement, Spielberg nous propulse dans ce récit, nous attache à ses personnages, on peut alors tout tolérer de cette histoire, on en ressort, a chaque fois, bouleverser.
Thibaut Ciavarella