Un grand merci à Rimini Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Antoine et Cléopâtre » de Charlton Heston.
« Tu vas voir en lui le troisième pilier de l’univers devenu l’esclave d’une catin ! »
Après la mort de Jules César, Cléopâtre, reine d’Egypte, a besoin d’un nouvel allié à Rome. Elle séduit Marc Antoine, et leur relation se transforme en véritable amour. Mais Antoine, obsédé par la belle reine égyptienne, oublie peu à peu ses obligations et doit faire face aux attaques d’Octave, successeur de César, qui voit cette liaison d’un mauvais œil.
« Une larme de toi vaut tout ce que j’ai pu perdre »
Avec sa carrure athlétique et son visage aux traits carnassiers, Charlton Heston semblait dès le départ prédestiné à jouer les aventuriers virils et héroïques. Ce qu’il fera à tour de bras dans des genres aussi divers que le western (« Will Penny le solitaire », « Major Dundee »), le film d’aventures (« Quand le Marabunta gronde », « Les 55 jours de Pékin »), le film de guerre (« Khartoum »), la science-fiction (« Soleil vert », « La planète des singes ») et surtout le péplum (« Ben Hur », « Les dix commandements »). Mais il fut aussi, à la base, un acteur classique amateur des grands rôles du répertoire. Comme en atteste son interprétation du « Cid » pour Anthony Mann. Mais en la matière, le rôle qui lui collera le plus à la peau fut sans conteste celui de l’empereur Marc-Antoine qu’il jouera d’abord sur scène puis par trois fois devant les caméras pour David Bradley (« Jules César », 1950), Stuart Burge (« Jules César », 1970) avant de se mettre lui-même en scène en 1972 dans son « Antoine et Cléopâtre ».
« Tu savais bien que mon cœur était attaché au gouvernail de ton bateau et que tu m’emmenais avec toi »
Pour sa première expérience derrière la caméra (il rééditera l’essai une seconde fois dix ans plus tard avec « La fièvre de l’or »), Charlton Heston tente d’adapter à l’écran la mythique tragédie éponyme de William Shakespeare, centré sur les tourments intérieurs de Marc-Antoine, déchiré entre son devoir de soldat et sa passion irraisonnée et destructrice pour la belle reine d’Égypte qui le conduira à sa perte. Une gageure en soi. D’autant que le projet de tourner un film en costumes et reprenant les dialogues en vers de la pièce se révèle difficile à monter et l’acteur doit se tourner vers l’Europe pour trouver les financements nécessaires. Modeste coproduction hispano-britannique sans réelle vedette à l’affiche sinon le cinéaste lui-même, le film pouvait ainsi laisser craindre qu’il ne soit tout entier dédié à la seule gloire de Charlton Heston. Mais si ce dernier s’octroie le rôle-titre et se retrouve donc dans presque toutes les scènes, son film se révèle cependant bien plus intéressant et séduisant que prévu. D’une part grâce à une reconstitution (costumes et décors notamment) plutôt soignés en dépit des moyens limités de l’entreprise. D’autre part, grâce au parti pris du réalisateur de proposer sa propre lecture de l’œuvre en donnant notamment une dimension particulièrement ambigüe au personnage de Cléopâtre et, par ricochets, à ses sentiments pour Marc-Antoine. Ce qui confère à la tragédie une dimension plus ironique et vénéneuse et donne au personnage de Marc-Antoine une aura plus romantique. Même s’il est loin d’être parfait, cet « Antoine et Cléopâtre » se révèle être, contre toute attente, très recommandable.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale anglaise (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux Interviews de Sarah Hatchuel, professeur en études cinématographiques et audiovisuelles, dédiées respectivement à la pièce de William Shakespeare (16 min.) et au film de Charlton Heston (27 min.).
Édité par Rimini Éditions, « Antoine et Cléopâtre » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 16 février 2021.
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