Les années 2000, ce boum de nostalgie, quand on y pense. Une décennie-clé durant laquelle beaucoup d'œuvres de littérature adolescente auront rencontré un succès commercial monstre, menant logiquement à des adaptations cinématographiques. On pense surtout à Harry Potter, Narnia, Hunger Games, Twilight, pour ne citer qu'eux, mais d'autres aussi auront reçu ce traitement : A La Croisée des Mondes, Percy Jackson, Les Orphelins Baudelaire, 16 Lunes... Soit une multitude de films globalement très mal reçus, et qui ont pour la plupart, bénéficié de nouvelles adaptations, cette fois à la télévision, ces dernières années (ou dans un futur proche). Le cas Alex Rider n'y fait pas exception : sorti en 2006, Stormbreaker n'avait pas rencontré un succès renversant, reléguant la saga d' Anthony Horowitz au placard. Il a donc fallu attendre un peu de moins de 15 ans pour que la saga mettant en scène un jeune espion international, ressorte enfin des cartons, avec à nouveau l'expertise d' Horowitz sur la série. Avec cette fois Otto Farrant dans le rôle-titre, remplaçant Alex Pettyfer, cette mouture 2020 d' Alex Rider se veut plus réaliste et teen. Alors, mission réussie ?
Comme le film, la série Alex Rider se veut être une origin story. On revit donc les premières aventures du jeune Alex, un ado britannique plus occupé à faire les 400 coups qu'à réellement devenir responsable et sérieux. Le jour où son oncle, un agent du MI5, décède brutalement, il va donc devoir prendre ses nouvelles missions au sérieux et percer le secret derrière cette mort suspecte. Pour qui a vu (ou se souvient) du film de 2006, les deux premiers épisodes auxquels nous avons eu accès, réveilleront surtout des souvenirs : les conflits familiaux d' Alex et son oncle, le début de ses investigations sur le décès de ce dernier, la découverte du monde redoutable de l'espionnage... De quoi se poser la question de pourquoi tout refaire, en fin de compte ?
La réponse est simple : loin de tout enchaîner rapidement comme dans le film, la série permet au contraire de prendre le temps de se poser, pour créer des personnages humainement plus intéressants. Avec également des choix de casting plus ancrés dans le réel, notamment Jack, désormais une femme noire, et dont l'expiration de Visa rend sa situation plus lourde de sens encore. La série a pris le pli, du moins tente, de correctement mettre en scène le cosmopolitisme de la ville de Londres. C'est donc un cachet plus réaliste qui est apporté à la série et qui vaut également pour sa mise en scène, très froide et loin des extravagances du film de Geoffrey Sax. Ce qu'on perd donc en fantaisie - ses rares tentatives, du moins, on le gagne en impact au niveau des coups, des morts, et des scènes d'action. Un mal pour un bien, même si on peut trouver l'ensemble peut-être trop froid à force d'être lugubre et mené par une bande-son surtout électro, mélange de nappes et de tubes anglais.
L'ensemble n'est pas forcément rehaussé par les performances des acteurs : Otto Farrant a la dure tâche de jouer une tête à claques et il fait de son mieux. Le casting adulte est en minimum syndical à commencer par Stephen Dillane. De fait il est tout de même compliqué sur le long terme de réussir à s'attacher aux personnages qui baignent chacun dans une atmosphère très lourde, voire crépusculaire. Et est-ce que la saga littéraire d 'Alex Rider était si crépusculaire et sombre que ça ? Pas vraiment, du moins, l'équilibre était mieux respecté entre moments sérieux d'espionnage et poursuite tant bien que mal, d'une vie d'ado normale. Si elle a le mérite de corriger bien des défauts du film, cette adaptation télévisée d' Alex Rider a le lourd inconvénient d'être trop sérieuse et froide, à croire que l'immense série Mi5 s'est réincarnée dedans, plusieurs années après son arrêt. Si les références sont compréhensibles, elles ne font cependant pas du bien à ce pauvre Alex Rider.
Crédits : OCS