Après une année de pandémie de Covid-19 vous reprendrez bien un chouïa de panique générale ? Ce jeudi Arte nous abreuve d'une mini-série basée sur un évènement véridique étonnant : l'empoisonnement à Salisbury (Angleterre) d'un ex-espion russe ( Sergueï Skripal) et de sa fille ( Loulia Skripal) par un agent neurotoxique Novitchok ; pour faire simple : une arme chimique extrêmement dangereuse car faisant partie des plus toxiques existantes. A titre d'exemple il suffit de remplir la moitié d'une petite cuillère pour tuer avec des dizaines de milliers de personnes. Cette attaque va provoquer une panique générale ainsi qu'une course contre la montre puisque la contamination va s'étendre au-delà de la sphère des deux personnes visées initialement. Réalisée par Saul Dibb et écrite par les scénaristes Declan Lawn et Adam Patterson, cette série BBC va faire vivre aux téléspectateurs l'envers du décor du point de vue des héros ordinaires du quotidien en éludant volontairement l'aspect politique et donc la crise diplomatique entre Londres et Moscou.
Le 4 mars 2018 Sergueï Skripal et sa fille Loulia Skripal sont donc retrouvés inconscients sur un banc public sans qu'un diagnostic pertinent ne soit immédiatement réalisé. Avant d'atterrir sur le banc ils ont pu contaminer n'importe qui. Quelques jours plus tard c'est le policier Nick Bailey (ici joué par Rafe Spall) qui se retrouve à son tour dans un état critique après avoir ingéré le même composant. Les autorités le savent : il va falloir être réactif pour garder la situation sous contrôle sous peine d'avoir affaire à un problème sanitaire de grande envergure. La série met l'accent sur Tracy Daszkiewicz ( Anne-Marie Duff) la directrice de la santé publique ; par ses yeux la lutte pour contenir de nouvelles victimes débute. Ancien reporter de la BBC, le scénariste Declan Lawn a souhaité raconter comment des personnes relativement lambda se sont retrouvées au cœur d'un tel incident et comment elles ont sauvé énormément de vies. C'est d'ailleurs ce qui fait l'attrait de la mini-série car le téléspectateur s'identifie assez aisément à ce genre de retombées en apparence extraordinaires sur la vie de Monsieur et Madame Toulemonde (encore plus après ce que le monde entier vient de vivre). Dans un autre registre, le petit bijou Chernobyl tout récemment diffusé sur la chaîne M6 accomplissait également cette prouesse : événement destructeur et mal appréhendé avec un impact direct sur la population et la découverte de symptômes destructeurs et mortels.
Affaire Skripal s'avère être une mini-série globalement efficace. Il est ainsi aisé pour le téléspectateur de se mettre en immersion d'autant plus qu'il n'y a que quatre épisodes d'environ quarante-cinq minutes chacun. Le show adopte une posture assez pédagogue en se focalisant à la fois sur les aspects liés aux retombées de l'attaque (en mettant de côté comme nous le disions l'aspect purement politique) et ceux de la traque des lieux contaminés. Ici nous assistons donc à la fois à la recherche de localisation des lieux et personnes touchées ainsi qu'à la prise en charge des malades, mais aussi aux conséquences de l'affaire sur les vies personnelles, notamment de celles des personnages précités. Tracy Daszkiewicz, cherche à sauver des vies, tout en conciliant cela avec sa vie de famille. Nick Bailey, entre la vie et la mort suite à son empoisonnement doit survivre avec la crainte d'avoir contaminé d'autres personnes (y compris sa propre famille) tout en luttant contre de très lourds symptômes.
Le dosage est réussi mais le dynamisme des premiers épisodes s'étiole peut-être un peu trop au fil du déroulé de l'affaire, surtout une fois l'effet de surprise passé. Le parti pris d'axer l'intrigue sur des gens ordinaires était indéniablement une bonne idée bien que le traitement de la vie personnelle de Tracy ne soit pas des plus palpitants et n'évite pas tous les écueils du genre. Néanmoins cette affaire (pas forcément si connue que ça) se révèle suffisamment surprenante à de nombreux égards pour mériter le détour. A découvrir devant votre téléviseur ou sur arte.fr
Crédits: Arte