The father

The fatherLes vestiges de la mémoire

Florian Zeller, dramaturge français, met en image sa propre pièce pour son premier film. Les adaptations de ses pièces précédentes avaient données, des films anecdotiques ; alors pourquoi ne pas passer derrière la caméra ! Bien lui en a pris… Coup d’essai, coup de maître…

Il garde le huis clos inhérent au théâtre et réinvente tout le reste pour tenter de faire vivre de l’intérieur la déliquescence d’un vieillard victime de la maladie d’Alzheimer. Il illustre à merveille le chaos mental du vieil homme et se sert de l’appartement devenant un environnement mouvant pour le faire ressentir aux spectateurs. Entré dans la salle sur la simple critique positive et l’Oscar de Hopkins, j’ai mis un temps à comprendre quel était le thème du film. C’est fort de se croire dans un film déstructuré, puis dans un thriller, puis d’épouvante psychologique, puis dans un drame ; une expérience cinématographique rendue extrêmement forte par la découverte du film. Le dispositif mis en place par Zeller est déstabilisant, non linéaire et très malin. Les notes d’humour qu’il apporte à de nombreuses reprises, aidé par un comédien exceptionnel l’éloigne de la rigidité froide de « Amour » d’Haneke.

Dans le rôle de la fille d’Anthony (le vieil homme victime d’Alzheimer), Olivia Colman est d’une justesse évitant tous les pièges du larmoyant. Mais c’est Anthony Hopkins qui éclabousse le film de sa prestation. A 83 ans, il interprète peut être son plus grand rôle, il est magistral entre folie, ambiguïté et fragilité. C’est fou aussi comment il nourrit de deux de ses rôles majeurs ce personnage : le majordome de « Les vestiges du jour » et le serial killer de « Le silence des agneaux ».

Mon deuxième film depuis la réouverture des cinés et une belle claque…

Sorti en 2021

Ma note: 20/20