An ne pas confondre avec son prestigieux aîné, l'autre chef d'oeuvre éponyme "La Vie est Belle" (1946) de Frank Capra. La volonté de faire une "fable philosophique" sur les camps de concentration durant 39-45 est un sujet délicat mais on peut penser à "Jakob le Menteur" (1975) de Frank Beyer, et surtout on peut se demander à quel point le projet "Train de Vie" (1998) de Radu Mihaileanu a joué un rôle puisque ce film avait d'abord été proposé à Roberto Begnini en 1996 mais il avait décliné l'offre à l'époque malgré son intérêt. Néanmoins, le réalisateur-scénariste-acteur italien imagine donc un conte moderne sur un drame historique, avec un scénario qu'il co-signe avec Vincenzo Cerami qui le suit fidèle depuis son 3ème film derrière la caméra depuis "Le Petit Diable" (1988) jusqu'au plus récent "Le Tigre et la Neige" (2005) en passant par "Le Monstre" (1994) et "Pinocchio" (2002). Le film va être un énorme succès, public et critique, avec en prime de multiples prix à travers divers festivals et autres cérémonies des 10 David di Donatello au César du meilleur film étranger en passant par le Grand Prix du Jury à cannes et les trois Oscars pour la musique, le meilleur film étranger et meilleur acteur pour Roberto Begnini...
1938, Guido est juif et rêve d'ouvrir une librairie. il tombe amoureux de Dora une institutrice qui est pourtant promise à un cadre du parti fasciste. Mais Guido, être fantasque et optimiste enlèle Dora le jour de son mariage. Bientôt ils ont un enfant, tout semble être pour le mieux mais un jour Dora entre à la maison pour découvrir que Guido et leur fils de 5 ans ont été arrêté et embarqué dans un train en destination d'un camp de concentration. Dora décide de les suivre malgré tout. Sur place, Guido fait tout pour que son fils ne souffre pas en lui faisant croire qu'il s'agit d'un jeu où le premier qui a 1000 points gagne un véritable char d'assaut... Guido est incarné logiquement par Begnini lui-même, son épouse est justement jouée par sa véritable épouse à la ville, l'actrice Nicoletta Braschi, le couple joue donc ensemble une énième fois après les films de Roberto Begnini comme "Le Petit Diable" (1988) et "Le Monstre" (1994) mais aussi dans "Down by Law" (1986) de Jim Jarmush. Leur fils est interprété par le tout jeune Giorgio Cantarini qu'on retrouvera comme le fils de Maximus alias Russell Crowe dans "Galdiator" (2000) de Ridley Scott. Un oncle est joué par Giustino Durano qui a débuté avec des films comme "La Chance d'Être Femme" (1956) de Alessandro Blasetti et "La Flèche d'Or" (1962) de Antonio Margheriti, la mère de Dora est jouée par Marisa Paredes actrice fétiche de Pedro Almodovar notamment dans "Talons Aiguilles" (1991), "Tout sur la Mère" (1999) ou encore "Parle avec Elle" (2002), puis enfin le docteur allemand incarné par Horst Buchholz jeune premier des films "Monpti" (1957) de Helmut Käutner, "Les Mutins du Yorik" (1959) de Georg Tressler et surtout le jeune fougueux du mythique "Les 7 Mercenaires" (1960) de John Sturges... Etonamment, Begnini a voulu soigner la reconstitution historique malgré le fait qu'il voulait dans le même temps se focaliser sur un conte et une fable. Ainsi il a fait appel à une association juive pour éviter les erreurs de fond, il a pu compter sur des consultants comme l'historien Marcello Pezzetti et l'ex-Sonderkommando (déporté obligé d'aider à l'extermination) Shlomo Venezia. Mais si le cinéaste s'est attaché à un minimum de véracité dans les décors ou les costumes (signés par ailleurs de Danilo Donati qui a travaillé pour Luchino Visconti, Mario Monicelli ou Pier Paolo Pasolini), on ne peut que constater que d'autres points sont plus litigieux.
Excusables quand il s'agit de l'enfant caché dans le dortoir homme car nécessaire pour montrer le jeu dans la fable, inutilement faux quand on sait que ce sont les russes qui libérèrent Auschwitz par exemple. Mais le film n'est pas qu'une fable sur un camp de concentration, loin de là puisque le camp ne représente que la seconde moitié du film, dans la première il s'agit de l'histoire d'amour entre Guido et Dora. Une heure de romantisme et de légèreté, d'amour et de fantaisie même si en filigrane la question du nazisme est omniprésente. Puis une heure en camp de concentration où un père fait tout pour que son fils de 5 ans croit en un jeu improbable où l'enjeu est autant de garder son innocence que de gagner un tank ! Ce mix entre drame et comédie, entre émotion et rire n'est évidemment pas sans rappeler Charlie Chaplin auquel, justement, Begnini rend hommage puisque le numéro de prisonnier de Begnini est le même que celui de l'uniforme de Chaplin dans le chef d'oeuvre "Le Dictateur" (1940). On passe du sourire aux charmes de la séduction version Begnini aux horreurs des camps, et si Begnini est un papa qui prête à sourire tant il fait preuve d'imagination il n'en demeure pas moins que les larmes ne peuvent être contenu tant l'abnégation et l'amour du père pour sauvegarder son fils est une torture émotionnelle. La force du film est aussi dans la tragédie, loin de tomber dans le pur conte Begnini assume le drame historique et trouve l'axe idéal pour offrir un "presque" happy end. Le gamin est aussi touchant qu'innocent, le père est un Charlot dont la joie de vivre n'a d'égal que son courage, à l'image de la mère aussi. Le réalisateur signe un film intelligent sur le fond, drôle parfois, éminemment triste malgré la fantaisie. Un grand film à voir et à conseiller.
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :