[CRITIQUE] : Freaky

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Christopher Landon
Acteurs : Kathryn Newton, Vince Vaughn, Celeste O’Connor,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Pas très sûre d'elle, Millie Kessler, 17 ans, tente de se faire remarquer le moins possible au lycée et de s'endurcir face aux sarcasmes des élèves les plus populaires. Jusqu'au jour où elle croise la route du Boucher, terrifiant tueur en série de la ville : sous l'effet du mystérieux poignard de l'assassin, Millie et son assaillant se retrouvent chacun dans le corps de l'autre ! La jeune fille ne dispose désormais que de 24 heures pour récupérer son corps – passé ce délai, elle restera coincée dans la peau d'un psychopathe de 50 ans !
Avec ses fidèles amis Nyla et Joshua, elle se lance dans une course contre la montre pour inverser le sort. Sauf qu'elle a le physique d'un tueur activement recherché par la police, tandis que le Boucher, lui, s'aperçoit que ressembler à une adolescente au visage angélique est une couverture idéale pour commettre son carnage…


Critique :

Possédant la même méta vibe et conscience de soi que pouvait avoir Scream,#Freaky s'amuse des tropes du body swap et du slasher qu'il a entre les bobines, et incarne un vrai petit bout de cinéma fun, intelligent et inventif qui ne tombe jamais ans le piège facile de la suffisance pic.twitter.com/6L43WrJxWv

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 23, 2021

Le body swap est un sous-genre de la comédie dont la faculté assez incroyable au fond, est d'être capable de nous faire avaler une couleuvre méchamment peu crédible - l'échange de corps entre deux personnages -, voire même assez malsaine - l'échange de corps au sein d'une même famille -, puisque placardé sur l'autel du divertissement de masse souvent bien intentionné - mais pas toujours.
Qu'il soit personnel (Big, 30 ans sinon rien), amical (The Change-Up), familial (Freaky Friday et son remake) voire littéralement pris au pied de la lettre d'un point de vue physique (Volte/Face), le body-switch à connu toutes les variantes possible et pourtant, le petit malin qu'est Christopher Landon, qui avait déjà donné un gros coup de fraîcheur dans son hommage/pillage à Groundhog Day (Happy BirthDead premier du nom est excellent, moins sa suite), s'échine à rebooster le concept en pillant cette fois gentiment Freaky Friday - jusque dans son titre - via Friday, ou ce n'est plus une mère et une fille qui échangent leurs corps mais... une ado/victime et un serial killer.

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Une variante pas commode de prime abord mais in fine bien plus intelligente et substantielle qu'elle n'en à l'air, qui dépasse son simple statut de comédie fantaisiste pour creuser plus en profondeur toutes les possibilités qui lui sont alloués par ce concept - et par un vieux poignard aztèque, aussi.
Dans un certain sens - toute propension gardée évidemment -, le troisième passage derrière la caméra de Landon à la même vibe méta et conscience de soi que pouvait avoir Scream en son temps, une connaissance si accru du teen movie et - surtout - du slasher qu'elle peut se permettre de railler leurs lieux communs dans des dialogues certes un peu facile mais surtout une ambiance horrifico-comique ou les effets sanglants et la sexualité ont pleinement leur place; rétablissant dès lors un ton libre du " tout est permis " que le cinéma de genre plus mainstream - surtout américain - semble de plus en plus s'interdire au fil du temps, au profit d'un frisson facile et plus restrictif (coucou PG-13).
Son exploration combinée du slasher et du body swap jouit donc de cette liberté pour creuser plus en profondeur des sujets plus contemporain, notamment l'objectification de la femme dès son adolescence (ou la réponse ici est savoureusement violente, dans sa combinaison entre force physique masculine et force de détermination féminine) dans un mouvement d'émancipation aussi progressiste qu'il est étonnamment décontracté (comme le fait qu'un béguin amoureux, peut importe l'enveloppe corporelle, puisse continuer à exister).

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Aussi fluide (ce n'est pas expéditif mais cela ne s'embarrasse d'aucun bout de gras narratif pour aller strictemenr à l'essentiel) qu'il est d'une inventivité rare sans pour autant tomber dans le piège facile de la suffisance (ou le film de " petits malins " vite indigeste), incarné à la perfection (si Kathryn Newton en impose en tueuse glaciale, Vince Vaughn lui vole carrément la vedette dans une incarnation réfléchie de l'adolescente d'aujourd'hui, confirmant le virage qualitatif que prend sa carrière depuis ses collaborations avec S. Craig Zahler) et emballé avec soin; Freaky s'amuse des tropes qu'il a entre les bobines et incarne un vrai petit bout de fun intelligent, drôle et même un poil émouvant.
Un modeste B movie aussi malin qu'il est généreux, dont on espère qu'il influencera un minimum une production horrifique américaine souvent bien trop campée sur ses acquis.
Jonathan Chevrier