Sur la continuité des adaptations en prises de vues réelles, Disney poursuit avec ce 18ème film du genre dont les derniers en date sont (2020) de Niki Caro et "La Belle et le Clochard" (2020) de Charlie Bean et sans oublier le dyptique "Les 101 Dalmatiens" (1997) de Stephen Herek et "Les 102 Dalmatiens" (2001) de Kevin Lima avec Glenn Close en Cruella Denfer. Rappelons que le personnage a été créé dans le roman "Les 101 Dalmatiens" (1956) de Dodie Smith et porté à l'écran en 1961 avec le classique d'animation Disney. Ce nouveau projet s'avère un prequel puisque l'histoire retrace l'enfance et la jeunesse de Cruella. L'histoire a été écrite à plusieurs mains, parmi elles on peut citer celles de Aline Brosh McKenna remarquée pour son scénario de "Le Diable s'habille en Prada" (2006) de David Frankel, Kelly Marcel qui a signé un autre film Disney avec "Dans l'Ombre de Mary" (2013) de John Lee Hancock, Dana Fox auteur de "Therapie de Couple" (2009) de Peter Billingsley et "Isn't it Romantic" (2019) de Todd Strauss-Schulson, puis Tony McNamara scénariste du chef d'oeuvre "La Favorite" (2018) de Yorgos Lanthimos. Précisons par ailleurs que parmi les producteurs on retrouve la star Glenn Close. La réalisation a été confiée à Craig Gillepsie qui a déjà abordé tous les genres avec des films souvent sympas comme "Une Fiancée par comme les Autres" (2007), "Fright Night" (2011) ou encore (2017)...
1965 en Angleterre, la jeune Estella vit seule avec sa mère à qui elle pose bien des soucis tant elle s'avère difficile et rebelle. Quand sa mère meurt, Estella fuit et arrive à Londres où elle se lie d'amitié avec deux jeunes voyous et comprend que son rêve de devenir styliste de mode s'évanoui. Une dizaine d'années plus tard Estella parvient à se faire une petite place dans le monde de la mode, mais le bonheur est de courte durée quand son idole s'avère détestable et que celle-ci devient sa pire ennemie... Le rôle titre est incarné par qui jouait justement dans "La Favorite" et qu'on a aussi vu récemment dans "Retour à Zombieland" (2019) de Ruben Fleischer. La reine de la mode est interprétée par Emma Thompson vue récemment dans "Last Christmas" (2019) de Paul Feig, et qui a surtout déjà visité Disney dans "Dans l'Ombre de Mary" et "La Belle et le Clochard". Les deux acolytes de Estella/Cruella sont joués par Joel Fry aperçu dans la série TV "Game of Thrones" (2014-2015), puis aperçu dans quelques films dont (2019) de Danny Boyle, puis Paul Walter Hauser qui retrouve le réalisateur après "Moi Tonya", mais aussi Emma Thompson après (2019) de Nisha Ganatra mais surtout remarqué dans le rôle principal de "Le Cas Richard Jewell" (2019) de Clint Eastwood. Le bras droit de la méchante est joué par Mark Strong vu précédemment dans (2019) de David F. Sandberg et (2019) de Sam Mendes. Et enfin la maman de Estella vue dans "28 Semaines plus Tard" (2007) de Juan Carlos Fresnadillo et surtout remarquée dans (2019) de Jessica Hausner... La bande-annonce apporte une vision gothico-punk et un brin réaliste qui aurait pu laisser fantasmer à une sorte de (2019) de Todd Philipps au féminin. Malheureusement pas, Disney reste Disney la légèreté ambiante, l'humour gentillet et les bons sentiments sont bel et bien là.
La première partie qui se focalise sur l'enfance prend une place beaucoup trop importante (près de la moitié du film), trop explicative, trop insistante, trop facile, trop sentimentale pour que, pauvre spectateur, on s'attache bel et bien à cette fillette peste et infernale mais si jolie et surtout si orpheline. Bref on nous force la main alors même qu'on attend surtout la mue d'Estella en Cruella avec impatience mais ça tarde, ça tarde, ça tarde... Et quand on arrive au moment où l'héroïne tente sa percée dans l'univers de la mode on devine sans mal le reste de l'intrigue. Canevas galvaudé, mise en scène appuyée qui s'attarde sur un personnage pour bien pointer du doigt celui qui va être le "twist" du film, mais surtout une incohérence flagrante dévoilée à la fin : ATTENTION SPOILER !... La mère adoptive vient demander de l'aide à la baronne au début du film, mais cette dernière ne savait pas ce que l'enfant était devenu, croyant même à sa pure et simple disparition ! La mère aurait donc dû demander au majordome, voir ce dernier n'aurait logiquement pas dû accepter la rencontre de la maman avec la baronne ne serait-ce que pour sa propre sécurité... FIN SPOILER !... Heureusement, tout n'est pas râté. Le film surnage grâce à deux autres paramètres qui ont leur importance. La mode via les costumes surtout, les robes sont toutes absolument superbes avec des idées tout aussi belles qu'ingénieuses (robe aux perles, robe avec des chutes provenant de poubelles...). Et enfin une bande-son absolument dantesque, un B.O. d'enfer qui est l'atout coeur du film de Supertramp à Ike et Tina Turner en passant par les Doors, Nina Simone, The Clash ou Queen. La musique colle idéalement au style steampunk du film. En conclusion un film Disney qui a du punch, du rythme, des idées merveilleuses mais plombé par une première partie trop longue, une fantaisie disneyienne sans imagination. Mais Disney est une machine bien huilée et avec déjà plus de 90 millions de dollars amassés (pour une budget de 100) le film est d'ores et déjà un joli succès qui annonce le "Cruella 2" (2023).
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :