Vu 5 à 6 ans après sa sortie, un peu sous le charme des strass quand on est jeune, j’y avais déjà observé des limites qui 30 ans après apparaissent comme des carences incontournables.
Jérémy Chateaureynaud fait une belle synthèse sur ce film qui vieilli mal malgré ses récompenses à foison : « Barry Levinson avait connu un véritable succès populaire lors de la sortie de ce long-métrage, s'essayant alors à un format très populaire aux USA, le Road Trip traversant les états emblématiques du pays. Rain Man navigue perpétuellement entre deux eaux, représentatif du crépuscule des années 80 et de l'aube des années 90 et c'est maintenant avec quelques années de recul que le film commence à afficher ses tares. La réalisation se révèle être d'une platitude étonnante et une grande partie du film manque cruellement de rythme, hormis lors d'un retour à Las Vegas qui peine finalement à exposer ses enjeux scénaristiques. On nous propose donc un voyage fadasse qui traîne en longueur et ne sert finalement que de prétexte pour exposer les quelques frasques amusantes d'un autiste surdoué. Barry Levinson aligne les situations inoffensives, surteintées de pipi-caca, une des rares formes d'humour comprises par la plupart des yankees de l'époque. Quel est l'intérêt de la séquence du pet dans la cabine téléphonique ? Quid de la lourdeur pachydermique de la référence constante aux slips K-sport (c'est caca, rappelons-le) ? Le problème de l'autisme n'est finalement traité que très superficiellement et reste engoncé dans l'étau du politiquement correct, prônant une vision réductrice du sujet qui omet volontairement tous les faits « dérangeants » entraînés par les handicaps mentaux. Un autisme light à l'américaine, stérilisé UHT, ultra pasteurisé. Le film s'étant apposé en son temps comme porte-étendard d'un fléau alors méconnu, les malades se voient aujourd'hui accoler l'étiquette « Rain Man qui compte les cure-dents » dès que l'on parle de cette pathologie. On peine à comprendre objectivement ce qui a pu pousser l'ensemble de la profession cinématographique à faire pleuvoir sur Barry Levinson une averse de récompenses.
Heureusement, il reste des points positifs indéniables. Mise à part l'interprétation calamiteuse de Valeria Golino, au top de son endivité, les performances des acteurs principaux avaient tout pour rentrer dans la légende. Dustin Hoffman réalise l'exploit : arriver à jouer un autiste crédible, et Tom Cruise interprète ce qui restera comme un de ses meilleurs rôles des années 80, dans la peau d'un jeune requin prétentieux, au caractère exécrable de « fils unique » dépassé par ses ambitions. Lui aussi réalise un travail d'équilibriste périlleux, rendant son personnage plausible sans pour autant tomber dans le cabotinage... »
Reste une bande son et une musique original très sympas.
Sorti en 1989
Ma note: 10/20