Seules les bêtes

Seules les bêtesTriangle des Bermudes

Il y a 20 ans, Dominik Moll se faisait connaitre en mettant en scène le très bon « Harry un ami qui vous veut du bien ». 20 ans de productions très inégales, il revient avec un film chorale glaçant et surtout déconcertant.

Son film tourné en mode thriller ; autour d’une disparation énigmatique sur des plateaux enneigés, le spectateur  va mener l’enquête par le prisme du regard de différents personnages ayant un rapport plus moins lointain avec la disparue. Façon puzzle, la construction retorse du film place le spectateur en pleine circonspection durant 100 minutes. Cette construction narrative rappelle beaucoup celle de « Babel » d’Inarritu et le propos aussi, puisqu’il décortique tous deux l’effet papillon. Un dispositif, qui, s’il est bien maitrisé, ce qui est le cas, capte inconditionnellement l’attention du spectateur. On pense aussi dans l’entame du film à « Fargo » des frères Coen avec ce meurtre dans une campagne enneigée avec un flic seul menant l’enquête. Puis au cœur de son intrigue, Dominik Moll met en scène 4 personnages décalés, atypiques, voire improbables mais terrien et ancré de le réel. Et c’est peut-être là le seul bémol du film de ne jamais trancher franchement entre la fiction pure comme chez les Coen et la pure parabole critique de notre société à la Inarritu. Ses personnages semblent si terriens et les intrigues si improbables et invraisemblables. C’est du cinéma, et si on accepte le deal, on passe un super moment.

Sorti en 2019

Ma note: 15/20