11ème film de Miyazaki, 9ème en production Ghibli, à ne surtout pas confondre avec le film éponyme (2006) de Ken Loach Palme d'Or à Cannes. Un film particulier puisqu'il a été annoncé comme le dernier (mais annoncera son retour dès 2016) qui sera réalisé par le maître japonais de l'animation, et il reste sans doute le film le plus ancré dans la réalité car extrêmement dfférent des contes et fables qui étaient sa spéciliaté jusqu'ici. Ainsi après le très enfantin "Ponyo sur la Falaise" (2008) le cinéaste passe à l'extrême avec son film le plus adulte. Comme d'habitude, le réalisateur retrouve la plupart de ses collaborateurs, du compositeur Joe Hisaishi au producteur Toshio Suzuki sur un projet qui est adapté du manga signé de Miyazaki lui-même et publié dans le magazine Model Graphihx en 2008 et inspiré de la vie de Jiro Horikoshi (Tout savoir ICI !), célèbre pour avoir conçu le célèbre avion de chasse "Zéro" qui a marqué les esprits durant les guerres de 1937 à 1945. L'idée du film revient pourtant au producteur, Miyazaki croit dans un premier temps que l'histoire est trop "sérieuse" et a peur d'écarter les enfants sur cette histoire d'où un long travail sur le fait d'y ajouter à minima un peu d'onirisme, tandis que le cinéaste va araser tout ce qui pourrait faire penser à un film militariste. Le cinéaset est un passionné d'aviation, mais reste pacifiste et malgré le destin de l'avion "Zéro" il veut que le film se concentre sur la création, l'aviation avant toute chose. Miyazaki trouve la solution en unissant le biopic de Jiro Horikoshi avec le roman "Le Vent se Lève" (1993) de Tatsuo Hori. Par là même, l'inspiration de ce titre est tiré du poème "Le Cimetière Marin" (1920) de Paul Valéry. Outre les rapports à la guerre, le projet est miné par le seïsme de 2011 au Japon, qui renvoie forcément à celui tragique de 1923 qui est dans le film...
1923, survient le séïsme qui fera plus de 100000 morts, où Jiro un jeune étudiant sauve la vie à une adolescente de sa gouvernante. Quelques années plus tard, Jiro est devenu ingénieur et travaille à la conception d'avions militaires alors que le Japon semble se préparer à envahir ou à attaquer d'autres pays. Loin de s'attacher aux projets bellicistes de son gouvernement Jiro rêve surtout de créer le meilleur avion possible. Pour son travail il est d'ailleurs envoyé en Allemagne vers 1933-1934. Mais surtout il a revu la jeune adolescente de 1923 qui est devenue une magnifique jeune femme et qu'il épouse bientôt malgré sa tuberculose... Ce qui frappe dans ce film c'est donc l'absence de fantastique dans le sens de mythologie et de fable, bien qu'il y ait les songes de Jiro qui sont matérialisés. On reste dans le réalisme d'une époque charnière de l'Histoire du Japon, et du monde aussi. D'ailleurs on ne peut que remarquer de nombreux points communs avec un précédent film "Porco Rosso" (1992) avec l'aviation italienne, l'époque des années 20-30 ... etc... et rappelons aussi que Jiro est un personnage à tête de cochon dans le manga originel de 2008 signé Miyazaki ! Par contre si la partie biopic concernent Jiro Hirokoshi est assez fidèle à son évolution professionnelle, toute la partie intime est complètement fictive car tirée du roman de Tatsuo Hori. On peut se demander si cela était vraiment nécessaire, surtout que la dimension onirique reste focalisé sur l'aviation.
Le plus gros défaut reste la géo-politique du Japon qui demeure effleurée, voir occultée alors même que Hirokoshi est montré comme désintéressé, ou est-ce de la naïveté ?! Par ailleurs on constate que le personnage de Jiro Hirokoshi est d'un égoïsme sans fard, ne vivant que pour l'aviation, laissant son épouse souffrir, prendre sur elle, jusqu'à quasiment se sacrifier pour lui. Le protagoniste principal, devient donc étonnament antipathique, sans aucun doute une dimension que Miyzaki n'a pas évalué à sa juste valeur. Pour le côté réalisme, Miyazaki avouera s'être inspiré des films de Yasujiro Ozu et Mikio Naruse. Mais le héros devient alors l'alter ego du réalisateur, à savoir un pacifiste passionné d'aviation (comme on pu le voir sur d'autres oeuvres du maitre comme "Porco Rosso" ou "Le Château dans le ciel"). A y regarder de plus près Miyazaki nous offre pour son ultime film un mélo que n'aurait pas renié Douglas Sirk ou Franck Borzage. Finalement l'animation se différencie par le coût d'une telle entreprise avec un réel film en prise de vue réelle ! L'animation est toujours élégante, précise, tout simplement sublime, il y a du lyrisme et de l'onirisme mais dans le fond il appuie aussi beaucoup trop le côté pathos et larmoyant (ça pleure pour tout et pour rien), étirant toutes les scènes (partie lune de miel très longue, Police Secrète vite expédiée), abusant parfois des effets dramatiques visuels. Un beau mélo, une belle histoire, mais un film d'animation un peu trop long, auquel il manque du souffle épique et dont le rapport à l'Histoire est pernicieux. Une petite déception mais ça reste un rêve d'espérance louable.
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :