Scène & information

Distribuer les informations tout au long du récit est tout un art parce que même si les événements se bousculent à un rythme effréné, les moments de l'information doivent être savamment pensés.

La tendance est d'accorder trop d'importance à certains points et moins à d'autres en raison de l'incapacité à évaluer l'ensemble de l'histoire, d'une difficulté à mesurer le parcours complet de l'histoire du début à la fin, souligne William Noble. Ce qu'il faut, c'est une appréciation objective du récit, c'est-à-dire des événements qui s'y produisent, et de la façon dont chaque flux et reflux de l'action, du suspense, voire de la tension, s'insère dans l'histoire.

Sens & valeur de la scène

Si nous posons une scène et que nous ignorions son rôle dans l'histoire globale, nous pouvons facilement rendre le récit inégal et affecter le rythme de l'histoire. Une scène doit pouvoir se justifier dans l'ensemble, c'est-à-dire qu'elle mène avec ses consœurs à un climax satisfaisant.

Prendre une certaine distance avec son récit, c'est évaluer chaque scène et s'interroger sur sa pertinence dans la succession des événements ( Dramatica nomme cela l' Objective Story Throughline).

L'information devrait être distribuée entre le début, le milieu et la fin. Si vous chargez trop de choses lors de l'exposition, vous promettez tellement à votre lecteur/spectateur que, bientôt, vous n'aurez rien de nouveau à lui offrir et il s'ennuiera.

Si vous donnez tout dans l'intrigue, par exemple, si vous expliquez dès le début de l'acte Deux, qu'un esprit errant est à la recherche de l'enfant qui lui a été enlevé de son vivant, vous donnez trop tôt l'information que le propre enfant de votre héroïne est certainement la victime annoncée de la malédiction.
Comment préparez le climax qui se produira dans l'acte Trois si vous le dévoilez au tout début de votre intrigue ? Dans les séries, c'est souvent à l'avant-dernier épisode de la saison qu'une analepse (le récit du passé) nous conte l'information qui nous permet de comprendre les agissements du méchant de l'histoire. Maintenant, nous pouvons assister à l'ultime confrontation dans le dernier épisode.

De même, donner toute l'information dans l'acte Trois n'est pas bon non plus car vous aurez posé tant de questionnements dans l'esprit de vos lecteurs et lectrices qu'ils seront incapables de lier les explications aux événements et se sentiront frustrés.

Les étapes d'un développement

Un développement est un mouvement global. Représentons-nous une ligne (à la fois espace et temps, nous sommes dans l'abstrait).

Le long de cette ligne, vous avez des repères. Entre chaque repère, il y a un espace qui est une durée. Considérons maintenant l'espace de l'intrigue (c'est-à-dire l'acte Deux). Si vous divisez cet espace en quatre durées, dans chacune de celles-ci, vous donnez une information et une seule. En somme, vous organisez votre intrigue en distribuant l'information.

En répartissant l'information, vous nourrissez le doute chez vos lecteurs et vos lectrices. Mais n'attendez pas la fin de votre récit pour les soulager. Lorsque vous révélez une nouvelle information, répondez aux questionnements précédents. Vous pourriez même donner de fausses informations tant qu'ils peuvent tirer des conclusions et lorsque vous leur révélerez la vérité, vous créerez un effet de surprise qui ne peut être que bénéfique.

Donnez des indices ici et là mais rien de si déterminant que les lecteurs découvrent la fin bien avant que l'auteur ne le veuille. De temps en temps, il y aura un indice de ce qu'il arrivera, mais rien d'assez précis pour que le lecteur/spectateur puisse tout deviner avant la fin.

Tous commentaires et dons sont les bienvenus. Merci