Kajillionaire

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Universal Pictures pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Kajillionaire » de Miranda July.

« Plus je déjoue le système, mieux je me porte »

Theresa et Robert ont passé 26 ans à former leur fille unique, Old Dolio, à escroquer, arnaquer et voler à chaque occasion. Au cours d’un cambriolage conçu à la hâte, ils proposent à une jolie inconnue ingénue, Mélanie, de les rejoindre, bouleversant complètement la routine d’Old Dolio.

« En quoi ce sont tes parents ? »

Figure du cinéma indépendant américain et habituée du Festival de Sundance (dont elle est un pur produit), Miranda July s’était fait remarquer du public dès son premier film, « Moi, toi et tous les autres » (2005) pour lequel elle avait notamment obtenu la Caméra d’or et le Grand prix de la semaine de la critique au Festival de Cannes. S’en était suivi un deuxième long-métrage, « The future » (2011), dans lequel elle affirmait son style et son goût pour les histoires décalées. Avant de disparaitre littéralement de la circulation. Comme si la jeune cinéaste s’était évaporée du jour au lendemain. Et pour cause, cette artiste multiple et polymorphe a souhaité prendre le temps de développer d’autres projets, touchant aussi bien à la peinture qu’à la musique ou encore à l’écriture. Après dix années d’absence au cinéma, elle nous revient avec « Kajillionaire », son troisième long-métrage.

« Le bonheur découle beaucoup des petites choses »

Un film qui lui permet de renouer avec les ambiances bizarres et les personnages de marginaux décalés. On y suit ainsi une famille d’asociaux obsédés par l’appât de gains le plus souvent minables et vivant de petites combines médiocres : vol de colis, concours internet, arnaques à l’assurance. Un mode de vie auquel ils ont conditionné leur fille dès son plus jeune âge, la façonnant pour en faire l’exécutrice de leurs plans les plus improbables. Mais très vite, l’intrusion inopinée d’un quatrième larron viendra mettre à mal l’équilibre déjà précaire du trio. On comprend dès lors que la réalisatrice, un rien roublarde, nous mène gentiment en bateau et que son étrange intrigue n’est qu’un prétexte pour évoquer les dérives de la société américaine, au sein de laquelle le consumérisme et le matérialisme ont parfois tendance à occulter les valeurs plus importantes que sont la famille et l’amour filial. Si l’ensemble se révèle le plus souvent, de par sa douce folie, plutôt drôle, le film sait aussi se faire plus mélancolique et sensible - notamment lors d’une séquence assez fine au cours de laquelle les personnages jouent à la famille modèle pour satisfaire le vieil homme mourant qu’ils espèrent dévaliser – jusque dans son expiatoire au cours duquel l’héroïne parviendra à se libérer et à s’émanciper de l’autorité et de l’emprise de parents manipulateurs et égoïstes. Film sur l’incommunicabilité, « Kajillionaire » se révèle au final très touchant. En faisant fi de ses affèteries et de ses tics inhérents au cinéma indépendant américain actuel (personnages d’inadaptés chroniques, sensibilité exacerbée, esthétisme pop et situations parfois artificielles), on pourrait même qualifier le film de bonne surprise. D’autant plus que le couple formé par Richard Jenkins et la trop rare Debra Winger se révèle affreusement jouissif.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.

Édité par Universal Pictures, « Kajillionaire » est disponible en DVD depuis le 1er juin 2021.

Le site Internet de Universal Pictures est ici. Sa page Facebook est ici.