Voilà un énième western spaghetti, mais pas des moindres puisqu'il sort à une époque où le genre est déjà en déclin et qu'il est considéré comme le dernier succès du genre avec derrière une équipe habituée du genre. L'idée du film vient du producteur Manolo Bolognini (frère du célèbre réalisateur Mauro Bolognini) qui a déjà produit quelques titres majeurs du genre avec (1966) de Sergio Corbucci ou "Trinita, Prépare ton Cercueil" (1968) de Ferdinando Baldi, puis du réalisateur Enzo G. Castellari, lui-même pas un débutant avec les films "Je vais, je Tire et je Reviens" (1967), "Django porte sa Croix" (1968), "Tuez-les Tous... Et Revenez Seul !" (1968) et "Une Poignée de Salopards" (1977). Castellari co-signe le scénario avec deux autres, Nino Ducci qui a signé "Matalo" (1970) de Cesare Canevari avec Mino Roli qu'il retrouve ici, ce dernier étant connu aussi et surtout pour "Mon Nom est Trinita" (1974) et sa suite "Si ce n'est Toi, C'est donc ton Frère" (1975) tous deux de Ferdinando Baldi, puis George Eastman devenu scénariste après avoir été une gueule récurrente devant la caméra dans les spaghetti comme "Django tire le Premier" (1966) de Alberto De Martino, "Django, Prépare ton Cercueil" (1968) de Ferdinando Baldi ou encore "La Colline des Bottes" (1969) de Giuseppe Colizzi... Après la guerre de Sécession, un métis revient dans le village de son enfance où il avait été recueilli par un père aimant mais qui avait déjà trois fils qui ne l'ont jamais accepté. Mais quand il arrive il constate que la région est touché par la peste et que celui qui commande est un riche propriétaire qui a justement engagé ses trois frères. La solution mise en place sur décision de cet homme riche est d'enfermer les victimes dans une sorte de camp, ce qui ne plaît pas du tout à Keoma dont le sens de la liberté est particulièrement aigu...
Le rôle titre revient à Franco Nero qui a marqué le genre d'entrée en incarnant "Django" (1966) de Sergio Corbucci et en devenant un des 2-3 acteurs phares du genre avec aussi "Le Mercenaire" (1968) de Sergio Corbucci et "L'Homme, l'Orgueil et la Vengeance" (1968) de Luigi Bazzoni ; rappelons qu'il fait un caméo remarqué dans "Django Unchained" (2012) de Quentin Tarantino. Dans une second rôle on remarque l'excellent Woody Strode celèbre "Le Sergent Noir" (1960) de John Ford, vu maintes fois dans des westerns même pour un caméo dans le cultissime "Il Etait une Fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone et en tâtant déjà du spaghetti avec "Trinita va tout casser" (1969) de Giuseppe Colizzi. Le père est interprété par William Berger vu dans de nombreux spaghettis comme "Le Dernier Face à face" (1967) de Sergio Sollima et (1969) de Gianfranco Parolini, parmi les fils citons Joshua Sinclair qu'on reverra dans "Treize Femmes pour Casanova" (1977) de Franz Antel et "Lili Marleen" (1981) de Rainer Werner Fassbinder, puis Orso Maria Guerrini aperçu dans (1970) de Sergueï Bondarchuk, vu dans "Brigade Spéciale" (1976) de Umberto Lenzi et "Big Racket" (1976) de Enzo G. Castellari. Citons encore des personnages joués par Donald O'Brien vu dans des spaghettis dont "Saludos Hombre" (1968) de Sergio Sollima et "Les Quatre de l'Apocalypse" (1975) de Lucio Fulci, Alfio Caltabiano vu dans "Le Colosse de Rhodes" (1961) de Sergio Leone et "L'Armée Brancaleone" (1966) de Mario Monicelli, et enfin un des rares atout charme avec Olga Karlatos vue auparavant dans "Paulina 1880" (1972) de Jean-Louis Bertuccelli et "Gloria Mundi" (1976) de Nikos Papatakis...
Keoma nous est présenté très vite avec un look façon Rahan du far-west qui vaut surtout pour le regard bleu acier de Franco Nero, toujours un temps d'adaptation dans ces cas très répandu dans le western où un héros peau-rouge est blond aux yeux bleus. Mais ce qui laisse perplexe c'est bien la Peste ! Plutôt anachronique et involontairement drôle, cette idée frôle le grotesque. Néanmoins c'est le petit plus d'originalité de ce film qui reprend surtout les grands ingrédients qui ont fait la gloire du spaghetti avec un scénario archi éculé bien qu'efficace. Efficace surtout grâce à cette automatisme du flash-back qui permet d'émouvoir (très légèrement !) quant à l'enfance de Keoma et de son lien avec son père adoptif. Le film manque surtout de subtilité avec les trois fils/demi-frères qui n'ont pas la moindre once d'humanité et/ou de sentiments même quand il s'agit de leur père, par là même le père n'a jamais un égard pour ses "vrais" fils. Trop caricatural pour convaincre. La mise en scène de Castellari est plutôt inventive dans l'ensemble avec des cadrages qui permettent d'attiser l'intérêt, malheureusement il abuse des ralentis à des moments inopportuns, ou plutôt sans intérêt réel en le mettant en pratique essentiellement pour les hommes abattus qui tombent donc au ralenti, un peu plus et il y manquerait de grands râles de douleur ! En conclusion cet ultime spaghetti sent surtout le réchauffé, pas catastrophique mais peu attrayant et assurément très surestimé.