Après une petite accalmie nécrologique, l'été débute à l'image de son climat actuel avec la mort du producteur-réalisateur Richard Donner ce 5 juillet 2021 à l'âge de 91 ans.

Né en 1930 à New-York, Richard Donald Schwartzberg est né d'un père qui tient une petite fabrique de meubles. Après une enfance assez classique il poursuit des études commerciales et en parallèle il suit des cours de théâtre à l'université étant d'abord attiré par le jeu d'acteur. Il tente donc l'actorat en débutant dans des pièces expérimentales puis obtient un petit rôle dans un épisode da la série "Somerset Maugham" (1951) signé du réalisateur Martin Ritt. Mais très vite tous, et surtout lui-même, constate que son talent d'acteur n'est pas très flagrant. Martin Ritt entre autre le pousse alors à s'essayer à la réalisation et réalise des épisodes pour plusieurs séries TV parmi lesquelles "Au Nom de la Loi" (1960-1961), "L'Homme à la Carabine" (1962), "La Quatrième Dimension" (163-1964), "Des Agents très Spéciaux" (1964), "Les Mystères de l'Ouest" (1966)... Et ce très régulièrement jusqu'en 1975...

Entre temps pourtant il tente sa chance au cinéma. Il réalise son premier long métrage avec "X-15" (1961) sur les premiers essais d'un avion-fusée avec Charles Bronson, puis après le court métrage "Philbert (Three's Crowd)" (1963) il revient avec son second long "Sel, Poivre et Dynamite" (1968 - ci-dessous) une comédie avec deux membres du célèbre Rat pack Sammy Davis Jr. et Peter Lawford.

Le réalisateur retrouve Bronson pour "L'Ange et le Démon" (1970) avant de connaître son premier grand succès et sa première reconnaissance internationale avec le film d'horreur "La Malédiction" (1976 - ci-dessous) avec Grégory Peck et Lee Remick en proie avec leur enfant adopté qui va s'avérer être l'Antichrist. Le film est un succès énorme, amassant rien que sur le sol américain près de 30 fois la mise !

Grâce à ce succès le réalisateur est choisit pour réaliser "Superman" (1978) avec Christopher Reeve, Gene Hackman et Marlon Brando, première superproduction sur un super-héros. Avec ce film le cinéaste obtient un second succès d'envergure avec plus de 300 millions de dollars au box-office mondial pour un budget de 55 millions (sommes énormes pour l'époque).

Désormais un réalisateur renommé et reconnu Richard Donner revient avec un film plus intimiste avec "Rendez-Vous chez Max's" (1980) sur un homme qui se retrouve fortement handicapé suite à un suicide râté et qui trouve un bar où les clients sont tous handicapés. Il signe ensuite avec "Le Jouet" (1982), remake du film français "Le Jouet" (1976) de Francis Veber, qui sera démoli par la critique et qui traîne notamment une forte réputation de racisme. Malgré un demi-succès au box-office ce film laisse un goût amer.

Malgré ses deux précédents films plutôt décevants le cinéaste revient en force avec deux films coup sur coup. D'abord avec le film de fantasy médiéval "Ladyhawke" (1985 - ci-dessus) avec Rutger Hauer et Michelle Pfeiffer qui est malheureusement un échec cuisant au box-office mais qui demeure pourtant un film très surestimé qui mérite qu'on s'y attarde. Il enchaîne donc avec le film d'aventure façon teen-movie (1985 - ci-dessous avec Spielberg en croquemitaine !) en collaboration avec Steven Spielberg (assistant et histoire originale) qui lance les carrières d'une jeune génération d'acteurs comme Sean Astin, Josh Brolin ou Corey Feldman. Cette fois le succès est au rendez-vous à tel point qu'il permet de compenser aisément les pertes de "Ladyhawke". "Les Goonies" devient un film culte et générationnel.

Richard Donner signe ensuite le buddy-movie "L'Arme Fatale" (1987 - ci-dessous) avec Mel Gibson et Danny Glover dont le succès donne ses lettres de noblesse au genre. Enorme succès le film devient le maître-étalon du genre, maintes fois copiés jamais égalés, avec en prime une parodie "L'Alarme Fatale" (1993) de Gene Quintano et surtout ouvre la voie à une suite.

Après l'intermède "Fantômes en Fête" (1988) un film de Noël, le réalisateur revient logiquement avec son équipe pour la suite "L'Arme Fatale 2" (1989) toujours avec son duo de stars et un nouveau protagoniste joué par Joey Pesci. Le film est un succès encore plus important que l'original et se place sur le podium de l'année après "Batman" (1989) de Tim Burton et "Indiana Jones et la Dernière Croisade" (1989) de Steven Spielberg.

Le réalisateur revient avec un film sur l'enfance un peu plus dramatique cette fois avec "Le Rêve de Bobby" (1991) puis revient toujours la même équipe gagnante pour clore la trilogie avec "L'Arme Fatale" 3" (1992 - ci-dessous) qui s'offre le joli exploit d'être un succès mondial qui surpasse les deux premiers (sauf aux Etats-Unis où le n°2 est encore au-dessus). Le fait que les films remporte de plus en plus de succès est un cas inédit qui fait qu'un n°4 non prévu devient soudain une opportunité...

L'entente entre le réalisateur et sa star Mel Gibson est telle que les deux hommes décident d'explorer d'autres univers. Ainsi ils se retrouvent pour le western sur fond de poker "Maverick" (1994 - ci-dessous) avec aussi Jodie Foster et James Garner, ce dernier incarnait le héros dans lé série TV adaptée en 1957. Le succès est plus mesuré mais suffit pour retenter une seconde collaboration. Après l'échec de "Assassins" (1995) avec Sylvester Stallone et Antonio Banderas le réalisateur retrouve donc Mal Gibson pour le thriller (1996) avec également Julia Roberts qui va malheureusement obtenir le box-office le plus décevant du duo.

Malgré tout, le temps fait son office et Richard Donner accepte de poursuivre l'aventure avec "L'Arme Fatale 4" (1998 - ci-dessous avec ses deux acteurs vedettes) dont l'idée de base se focalise sur l'âge des héros qui se font tout logiquement vieux. Le film est toujours doté de son casting impeccable avec en prime la star chinoise Jet Li en méchant. Mais cette fois le succès est plus mitigé avec "seulement" 285 millions de dollars au box-office Monde, surtout avec un budget bien supérieur aux précédents opus (140 millions). Donner et Gibson ne tourneront plus de films ensemble.

Richard Donner semble alors prendre un peu de recul et ne revient qu'avec "Prisonniers du Temps" (2003 - ci-dessous sur le tournage). Mais le succès semble ne plus vouloir venir et ce film est un échec malgré la présence de Paul Walker, la star de "Fast and Furious" (2001) de Rob Cohen.

Le réalisateur signe ensuite son dernier film, le film d'action "16 Blocs" (2006 - ci-dessous) avec la star Bruce Willis dans un histoire en temps réel qui va être également un échec malgré un film d'action efficace à défaut de marquer les esprits.

2006 est aussi l'année de la sortie en vidéo de "Superman 2 : the Richard Donner Cut", soit sa version de "Superman 2" (1980) de Richard Lester. Les fans ayant toujours appuyé le fait que Lester avait massacrer cet opus après que Donner ait été remplacé sur cette suite. Après des années, Warner autorisa donc une version vidéo où Richard Donner offre sa version d'après ses idées originales.

Outre la réalisation Richard Donner est également producteur, de la plupart de ses films mais aussi de la série TV "les Contes de la Crypte" (1989-1996) avec ses amis Joel Silver, Walter Hill et Robert Zemeckis, et il est également derrière les films "X-Men" (2000) et "X-Men : Days of Future Past" (2014) tous deux de Bryan Singer, ainsi que de "Speed Racer" (2008) des Wachowski.

Richard Donner aura marqué son époque par plusieurs films à succès qui ont traversé les générations et dont les succès ont inspiré bien d'autres cinéastes.

Richard Donner est mort ce lundi 5 juillet 2021 à l'âge de 91 ans.